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Le réalisateur Christophe Ruggia va connaître la décision du tribunal judiciaire de Paris ce lundi 3 février. Il est accusé d'avoir agressé sexuellement l'actrice Adèle Haenel,
alors mineure. Le parquet a requis cinq ans de prison, dont deux ferme, contre le réalisateur. Un dénouement attendu. Ce lundi 3 février, le réalisateur Christophe Ruggia, accusé par Adèle
Haenel d'agressions sexuelles, va connaître la décision du tribunal judiciaire dans cette affaire devenue symbole du #Metoo du cinéma français. Le 10 décembre dernier, après deux jours
d'audience, l'accusation a requis cinq ans de prison, dont deux ferme aménagés sous bracelet électronique, à l'encontre du réalisateur, jugé pour des agressions sexuelles sur
Adèle Haenel, âgée à l'époque des faits entre 12 et 14 ans. La justice s'était saisie de l'affaire en 2019, après une enquête de Mediapart sur les faits dénoncés par
l'actrice, qui s'est depuis mise en retrait du cinéma. LE RÉALISATEUR ACCUSÉ D'AGRESSIONS SEXUELLES SUR MINEURE Adèle Haenel a fait ses débuts dans le film _Les Diables_, de
Christophe Ruggia. Elle avait alors 11 ans au moment du casting et 12 ans pendant le tournage, à l'été 2001. Le film, qui raconte la fugue perpétuelle d'un frère et d'une sœur
abandonnés à la naissance, une histoire qui devient incestueuse, avait mis une bonne partie de l'équipe "mal à l'aise" lors du tournage. Après le tournage, Adèle Haenel,
alors en classe de quatrième, se rendait les samedis après-midi chez Christophe Ruggia. C'est là, d'après la comédienne, QU'ELLE AVAIT ÉTÉ LA CIBLE D'AGRESSIONS
SEXUELLES. Selon le récit qu'elle en avait fait aux enquêteurs, les faits s'étaient déroulés toujours de la même manière. Christophe Ruggia proposait à Adèle Haenel de
s'asseoir sur le canapé. Il lui servait toujours le même goûter puis il venait s'asseoir à côté d'elle et se rapprochait de plus en plus. Toujours d'après son récit, il
commençait par lui caresser les cuisses avant de remonter "l'air de rien" puis de lui toucher le sexe ou la poitrine. La comédienne a toujours indiqué qu'elle
n'avait dénoncé que ce dont elle était "absolument certaine". Elle n'exclut pas qu'il se soit passé d'autres choses qu'elle aurait occultées de sa mémoire.
"FERME TA GUEULE" Depuis le début, le réalisateur conteste les faits qui lui sont reprochés. Au tribunal, en décembre dernier, Adèle Haenel avait laissé exploser sa colère après
les pénibles tentatives de défense du réalisateur. "Mais ferme ta gueule! Ta gueule!", avait-elle hurlé au réalisateur qui se trouvait alors à la barre avant de se lever et de
quitter la salle. Longuement interrogée, Adèle Haenel avait confié que depuis cela, une "béance" s'était ouverte en elle. L'actrice avait poursuivi sa déclaration en
évoquant le témoignage de Véronique Ruggia, la sœur du réalisateur. Celle-ci, qui avait recueilli les confidences d'Adèle Haenel en 2010, avait dit "soutenir" la jeune femme,
tout en rappelant "la déchéance de son frère", rejeté avec "violence" par le milieu du cinéma. L'actrice disait alors la comprendre, mais avait rappelé
qu'"agresser des enfants, ça a des conséquences." "Tout le monde me demande de pleurer sur le sort de M. Ruggia. Mais qui s'est soucié de l'enfant? Agresser des
enfants comme ça, ça ne se fait pas. Ça a des conséquences. Personne n'a aidé cette enfant", avait-elle ajouté la voix tremblante. IL ÉVOQUE SES TENTATIVES POUR
"PROTÉGER" L'ACTRICE Interrogé par le tribunal, Christophe Ruggia avait de son côté évoqué ses tentatives pour "protéger" l'actrice, alors enfant. Il avait dit
qu'à l'époque il lui avait proposé de prendre un pseudonyme, notamment pour affronter le collège où elle faisait l'objet de moqueries. Une vision qui avait alors provoqué la
colère d'Adèle Haenel, qui a explosé en invectivant le réalisateur. Charlotte Lesage