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Nouveau départ de feu pour l’exécutif en ce début d’année après la colère des taxis, des enseignants et des agriculteurs. Une journée nationale de mobilisation des infirmiers libéraux se
déroule ce mardi 19 mars à l’appel de l’intersyndicale. Objectif : obtenir une revalorisation de leurs actes médicaux. La rémunération de base de ces derniers comme la prise de sang ou le
changement de pansement n’a pas évolué depuis… 2009. Pourtant, plusieurs d'entre eux ne rechignent pas à mouiller leur blouse, avec des semaines qui dépassent souvent les 40 heures de
travail. Lire aussi Selon une enquête d’opinion menée par Harris Interactive à la demande de la Fédération Nationale des Infirmiers (FNI), le premier syndicat représentatif de la profession,
97 % d’entre eux se déclarent « inquiets » de l’évolution de leur rémunération dont 63 % qui se disent « très inquiets ». Ils sont également préoccupés à 90 % de l’évolution de leur charge
de travail. LES INFIRMIERS LIBÉRAUX TRÈS MOBILISÉS Dans ce contexte, ils sont désormais 32 % (en hausse de 19 points sur la dernière étude) des 1 003 infirmiers sondés à opter pour la
contestation afin de « faire valoir leurs intérêts et défendre la profession », à égalité avec le dialogue et juste derrière la « mise en place d’un système de cogestion » avec une plus
grande importance donnée aux syndicats, choisie par 33 %. « Tous les ingrédients sont réunis pour un mouvement d’ampleur, commente Jean-Daniel Levy, directeur délégué à Harris Interactive,
lors de la présentation de son enquête. Les infirmiers libéraux ont le sentiment que leur métier n’est pas reconnu à sa juste valeur. » Pour Daniel Guillerm, le président de la FNI, les
quelque 155 000 infirmiers libéraux et son syndicat attendent « une lettre de cadrage avec l’aval de Matignon et de Bercy qui permettrait d’ouvrir des négociations avec les assurances
maladies » pour une augmentation des tarifs conventionnés et « travailler sur des mesures de reconnaissance de notre métier. » Une rencontre sur ces points est prévue ce mardi avec Thomas
Fatôme, le directeur général de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM). Lire aussi Une rencontre avait déjà été organisée en février avec Frédéric Valletoux, le nouveau ministre
délégué à la Santé puis au début du mois avec Gabriel Attal, sans parvenir à des avancées majeures. DES MESURES D’ACTIONS DIVERGENTES Pour autant, la FNI n’appelle pas encore à la grève ce
mardi, conscient que le combat social peut « s’inscrire dans le temps ». Mais son président reste lucide et alerte sur « un risque de radicalisation d’une partie de la profession ». A
l’image des agriculteurs, une franche non syndiquée s’est formée à l’instar du collectif des « infirmiers libéraux en colère », fondé en avril 2023 et qui revendique aujourd’hui 4 000
adhérents et une vingtaine d’antennes départementales. « Aujourd’hui, nous avons des infirmiers et infirmières mobilisés 24/24 et 7/7 épuisés et parfois proches du burn-out, dénonce à
_Challenges_ Alexandra Veyret, la coprésidente du mouvement. Désormais la réalité économique nous touche de plein fouet et un infirmier doit choisir entre un patient ou un autre pour des
raisons financières… » « UN SOIGNANT BIEN TRAITÉ, C’EST UN SOIGNANT BIEN TRAITANT » Elle prend pour exemple, l’inflation galopante qui touche également le secteur médical. « Les gants, que
nous utilisons tous les jours, ont connu une augmentation de 230 % en dix ans, l’assurance professionnelle a progressé de 138 % », égrène-t-elle. « Un soignant bien traité par son
gouvernement, c’est un soignant bien traitant. Le fond du problème c’est qu’on va au-devant d’un vrai problème de santé publique. » A la différence de certaines autres professions médicales,
les infirmiers libéraux sont conventionnés par les tarifs de CNAM et ne peuvent pratiquer de dépassement d’honoraires. « Nous sommes passés d’une facturation à l’acte à une facturation au
forfait et nous avons perdu 3,10 euros en quelques années », déplore cette infirmière libérale dans l’agglomération grenobloise. Mardi, Alexandra Veyret assure qu’elle ira manifester à la
pause du déjeuner à Lyon afin de continuer à soigner ses patients le reste de la journée. En revanche, elle assure qu’elle va se rendre disponible pour la mobilisation nationale prévue à
Paris le 4 avril prochain. Le début, peut-être, d’une longue mobilisation.