En afrique, donald trump remplace l’humanitaire par la « diplomatie transactionnelle »

En afrique, donald trump remplace l’humanitaire par la « diplomatie transactionnelle »

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Mais l’annonce a d’ores et déjà rendu incertain, voire caduque, l’accord de libre-échange nommé Agoa (African Growth and Opportunity Act). _« A bien des égards, la politique tarifaire de Trump sonne le glas de ce pacte »,_ observe Mukhisa Kituyi, l’ancien secrétaire général de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. Signé en 2000 alors que Bill Clinton était encore président des Etats-Unis, l’accord permet à une trentaine de pays du continent africain d’exporter sans droits de douane, avec l’idée que le commerce allait supplanter l’aide au développement. En 2024, l’Agoa a représenté 8 milliards de dollars de marchandises exportées, dont la moitié en produits pétroliers. Soit un cinquième du total des biens expédiés outre-Atlantique. Si le Nigeria et l’Afrique du Sud sont les deux pays les plus actifs dans le cadre de l’Agoa, leurs exportations, principalement de pétrole pour Lagos et de voitures pour Pretoria, sont plus importantes en dehors. Les pays les plus touchés par la remise en cause de ce dispositif seront ceux qui en sont très dépendants, comme le Lesotho, spécialisé dans le textile pour les marques américaines Levi’s et Calvin Klein. _« Les exportateurs de produits à faible valeur ajoutée, dont le cacao de Côte d’Ivoire, risquent aussi d’être impactés »,_ précise Mukhisa Kituyi. _« La tendance des flux commerciaux entre les Etats-Unis et l’Afrique tend de toute façon à la baisse depuis 2011, passant de_ _126,6_ _milliards de dollars à 66 milliards aujourd’hui »,_ note Arthur Minsat, économiste chef de l’unité Afrique à l’OCDE. En plus du durcissement du commerce, l’aide américaine à l’Afrique va se tarir avec la quasi-fermeture de l’agence fédérale USAID. Mais la fin de la politique de solidarité ne signifie pas pour autant un désengagement de Washington. Avec l’Afrique, Trump veut poursuivre une « diplomatie transactionnelle », engagée lors de son premier mandat. En 2019, il a créé la DFC, l’agence gouvernementale financière pour le développement, dont il compte renforcer les capacités, en lui transférant l’argent destiné à l’USAID. L’objectif de cette institution ? Associer des financements étatiques à des investissements privés américains pour des grands projets d’infrastructure. Exemple emblématique : le corridor de Lobito, voie ferrée qui relie le port angolais du même nom aux mines de la République démocratique du Congo. _« Le message est que la grandeur des Etats-Unis en Afrique ne doit plus passer par l’humanitaire, mais par les investissements dans des projets qui rapportent de l’argent aux entreprises, dans la logique de l’« America First »,_ explique Thierry Vircoulon, chercheur associé à l’Ifri. _Dans une logique aussi de contrer l’influence chinoise qui étend sa Nouvelle Route de la soie. »_ La bataille entre Washington et Pékin aura lieu également en Afrique.

Mais l’annonce a d’ores et déjà rendu incertain, voire caduque, l’accord de libre-échange nommé Agoa (African Growth and Opportunity Act). _« A bien des égards, la politique tarifaire de


Trump sonne le glas de ce pacte »,_ observe Mukhisa Kituyi, l’ancien secrétaire général de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. Signé en 2000 alors que Bill


Clinton était encore président des Etats-Unis, l’accord permet à une trentaine de pays du continent africain d’exporter sans droits de douane, avec l’idée que le commerce allait supplanter


l’aide au développement. En 2024, l’Agoa a représenté 8 milliards de dollars de marchandises exportées, dont la moitié en produits pétroliers. Soit un cinquième du total des biens expédiés


outre-Atlantique. Si le Nigeria et l’Afrique du Sud sont les deux pays les plus actifs dans le cadre de l’Agoa, leurs exportations, principalement de pétrole pour Lagos et de voitures pour


Pretoria, sont plus importantes en dehors. Les pays les plus touchés par la remise en cause de ce dispositif seront ceux qui en sont très dépendants, comme le Lesotho, spécialisé dans le


textile pour les marques américaines Levi’s et Calvin Klein. _« Les exportateurs de produits à faible valeur ajoutée, dont le cacao de Côte d’Ivoire, risquent aussi d’être impactés »,_


précise Mukhisa Kituyi. _« La tendance des flux commerciaux entre les Etats-Unis et l’Afrique tend de toute façon à la baisse depuis 2011, passant de_ _126,6_ _milliards de dollars à 66


milliards aujourd’hui »,_ note Arthur Minsat, économiste chef de l’unité Afrique à l’OCDE. En plus du durcissement du commerce, l’aide américaine à l’Afrique va se tarir avec la


quasi-fermeture de l’agence fédérale USAID. Mais la fin de la politique de solidarité ne signifie pas pour autant un désengagement de Washington. Avec l’Afrique, Trump veut poursuivre une «


diplomatie transactionnelle », engagée lors de son premier mandat. En 2019, il a créé la DFC, l’agence gouvernementale financière pour le développement, dont il compte renforcer les


capacités, en lui transférant l’argent destiné à l’USAID. L’objectif de cette institution ? Associer des financements étatiques à des investissements privés américains pour des grands


projets d’infrastructure. Exemple emblématique : le corridor de Lobito, voie ferrée qui relie le port angolais du même nom aux mines de la République démocratique du Congo. _« Le message est


que la grandeur des Etats-Unis en Afrique ne doit plus passer par l’humanitaire, mais par les investissements dans des projets qui rapportent de l’argent aux entreprises, dans la logique de


l’« America First »,_ explique Thierry Vircoulon, chercheur associé à l’Ifri. _Dans une logique aussi de contrer l’influence chinoise qui étend sa Nouvelle Route de la soie. »_ La bataille


entre Washington et Pékin aura lieu également en Afrique.