Macronisme : une obsolescence programmée en 2027?

Macronisme : une obsolescence programmée en 2027?

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Lire aussi BRUNO RETAILLEAU, FOSSOYEUR DU MACRONISME ? Alors que le président s’enfonce dans l’impopularité, ses « héritiers » s’empressent de prendre leurs distances. Edouard Philippe, le


mieux placé dans les sondages, publie un livre aux airs de droit d’inventaire : _Le Prix de nos mensonges_. Gabriel Attal, qui opère un virage régalien, ne manque pas une occasion de


souligner ses échecs en matière d’immigration et de sécurité. Quant à Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, elle se dit _« déçue par le macronisme dans son ensemble »_.


Toute proximité affichée avec le chef de l’Etat semble être un handicap pour 2027. _« Il sera compliqué de succéder à Emmanuel Macron en se revendiquant de son legs, alors que sa personne


est rejetée par trois quarts des Français »_, indique l’historien et spécialiste de la Ve République Jean Garrigues. Les candidats doivent également composer avec un paysage politique


mouvant, marqué par une forte droitisation de l’électorat. Selon Odoxa, 32 % des Français se déclarent à droite, en progression de 7 points par rapport à 2005, quand seulement 13 % se disent


centristes, en recul de 14 points. Un scénario qui fragilise toute candidature macroniste. _« Le risque, c’est celui de la tenaille entre une candidature sociale-démocrate forte, celle de


Glucksmann par exemple, et une candidature de droite libérale-conservatrice solide, comme celle de Retailleau »_, indique le président de l’institut de sondages Cluster17, Jean-Yves


Dormagen. Bruno Retailleau, en fossoyeur du macronisme ? Malgré l’envolée sondagière du ministre de l’Intérieur, les troupes du président relativisent la menace. _« Chez LR, il y a une forme


d’euphorie depuis une quinzaine de jours, comme s’ils avaient remporté une vraie élection, mais ce n’était qu’un scrutin interne »_, ironise le député Renaissance David Amiel. « EMMANUEL


MACRON A LAISSÉ SON MOUVEMENT SE DILUER DANS LA DROITE » Mais à l’heure des comptes, beaucoup d’ancien soutiens du chef de l’Etat se montrent amers. «_ Le début de l’obsolescence du


macronisme, ce n’est pas la dissolution, c’est la réélection du président, qui se présente en 2022 la besace vide de toute vision, de tout projet mobilisateur pour les Français »_, regrette


l’ancien député Gilles Le Gendre. Et d’enfoncer :_ « Le poison du macronisme, c’est de s’être effroyablement banalisé. Malgré la prouesse de son élection en 2017, le président ne peut se


vanter d’un bilan tranchant avec celui de Sarkozy ou de Hollande, pour une raison simple : à la question de savoir si le pays va mieux qu’en 2017, la réponse est malheureusement non ! »_


Parmi les griefs faits à Emmanuel Macron, son désintérêt pour son parti, qu’il a soigneusement empêché de se développer. L’unique offensive menée par Christophe Castaner sur les droits de


succession en 2018, pour donner un semblant d’indépendance à La République en marche, avait été tuée dans l’œuf par l’Elysée. _« Ce parti souffre d’un faible ancrage territorial, d’une


structure partisane maigre et d’un positionnement politique mal compris des Français _», pointe Jean Garrigues. Pour d’autres, c’est l’absence de constance idéologique qui fragilise le plus


l’héritage du chef de l’Etat. _« Alors qu’il avait quitté le gouvernement Hollande en 2016 sur la gauche de Manuel Valls en confessant son _« inconfort philosophique »_ sur la déchéance de


nationalité, Emmanuel Macron a laissé son mouvement se diluer dans la droite et devenir un orléanisme assez classique »_, théorise Adrien Broche, analyste à Viavoice. TRIPARTITION DU PAYSAGE


POLITIQUE Parmi les premiers à claquer la porte, le député Aurélien Taché, aujourd’hui membre de LFI, avait été stupéfait par la vacuité de la réflexion politique au sein de LREM : _« Il


n’y avait pas vraiment de vision politique, si ce n’est celle de l’extrême centre, qui n’est rien d’autre qu’un managerialisme appliqué à la politique. »_ Des critiques acerbes que nuance le


dernier carré des fidèles. _« Quel que soit le résultat de 2027, les murs porteurs du macronisme perdureront_, assure David Amiel. _La nécessité du dépassement, la souveraineté européenne


et la politique de l’offre, ces trois marqueurs, plus personne ne les remet en cause. »_ Une autre raison, plus prosaïque, plaide en faveur du macronisme : la tripartition durable du paysage


politique. _« On est entrés dans le temps des coalitions. Il n’est pas sûr que demain, un Edouard Philippe, s’il était amené à gouverner, ferait autrement qu’Emmanuel Macron aujourd’hui »_,


pointe Jean Garrigues. Une ère du compromis forcée par la dissolution. Lire aussi LA DÉLICATE RECONVERSION DES DÉPUTÉS BATTUS Ils ont été pris de court. A cause de la dissolution de


l’Assemblée nationale, annoncée par Emmanuel Macron à la surprise générale le 9 juin 2024, quelque 75 députés du camp présidentiel ont été envoyés au tapis. Battus aux législatives, alors


qu’ils espéraient terminer leur mandat en 2027, ces anciens élus ont dû se mettre en quête d’un emploi au cœur de l’été. Avec des fortunes diverses. Faute d’ancrage local, contrairement au


PS et à LR, le parti macroniste a peu de postes à offrir dans les exécutifs locaux et régionaux. Et si certains ex-députés ont retrouvé des fonctions politiques, comme Clément Beaune


bombardé à la tête du secrétariat général au Plan, Louis Margueritte qui a rejoint le cabinet de François Bayrou ou Hadrien Ghomi, éphémère député de Seine-et-Marne, redevenu secrétaire


général du groupe de François Patriat au Sénat, beaucoup affichent encore un trou à leur CV. Certains sont revenus à leur vie antérieure, comme Rémy Rebeyrotte, en Saône-et-Loire, qui a


repris des fonctions de principal adjoint dans un collège de l’Yonne. Verdict : _« Nos élèves sont beaucoup plus calmes et responsables que certains députés dans l’Hémicycle… »_ SOURCE :


ASSEMBLÉE NATIONALE.