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Quelques clics, 9 euros… Et trois minutes plus tard, vous obtenez un arrêt de travail. Le site Stop Travail se vantait d’avoir 1 million d’utilisateurs et plus de 200 médecins référencés.
Seul problème, tout était faux et l’identité des praticiens était usurpée. L’escroquerie a été montée par un jeune Landais de 22 ans qui a empoché 280 000 euros en délivrant quelque 25 000
arrêts de travail. Il a été mis en examen et le site a été fermé début 2025. Mais d’autres arnaques de ce type pullulent sur le web… Rien qu’en 2024, l’Assurance maladie a détecté pour 30
millions d’euros de fraudes aux arrêts de travail. Un montant en hausse de 275 % par rapport à 2023 où il atteignait 8 millions d’euros ! _« C’est du shopping en ligne pour des arrêts de
travail,_ déplore Fabien Badinier, directeur du contrôle et de la lutte contre les fraudes à la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam). _Nous faisons tout pour y mettre fin. »_ La
chasse aux faux arrêts maladie se mène sur tous les fronts. A partir du mois de juin, un nouveau format d’arrêt de travail papier sera mis en circulation, qui inclura des éléments
infalsifiables, comme des hologrammes. En parallèle, la Cnam a considérablement augmenté le nombre de contrôles administratifs sur toute demande d’indemnités suspecte. Quant à la durée d’un
arrêt de travail prescrit à la suite d’une téléconsultation, elle a été limitée à trois jours. Afin de mettre fin aux abus observés depuis la généralisation des téléconsultations après
l’épidémie de Covid. Et les limiers de l’Assurance maladie doivent en permanence s’adapter à l’inventivité des malfaiteurs. Depuis deux ans, ils voient sur les réseaux sociaux se développer
la vente de kits clés en main visant à gonfler artificiellement les indemnités perçues par les faux malades. La technique : en plus des arrêts de travail, ces kits proposent des bulletins de
paie falsifiés indiquant des rémunérations très élevées afin de maximiser les montants des indemnités versées par la Sécurité sociale. L’arnaque a coûté la bagatelle de 42 millions d’euros
à l’Assurance maladie en 2024, contre 17 millions en 2023. Soit un bond de 147 % en un an ! Face à ces vastes opérations de détournement des remboursements de la Sécu, la Cnam a sorti les
grands moyens. En 2023, 60 postes d’enquêteurs judiciaires ont été créés, ayant pour mission d’identifier les escrocs. Les informations obtenues sont ensuite transmises à l’Office central de
lutte contre le travail illégal (OCLTI) qui procède, le cas échéant, aux interpellations. Résultat, les poursuites judiciaires à l’encontre des fraudeurs grimpent en flèche, avec près de 8
400 procédures pénales et 7 000 pénalités financières en 2024.