La proposition de loi de gabriel attal d'élever le capitaine dreyfus au rang de général de brigade a été adoubée par le rn et lfi, des partis souvent accusés d'antisémitisme. Certains élus dénoncent ce brevet d'honorabilité.

La proposition de loi de gabriel attal d'élever le capitaine dreyfus au rang de général de brigade a été adoubée par le rn et lfi, des partis souvent accusés d'antisémitisme. Certains élus dénoncent ce brevet d'honorabilité.

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C’est une proposition de loi « mémorielle » que portent les députés Ensemble pour la République (EPR) et leur président, l’ex-premier ministre Gabriel Attal. Il s’agit d’élever à titre posthume le capitaine Alfred Dreyfus au rang de général de brigade, grade auquel il aurait sans aucun doute accédé si l’Affaire n’avait pas brisé sa carrière — et sa vie. Traqué par l’extrême droite antisémite, Dreyfus, pourtant innocent, fut condamné au bagne en 1 894 pour « trahison » avant d’être réhabilité en 1906. Réintégré dans l’armée, il finira lieutenant-colonel. Une page parmi les plus noires dans l’histoire de la République, personne n’en disconvient plus. « L’Assemblée nationale va réparer quelque chose d’important », insiste le député Charles Sitzenstuhl, rapporteur de ce projet censé faire l’unanimité. LE RN ET LFI FAVORABLES À CETTE INITIATIVE Mais, précisément, cette unanimité pose problème et crée la polémique au sein même du palais Bourbon. Le Rassemblement national a aussitôt fait savoir qu’il était favorable à cette initiative « dreyfusarde ». La France insoumise n’a pas manqué elle non plus de l’approuver même si elle émane de « l’ennemi macroniste ». Mais, précisément, ce double empressement provoque chez certains élus de tous bords à la fois agacement et inquiétude. Ils ont d’ailleurs signé une tribune dénonciatrice dans les colonnes du Figaro puisqu’ils estiment que cette initiative « sert la soupe » tant aux lepénistes qu’à la troupe de Mélenchon. « La mémoire d’Alfred Dreyfus, expliquent-ils ne doit pas servir à s’acheter un brevet d’honorabilité ». Extrême droite et gauche ultra renvoyées de la sorte à leurs dérives passées et présentes. Et d’ajouter, non sans amertume à peine dissimulée : « Que vient-on célébrer ? La République repentante, célébrant la justice et l’égalité, ou ceux qui en sont les adversaires ? » L’interrogation ne manque pas, à dire vrai, de pertinence. LA VOLONTÉ AFFICHÉE DE MARINE LE PEN DE DÉTACHER SON PARTI DE L’ANTISÉMITISME Le Rassemblement national, héritier assumé du Front National, a baigné dans l’antisémitisme, parfois aussi dans le négationnisme « le point de détail de l’histoire de seconde Guerre mondiale », selon Jean-Marie Le Pen. Présidente du parti nationaliste, Marine Le Pen a multiplié les efforts, les gestes, les paroles, pour détacher « son » extrême droite de l’antisémitisme. Elle y est d’ailleurs parvenue, plus ou moins bien. L’historien et « chasseur » de nazis Serge Klarsfeld lui a d’abord donné un tampon d’honorabilité ; après le pogrom en Israël du 7 octobre 2023, elle a marché de l’Assemblée nationale au Sénat « contre l’antisémitisme, pour le République » et sa présence a été contestée de manière feutrée ; son numéro 2 Jordan Bardella a été récemment invité en Israël, ce qui n’était jamais arrivé puisque l’extrême droite française inscrite dans la filiation de Vichy et de Pétain, était jusque-là « interdite » à Jérusalem. Être favorable à « l’élévation » du capitaine Dreyfus que l’extrême droite a tant haï, dénoncé, vilipendé, voilà qui parachève la normalisation, la banalisation du RN. Une poignée de parlementaires ne supportent pas ce qu’ils considèrent comme un « cadeau » au Rassemblement national. BEAUCOUP DÉNONCENT LES PROVOCATIONS ET DÉRAPAGES ANTISÉMITES DE LFI Le raisonnement n’est guère différent envers La France insoumise. Là encore, l’après 7 octobre marque à la fois un tournant et une rupture. Ils sont nombreux, à gauche et à droite, à considérer que, pour des raisons à la fois idéologiques et électoralistes, Mélenchon, son entourage et ses députés n’ont cessé de multiplier les provocations, dérapages et agressions verbales antisémites, par exemple envers le député socialiste Jérôme Guedj. Dans leur esprit, Mélenchon est désormais « infréquentable », à l’instar de Marine Le Pen. À lui aussi, faut-il offrir l’occasion de retrouver une place parmi les Républicains et les démocrates, ne serait-ce que le temps d’un vote hautement symbolique ? L’interrogation n’est pas tout à fait dénuée de sens. Pourtant, elle excède le rapporteur Charles Sitzenstuhl : « la composition de l’hémicycle ne doit pas nous empêcher de nous élever en réparant une erreur, d’être au niveau de l’histoire sur un sujet aussi important ». On peut l’entendre. N’empêche, que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon en bénéficient…

C’est une proposition de loi « mémorielle » que portent les députés Ensemble pour la République (EPR) et leur président, l’ex-premier ministre Gabriel Attal. Il s’agit d’élever à titre


posthume le capitaine Alfred Dreyfus au rang de général de brigade, grade auquel il aurait sans aucun doute accédé si l’Affaire n’avait pas brisé sa carrière — et sa vie. Traqué par


l’extrême droite antisémite, Dreyfus, pourtant innocent, fut condamné au bagne en 1 894 pour « trahison » avant d’être réhabilité en 1906. Réintégré dans l’armée, il finira


lieutenant-colonel. Une page parmi les plus noires dans l’histoire de la République, personne n’en disconvient plus. « L’Assemblée nationale va réparer quelque chose d’important », insiste


le député Charles Sitzenstuhl, rapporteur de ce projet censé faire l’unanimité. LE RN ET LFI FAVORABLES À CETTE INITIATIVE Mais, précisément, cette unanimité pose problème et crée la


polémique au sein même du palais Bourbon. Le Rassemblement national a aussitôt fait savoir qu’il était favorable à cette initiative « dreyfusarde ». La France insoumise n’a pas manqué elle


non plus de l’approuver même si elle émane de « l’ennemi macroniste ». Mais, précisément, ce double empressement provoque chez certains élus de tous bords à la fois agacement et inquiétude.


Ils ont d’ailleurs signé une tribune dénonciatrice dans les colonnes du Figaro puisqu’ils estiment que cette initiative « sert la soupe » tant aux lepénistes qu’à la troupe de Mélenchon. «


La mémoire d’Alfred Dreyfus, expliquent-ils ne doit pas servir à s’acheter un brevet d’honorabilité ». Extrême droite et gauche ultra renvoyées de la sorte à leurs dérives passées et


présentes. Et d’ajouter, non sans amertume à peine dissimulée : « Que vient-on célébrer ? La République repentante, célébrant la justice et l’égalité, ou ceux qui en sont les adversaires ? »


L’interrogation ne manque pas, à dire vrai, de pertinence. LA VOLONTÉ AFFICHÉE DE MARINE LE PEN DE DÉTACHER SON PARTI DE L’ANTISÉMITISME Le Rassemblement national, héritier assumé du Front


National, a baigné dans l’antisémitisme, parfois aussi dans le négationnisme « le point de détail de l’histoire de seconde Guerre mondiale », selon Jean-Marie Le Pen. Présidente du parti


nationaliste, Marine Le Pen a multiplié les efforts, les gestes, les paroles, pour détacher « son » extrême droite de l’antisémitisme. Elle y est d’ailleurs parvenue, plus ou moins bien.


L’historien et « chasseur » de nazis Serge Klarsfeld lui a d’abord donné un tampon d’honorabilité ; après le pogrom en Israël du 7 octobre 2023, elle a marché de l’Assemblée nationale au


Sénat « contre l’antisémitisme, pour le République » et sa présence a été contestée de manière feutrée ; son numéro 2 Jordan Bardella a été récemment invité en Israël, ce qui n’était jamais


arrivé puisque l’extrême droite française inscrite dans la filiation de Vichy et de Pétain, était jusque-là « interdite » à Jérusalem. Être favorable à « l’élévation » du capitaine Dreyfus


que l’extrême droite a tant haï, dénoncé, vilipendé, voilà qui parachève la normalisation, la banalisation du RN. Une poignée de parlementaires ne supportent pas ce qu’ils considèrent comme


un « cadeau » au Rassemblement national. BEAUCOUP DÉNONCENT LES PROVOCATIONS ET DÉRAPAGES ANTISÉMITES DE LFI Le raisonnement n’est guère différent envers La France insoumise. Là encore,


l’après 7 octobre marque à la fois un tournant et une rupture. Ils sont nombreux, à gauche et à droite, à considérer que, pour des raisons à la fois idéologiques et électoralistes,


Mélenchon, son entourage et ses députés n’ont cessé de multiplier les provocations, dérapages et agressions verbales antisémites, par exemple envers le député socialiste Jérôme Guedj. Dans


leur esprit, Mélenchon est désormais « infréquentable », à l’instar de Marine Le Pen. À lui aussi, faut-il offrir l’occasion de retrouver une place parmi les Républicains et les démocrates,


ne serait-ce que le temps d’un vote hautement symbolique ? L’interrogation n’est pas tout à fait dénuée de sens. Pourtant, elle excède le rapporteur Charles Sitzenstuhl : « la composition de


l’hémicycle ne doit pas nous empêcher de nous élever en réparant une erreur, d’être au niveau de l’histoire sur un sujet aussi important ». On peut l’entendre. N’empêche, que Marine Le Pen


et Jean-Luc Mélenchon en bénéficient…