Laurent grasso, artiste : lumière sur l’invisible

Laurent grasso, artiste : lumière sur l’invisible

Play all audios:

Loading...

Aperçue chaque jour par plusieurs centaines de milliers d’automobilistes, _Solar Wind_ est peut-être l’œuvre d’art contemporaine la plus vue en France. C’est aussi l’une des plus monumentales. Tous les soirs, depuis 2016, en bordure du périphérique parisien, entre les portes d’Ivry et de Bercy, deux silos à ciment de 40 mètres de hauteur s’illuminent des couleurs de l’arc-en-ciel. Projetées sur leurs parois, des ondes lumineuses créent l’illusion d’une aurore boréale dans le ciel de Paris. Loin d’être aléatoires, leurs mouvements et leurs variations d’intensité expriment avec exactitude l’activité magnétique du Soleil, grâce à des données fournies par le Centre national d’études spatiales (Cnes). _« Nous avons mis au point un langage virtuel qui permet de transcrire en variations de couleurs l’activité solaire et la météorologie de l’espace,_ explique le concepteur du projet, Laurent Grasso. _Lorsqu’il y a une tempête magnétique, par exemple, les teintes deviennent plus vives. L’œuvre n’est pas seulement décorative. Elle joue sur notre peur d’un phénomène imprévisible qui peut soudain mettre en panne toutes nos installations électriques. »_ _Solar Wind_ illustre la démarche de l’artiste, poétique et fictionnelle, mais toujours fondée sur des faits scientifiques, politiques ou historiques. DES UNIVERS DYSTOPIQUES FAITS POUR DÉSORIENTER Les œuvres de Laurent Grasso renvoient le plus souvent aux menaces, naturelles ou artificielles, qui alimentent nos paranoïas contemporaines. Dès 2007, il réalise la maquette imaginaire d’une base Echelon, le réseau américain d’écoutes top secret, anticipant notre époque de surveillance généralisée. _« Ce qui était de l’ordre de la fiction est devenu notre quotidien, c’est ça qui est effrayant »,_ note-t-il. Ses univers dystopiques sont conçus pour désorienter le spectateur, _« le confronter à quelque chose qu’il n’a pas l’habitude de voir »._ Dans le film _Soleil double_, tourné en 2014 dans le quartier mussolinien de l’EUR, à Rome, un deuxième Soleil renforce la sensation angoissante que suscite l’architecture totalitaire. Dans _Studies into the Past_, série de dessins et d’huiles sur bois dans le style de la Renaissance, d’inquiétants phénomènes – nuages de fumée, éclipses ou météorites – font irruption dans des scènes du XVe ou du XVIe siècle. Même dans le salon doré de l’Elysée, où l’artiste a obtenu en 2016 l’autorisation exceptionnelle de filmer, des détails incongrus – une sacoche de cuir noir ou de petites voitures de collection – ajoutent une note mystérieuse aux ors du pouvoir. Depuis plus de vingt ans, Laurent Grasso poursuit les mêmes obsessions, les mêmes réflexions, sans jamais se répéter pour autant. _« Chaque projet est un nouveau chapitre qui raconte une nouvelle histoire »,_ dit-il. Films, installations, tableaux, sculptures, néons : les supports les plus divers sont utilisés. Par ailleurs, il n’hésite pas à s’exprimer hors du champ artistique, notamment en collaborant avec des marques de luxe. _« Je veux parler au plus grand nombre et, pour cela, j’utilise tous les relais »,_ explique-t-il. DES IMPRIMÉS POUR LOUIS VUITTON Pour Bulgari, à l’automne 2024, il crée le décor d’une montre en édition limitée dont le cadran s’habille d’un nuage iridescent, un des leitmotivs de son œuvre. La même saison, plusieurs peintures de _Studies into the Past_ deviennent des imprimés utilisés par Nicolas Ghesquière pour la collection printemps-été 2025 de Louis Vuitton. Trois nouvelles œuvres de cette série sont reprises pour servir de fond aux visuels de la campagne de publicité : au-dessus de paysages paradisiaques, inspirés des tableaux du peintre américain du XIXe siècle Frederic Edwin Church, plane un rectangle noir, mystérieux et menaçant. La pratique plurielle de Laurent Grasso s’est imposée à lui dès ses études. Elève de l’Ecole des beaux-arts de Paris, diplômé en 2001, il complète sa formation à la Cooper Union for the Advancement of Science and Art à New York, où il reçoit notamment l’enseignement de l’artiste pluridisciplinaire allemand Hans Haacke, puis à la Central Saint Martins de Londres, école d’art mais aussi de mode. Il poursuit ses études au Fresnoy-Studio national des arts contemporains, à Tourcoing (Nord). _« J’y ai appris comment organiser la production d’un film et j’ai appliqué cette manière de travailler dans le cinéma à ma pratique artistique, qui est une pratique collective »,_ explique-t-il. SES VIDÉOS SONT DES « VOYAGES SENSORIELS » L’essentiel de son travail s’accomplit dans son « studio de création » du XIVe arrondissement de Paris où l’artiste emploie une petite dizaine de collaborateurs. _« Nous faisons tout sur ordinateur, nous y passons beaucoup de temps,_ observe-t-il. _Nous y dessinons toutes les œuvres et nous simulons en 3D l’espace de chaque exposition. Les peintures sont ensuite réalisées dans un autre atelier à Paris, et les sculptures, par des fonderies en Italie. En général, chaque projet commence par un film que nous déclinons plus tard à travers des peintures et des sculptures. »_ La carrière de l’artiste est jalonnée de vidéos spectaculaires qui sont autant de _« voyages sensoriels »,_ selon son expression. En 2021, le film _Artificialis _est projeté sur un écran LED monumental dans la grande nef du musée d’Orsay. Sur une musique hypnotique composée par Warren Ellis, des images provenant de sources diverses montrent un monde où le réel et le virtuel se superposent, sans que l’on puisse distinguer l’un de l’autre. L’ARTISTE EST ATTIRÉ PAR LES « LIEUX OÙ SOUFFLE L’ESPRIT » Pour _Anima_, exposition présentée en 2022 dans la nef cistercienne du Collège des Bernardins, à Paris, Laurent Grasso est allé filmer sur le mont Sainte-Odile, en Alsace, dont il est originaire. Baptisé du nom d’une sainte du Moyen Age qui y aurait recouvré miraculeusement la vue, le mont est célèbre pour son sanctuaire, où se pratique l’adoration perpétuelle. On y trouve aussi un « mur païen » de 11 kilomètres de longueur, dont l’origine demeure énigmatique. Accompagné de théologiens, l’artiste y rencontre des géobiologistes, pratiquants d’une pseudoscience visant à identifier les flux d’énergie dans la nature. Ils lui inspirent un film où la forêt semble être animée de forces occultes. Les arbres et les rochers, où passent des ombres furtives et où s’allument de mystérieux feux, provoquent l’impression d’« inquiétante étrangeté » décrite par Freud, le sentiment d’une nature familière et angoissante. Laurent Grasso est attiré par tous les _« lieux où souffle l’esprit »,_ selon la formule célèbre de Maurice Barrès. En 2024, il investit les ruines de l’abbaye bénédictine de Jumièges, en Seine-Maritime, à l’occasion de l’exposition _Clouds Theory_. Pour matérialiser son histoire, traversée de désastres – invasions, séismes, inondations, incendies –, il colle des flammes en néon sur les murs et dépose sur le sol des nuages de cuivre, comme s’ils étaient tombés du ciel. Dans le bâtiment, un autre nuage figure sur une tapisserie d’Aubusson réalisée par la manufacture Robert Four d’après son « carton ». Dans une ville de la fin du Moyen Age, qu’aurait pu peindre l’Italien Andrea Mantegna, il apparaît en suspension, surnaturel et menaçant. Des nuages passeront aussi dans le ciel de la future gare de Châtillon-Montrouge, dans les Hauts-de-Seine, un des projets artistiques réalisés le long du tracé du réseau Grand Paris Express. Sur le plafond de 800 mètres carrés de l’édifice, composé de 2 750 lames métalliques plissées, l’artiste reconstituera une voûte céleste en trompe-l’œil, dans la tradition des plafonds peints de la Renaissance. A l’époque, selon l’historien de l’art Hubert Damisch, le nuage symbolisait le passage entre le ciel et la terre. Pour Laurent Grasso, à l’ère du changement climatique, peut-être figure-t-il le lien, plus menaçant, qui relie le visible à l’invisible. Où voir son œuvre Galerie Perrotin Matignon, 2 bis, avenue Matignon, Paris VIIIe, jusqu’au 26 juillet Expos _Apocalypse_ (exposition collective), Bibliothèque nationale de France, jusqu’au 8 juin _Météorites, entre ciel et terre_ (exposition collective), Musées de Troyes, jusqu’au 31 août _Quête d’infinis_ (exposition collective), Abbaye Saint-Germain, Auxerre, jusqu’au 2 novembre _Copistes_ (exposition collective), Centre Pompidou Metz (en collaboration avec le Louvre), du 14 juin 2025 au 25 janvier 2026 _Topologies of the Real_ (exposition collective), MICA Art Museum, Changsha City, Chine, jusqu’au 15 juin _Laurent Grasso_ (solo show), Heredium, Daejeon, Corée du Sud, août 2025 _Laurent Grasso_ (solo show), Perrotin, Londres, Royaume-Uni, octobre 2025 Livre _Laurent Grasso : Time Travel_, Laurent Grasso, Arnauld Pierre, Denise Markonish, éd. Rizzoli Electa, 256 pages, 82 euros Lire aussi

Aperçue chaque jour par plusieurs centaines de milliers d’automobilistes, _Solar Wind_ est peut-être l’œuvre d’art contemporaine la plus vue en France. C’est aussi l’une des plus


monumentales. Tous les soirs, depuis 2016, en bordure du périphérique parisien, entre les portes d’Ivry et de Bercy, deux silos à ciment de 40 mètres de hauteur s’illuminent des couleurs de


l’arc-en-ciel. Projetées sur leurs parois, des ondes lumineuses créent l’illusion d’une aurore boréale dans le ciel de Paris. Loin d’être aléatoires, leurs mouvements et leurs variations


d’intensité expriment avec exactitude l’activité magnétique du Soleil, grâce à des données fournies par le Centre national d’études spatiales (Cnes). _« Nous avons mis au point un langage


virtuel qui permet de transcrire en variations de couleurs l’activité solaire et la météorologie de l’espace,_ explique le concepteur du projet, Laurent Grasso. _Lorsqu’il y a une tempête


magnétique, par exemple, les teintes deviennent plus vives. L’œuvre n’est pas seulement décorative. Elle joue sur notre peur d’un phénomène imprévisible qui peut soudain mettre en panne


toutes nos installations électriques. »_ _Solar Wind_ illustre la démarche de l’artiste, poétique et fictionnelle, mais toujours fondée sur des faits scientifiques, politiques ou


historiques. DES UNIVERS DYSTOPIQUES FAITS POUR DÉSORIENTER Les œuvres de Laurent Grasso renvoient le plus souvent aux menaces, naturelles ou artificielles, qui alimentent nos paranoïas


contemporaines. Dès 2007, il réalise la maquette imaginaire d’une base Echelon, le réseau américain d’écoutes top secret, anticipant notre époque de surveillance généralisée. _« Ce qui était


de l’ordre de la fiction est devenu notre quotidien, c’est ça qui est effrayant »,_ note-t-il. Ses univers dystopiques sont conçus pour désorienter le spectateur, _« le confronter à quelque


chose qu’il n’a pas l’habitude de voir »._ Dans le film _Soleil double_, tourné en 2014 dans le quartier mussolinien de l’EUR, à Rome, un deuxième Soleil renforce la sensation angoissante


que suscite l’architecture totalitaire. Dans _Studies into the Past_, série de dessins et d’huiles sur bois dans le style de la Renaissance, d’inquiétants phénomènes – nuages de fumée,


éclipses ou météorites – font irruption dans des scènes du XVe ou du XVIe siècle. Même dans le salon doré de l’Elysée, où l’artiste a obtenu en 2016 l’autorisation exceptionnelle de filmer,


des détails incongrus – une sacoche de cuir noir ou de petites voitures de collection – ajoutent une note mystérieuse aux ors du pouvoir. Depuis plus de vingt ans, Laurent Grasso poursuit


les mêmes obsessions, les mêmes réflexions, sans jamais se répéter pour autant. _« Chaque projet est un nouveau chapitre qui raconte une nouvelle histoire »,_ dit-il. Films, installations,


tableaux, sculptures, néons : les supports les plus divers sont utilisés. Par ailleurs, il n’hésite pas à s’exprimer hors du champ artistique, notamment en collaborant avec des marques de


luxe. _« Je veux parler au plus grand nombre et, pour cela, j’utilise tous les relais »,_ explique-t-il. DES IMPRIMÉS POUR LOUIS VUITTON Pour Bulgari, à l’automne 2024, il crée le décor


d’une montre en édition limitée dont le cadran s’habille d’un nuage iridescent, un des leitmotivs de son œuvre. La même saison, plusieurs peintures de _Studies into the Past_ deviennent des


imprimés utilisés par Nicolas Ghesquière pour la collection printemps-été 2025 de Louis Vuitton. Trois nouvelles œuvres de cette série sont reprises pour servir de fond aux visuels de la


campagne de publicité : au-dessus de paysages paradisiaques, inspirés des tableaux du peintre américain du XIXe siècle Frederic Edwin Church, plane un rectangle noir, mystérieux et menaçant.


La pratique plurielle de Laurent Grasso s’est imposée à lui dès ses études. Elève de l’Ecole des beaux-arts de Paris, diplômé en 2001, il complète sa formation à la Cooper Union for the


Advancement of Science and Art à New York, où il reçoit notamment l’enseignement de l’artiste pluridisciplinaire allemand Hans Haacke, puis à la Central Saint Martins de Londres, école d’art


mais aussi de mode. Il poursuit ses études au Fresnoy-Studio national des arts contemporains, à Tourcoing (Nord). _« J’y ai appris comment organiser la production d’un film et j’ai appliqué


cette manière de travailler dans le cinéma à ma pratique artistique, qui est une pratique collective »,_ explique-t-il. SES VIDÉOS SONT DES « VOYAGES SENSORIELS » L’essentiel de son travail


s’accomplit dans son « studio de création » du XIVe arrondissement de Paris où l’artiste emploie une petite dizaine de collaborateurs. _« Nous faisons tout sur ordinateur, nous y passons


beaucoup de temps,_ observe-t-il. _Nous y dessinons toutes les œuvres et nous simulons en 3D l’espace de chaque exposition. Les peintures sont ensuite réalisées dans un autre atelier à


Paris, et les sculptures, par des fonderies en Italie. En général, chaque projet commence par un film que nous déclinons plus tard à travers des peintures et des sculptures. »_ La carrière


de l’artiste est jalonnée de vidéos spectaculaires qui sont autant de _« voyages sensoriels »,_ selon son expression. En 2021, le film _Artificialis _est projeté sur un écran LED monumental


dans la grande nef du musée d’Orsay. Sur une musique hypnotique composée par Warren Ellis, des images provenant de sources diverses montrent un monde où le réel et le virtuel se superposent,


sans que l’on puisse distinguer l’un de l’autre. L’ARTISTE EST ATTIRÉ PAR LES « LIEUX OÙ SOUFFLE L’ESPRIT » Pour _Anima_, exposition présentée en 2022 dans la nef cistercienne du Collège


des Bernardins, à Paris, Laurent Grasso est allé filmer sur le mont Sainte-Odile, en Alsace, dont il est originaire. Baptisé du nom d’une sainte du Moyen Age qui y aurait recouvré


miraculeusement la vue, le mont est célèbre pour son sanctuaire, où se pratique l’adoration perpétuelle. On y trouve aussi un « mur païen » de 11 kilomètres de longueur, dont l’origine


demeure énigmatique. Accompagné de théologiens, l’artiste y rencontre des géobiologistes, pratiquants d’une pseudoscience visant à identifier les flux d’énergie dans la nature. Ils lui


inspirent un film où la forêt semble être animée de forces occultes. Les arbres et les rochers, où passent des ombres furtives et où s’allument de mystérieux feux, provoquent l’impression


d’« inquiétante étrangeté » décrite par Freud, le sentiment d’une nature familière et angoissante. Laurent Grasso est attiré par tous les _« lieux où souffle l’esprit »,_ selon la formule


célèbre de Maurice Barrès. En 2024, il investit les ruines de l’abbaye bénédictine de Jumièges, en Seine-Maritime, à l’occasion de l’exposition _Clouds Theory_. Pour matérialiser son


histoire, traversée de désastres – invasions, séismes, inondations, incendies –, il colle des flammes en néon sur les murs et dépose sur le sol des nuages de cuivre, comme s’ils étaient


tombés du ciel. Dans le bâtiment, un autre nuage figure sur une tapisserie d’Aubusson réalisée par la manufacture Robert Four d’après son « carton ». Dans une ville de la fin du Moyen Age,


qu’aurait pu peindre l’Italien Andrea Mantegna, il apparaît en suspension, surnaturel et menaçant. Des nuages passeront aussi dans le ciel de la future gare de Châtillon-Montrouge, dans les


Hauts-de-Seine, un des projets artistiques réalisés le long du tracé du réseau Grand Paris Express. Sur le plafond de 800 mètres carrés de l’édifice, composé de 2 750 lames métalliques


plissées, l’artiste reconstituera une voûte céleste en trompe-l’œil, dans la tradition des plafonds peints de la Renaissance. A l’époque, selon l’historien de l’art Hubert Damisch, le nuage


symbolisait le passage entre le ciel et la terre. Pour Laurent Grasso, à l’ère du changement climatique, peut-être figure-t-il le lien, plus menaçant, qui relie le visible à l’invisible. Où


voir son œuvre Galerie Perrotin Matignon, 2 bis, avenue Matignon, Paris VIIIe, jusqu’au 26 juillet Expos _Apocalypse_ (exposition collective), Bibliothèque nationale de France, jusqu’au 8


juin _Météorites, entre ciel et terre_ (exposition collective), Musées de Troyes, jusqu’au 31 août _Quête d’infinis_ (exposition collective), Abbaye Saint-Germain, Auxerre, jusqu’au 2


novembre _Copistes_ (exposition collective), Centre Pompidou Metz (en collaboration avec le Louvre), du 14 juin 2025 au 25 janvier 2026 _Topologies of the Real_ (exposition collective), MICA


Art Museum, Changsha City, Chine, jusqu’au 15 juin _Laurent Grasso_ (solo show), Heredium, Daejeon, Corée du Sud, août 2025 _Laurent Grasso_ (solo show), Perrotin, Londres, Royaume-Uni,


octobre 2025 Livre _Laurent Grasso : Time Travel_, Laurent Grasso, Arnauld Pierre, Denise Markonish, éd. Rizzoli Electa, 256 pages, 82 euros Lire aussi