La droite portugaise persévère à la tête du gouvernement

La droite portugaise persévère à la tête du gouvernement

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Impassible devant les accusations qui ont terni son image, Luís Montenegro, reconduit ce 29 mai comme Premier ministre après la victoire de son parti de centre droit aux législatives, est capable de compenser son manque de charisme par sa persévérance. Contraint de démissionner sur fond de soupçons de conflit d’intérêts un an après son arrivée au pouvoir, cet avocat de 52 ans aura ainsi remporté le pari de s’en remettre au verdict des urnes pour assurer sa survie politique. « C’est ma dernière mission » politique, avait-il confié en mars dernier, en se disant profondément « choqué par les insinuations » à son encontre. Afin de couper court à l’étalage public de cette affaire et éviter de répondre à une commission d’enquête parlementaire sur les activités d’une société de conseil qu’il a fondée avant de la mettre au nom de ses enfants, il avait préféré se soumettre à un vote de confiance voué à l’échec, provoquant ainsi des élections législatives anticipées. CHOIX À RISQUE Cette « relégitimation électorale était un choix à risque, mais un risque calculé », car « personne ne souhaitait ces élections », ni du côté de l’opposition socialiste, battue de justesse en mars 2024 après huit ans au pouvoir, ni du côté de l’extrême droite, troisième force politique du pays, selon le politologue Antonio Costa Pinto. Parlementaire chevronné mais sans expérience gouvernementale, M. Montenegro était devenu Premier ministre à la tête d’une coalition de droite modérée. Même s’il ne disposait pas de majorité à l’Assemblée, le président du Parti social-démocrate (PSD, centre droit) a tenu son engagement à ne pas chercher le soutien de l’extrême droite. Avec une longue carrière politique marquée par plusieurs échecs, cet homme à la carrure solide, les yeux bleu-vert, fossette au menton, a longtemps semblé voué aux seconds rôles. « GRANDE SOLITUDE » « J’ai passé plus de temps à me battre pour conquérir le pouvoir qu’à jouir du pouvoir », aime-t-il rappeler. Mais, alors qu’il peinait à convaincre en tant que chef de l’opposition, la démission surprise fin 2023 du socialiste António Costa, éclaboussé par une affaire de trafic d’influence, lui a permis de disputer des élections plus tôt que prévu. Né à Porto, la grande ville du nord du pays, c’est à Espinho, station balnéaire située à une vingtaine de kilomètres plus au sud, qu’il a grandi et vit toujours. Et c’est là aussi que ce footballeur amateur et supporteur du FC Porto travaille dans sa jeunesse comme maître-nageur l’été, et commence sa carrière politique aux jeunesses du PSD. DÉPUTÉ À 29 ANS Conseiller municipal dès 24 ans, la politique locale ne lui réussit pourtant guère : il échoue deux fois à se faire élire maire d’Espinho, en 2001 et 2005. Elu député à 29 ans, Luís Montenegro prend peu à peu du galon, et devient chef de son groupe parlementaire lors du passage de son parti au pouvoir entre 2011 et 2015. Pendant cette période, il a défendu la mise en œuvre d’un programme de rigueur budgétaire négocié par le Portugal en échange d’un plan de sauvetage financier international. « La vie des gens ne s’est pas arrangée, mais le pays va beaucoup mieux », affirme-t-il alors, s’attirant les foudres de ceux qui y ont vu un manque de sensibilité. Pour se justifier, il parle d'« une incompréhension » de ces propos, précisant que son parcours a depuis démontré la « forte vocation sociale de son parti ». Le pouvoir s’exerce dans « la discrétion » et parfois « dans une grande solitude », a-t-il dit un jour.

Impassible devant les accusations qui ont terni son image, Luís Montenegro, reconduit ce 29 mai comme Premier ministre après la victoire de son parti de centre droit aux législatives, est


capable de compenser son manque de charisme par sa persévérance. Contraint de démissionner sur fond de soupçons de conflit d’intérêts un an après son arrivée au pouvoir, cet avocat de 52 ans


aura ainsi remporté le pari de s’en remettre au verdict des urnes pour assurer sa survie politique. « C’est ma dernière mission » politique, avait-il confié en mars dernier, en se disant


profondément « choqué par les insinuations » à son encontre. Afin de couper court à l’étalage public de cette affaire et éviter de répondre à une commission d’enquête parlementaire sur les


activités d’une société de conseil qu’il a fondée avant de la mettre au nom de ses enfants, il avait préféré se soumettre à un vote de confiance voué à l’échec, provoquant ainsi des


élections législatives anticipées. CHOIX À RISQUE Cette « relégitimation électorale était un choix à risque, mais un risque calculé », car « personne ne souhaitait ces élections », ni du


côté de l’opposition socialiste, battue de justesse en mars 2024 après huit ans au pouvoir, ni du côté de l’extrême droite, troisième force politique du pays, selon le politologue Antonio


Costa Pinto. Parlementaire chevronné mais sans expérience gouvernementale, M. Montenegro était devenu Premier ministre à la tête d’une coalition de droite modérée. Même s’il ne disposait pas


de majorité à l’Assemblée, le président du Parti social-démocrate (PSD, centre droit) a tenu son engagement à ne pas chercher le soutien de l’extrême droite. Avec une longue carrière


politique marquée par plusieurs échecs, cet homme à la carrure solide, les yeux bleu-vert, fossette au menton, a longtemps semblé voué aux seconds rôles. « GRANDE SOLITUDE » « J’ai passé


plus de temps à me battre pour conquérir le pouvoir qu’à jouir du pouvoir », aime-t-il rappeler. Mais, alors qu’il peinait à convaincre en tant que chef de l’opposition, la démission


surprise fin 2023 du socialiste António Costa, éclaboussé par une affaire de trafic d’influence, lui a permis de disputer des élections plus tôt que prévu. Né à Porto, la grande ville du


nord du pays, c’est à Espinho, station balnéaire située à une vingtaine de kilomètres plus au sud, qu’il a grandi et vit toujours. Et c’est là aussi que ce footballeur amateur et supporteur


du FC Porto travaille dans sa jeunesse comme maître-nageur l’été, et commence sa carrière politique aux jeunesses du PSD. DÉPUTÉ À 29 ANS Conseiller municipal dès 24 ans, la politique locale


ne lui réussit pourtant guère : il échoue deux fois à se faire élire maire d’Espinho, en 2001 et 2005. Elu député à 29 ans, Luís Montenegro prend peu à peu du galon, et devient chef de son


groupe parlementaire lors du passage de son parti au pouvoir entre 2011 et 2015. Pendant cette période, il a défendu la mise en œuvre d’un programme de rigueur budgétaire négocié par le


Portugal en échange d’un plan de sauvetage financier international. « La vie des gens ne s’est pas arrangée, mais le pays va beaucoup mieux », affirme-t-il alors, s’attirant les foudres de


ceux qui y ont vu un manque de sensibilité. Pour se justifier, il parle d'« une incompréhension » de ces propos, précisant que son parcours a depuis démontré la « forte vocation sociale


de son parti ». Le pouvoir s’exerce dans « la discrétion » et parfois « dans une grande solitude », a-t-il dit un jour.