Le nu se met à nu à montreuil

Le nu se met à nu à montreuil

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Photographie anonyme vers 1930 tirée de l’exposition « Le simple appareil » à la galerie Lumières des roses à Montreuil / © Galerie Lumière des roses Spécialisée dans la photographie


amateur, la galerie Lumières des roses à Montreuil consacre sa nouvelle exposition à la nudité photographique jusqu'au 7 décembre. Michel Frizot, historien de la photographie et commissaire


de l'exposition, en dévoile les contours.


On évoque souvent « le nu » photographique comme s’il s’agissait de perpétuer un « genre » de la peinture. Mais ce qui se joue spécifiquement en photographie, c’est la présence effective,


devant un appareil, d’un corps nu. Plus que homme ou femme, « nu » ou « nue », c’est la nudité assumée individuellement qui s’exhibe, le fait de se retrouver nu et de se livrer comme tel à


la prise de vue.


Ce qui dérange en revanche, c’est que cette nudité photographique soit d’emblée destinée à d’autres regards. Rien de naturel en effet dans cette succession d’actions : pose, mise en scène,


arrangements et concertations, prise de vue réfléchie, diffusion ou appropriation de l’image, curiosité appliquée des regards ultérieurs. De quelles motivations relèvent donc les modalités


photographiques de la nudité, de quelle nécessité éventuelle, de quelle envie, de quel instinct, ou de quelle bravade des interdits ?

Une affaire de trio


C’est ce que veut interroger cette sélection dans le fonds de la galerie Lumière des roses. Ni histoire, ni sociologie, ni esthétique : des états possibles de la nudité corporelle. Des


soi-disant ou vrais modèles pour les beaux-arts, des démonstrations scientifiques, des provocations intimes, des frivolités légères. Trois logiques s’y déploient et s’y téléscopent,


intriquées et indémêlables : celle du modèle, docile ou revêche, celle du photographe, hardi ou désinvolte et celle du regardeur à-venir, voyeur primaire que nous sommes tous, ici et


maintenant. Aucune innocence là-dedans qui puisse s’effacer dans l’alibi artistique depuis longtemps dépassé.


Infos pratiques : Exposition « Le simple appareil : nudités photographiques » à la galerie Lumière des roses, 12-14 rue Jean-Jacques Rousseau, Montreuil (93). Jusqu’au 7 décembre. Ouvert du


mercredi au samedi de 14h à 19h (fermeture du 6 au 9 novembre). Entrée libre. Accès : Métro Robespierre Ligne 9 ou Métro Bérault Ligne 1. Plus d’infos sur lumieredesroses.com


Photographe anonyme vers 1870 tirée de l’exposition « Le simple appareil » à la galerie Lumières des roses à Montreuil / © Galerie Lumière des rosesA lire : La biennale Némo pose la question


de l’avenir de l’être humain