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L’ancienne École nationale supérieure de la céramique accueille le JAD depuis 2022 / © CD92 _ Julia Brechler Cela fait maintenant près de 300 ans que l'artisanat d'exception s'épanouit à
Sèvres avec la manufacture de porcelaine. Et depuis 2022, un nouveau temple de la création a ouvert entre les murs de l'ancienne École nationale supérieure de la céramique : le JAD, acronyme
de Jardin des métiers d’art et du design. Un lieu qui n'a pas vocation à se vivre en vase (de porcelaine) clos comme John Laurenson est allé le constater.
En partenariat avec le JAD
Mathilde Faucard regarde, l’air un peu désolé, un petit carré minéral posé sur la table de son atelier. C’est un moulage de végétaux en béton. Des feuilles de houx. Ça ressemble un peu à un
fossile, un peu à la peinture botanique de la Rome antique. Une chose de toute beauté en tous cas mais cassée en trois morceaux. « Si vous alliez la jeter, je pourrais la prendre »,
suggéré-je au cas où. Raté. Elle réfléchit à la façon de réparer cette pièce ; elle ne partira donc pas dans ma sacoche et ne reposera jamais sur ma cheminée.
Mathilde est fresquiste et conçoit une sorte d’herbier minéralisé où les silhouettes des plantes sont préservées par un moulage en terre et en béton. Elle me montre une autre fresque, plus
grande, où l’on voit de belles formes de chardon. Elle a coulé un alliage or-cuivre pour obtenir de la brillance. Une expérimentation très réussie, je trouve. Au JAD, on expérimente
beaucoup. Dans l’atelier de l’ébéniste Cédric Breisacher, j’admire une table basse de forme étrange, organique et lisse, faite de trois bois, trois traitements et trois textures : un pied en
chêne poncé, un deuxième en branche brute et, pour sa surface, un mélange de copeaux et de fécule de pomme de terre. Ça donne presque faim.
Le designer Cédric Breisacher dans sonatelier / © Clara Chevrier _ Le JAD« Le JAD est là pour donner envie d’exercer ces métiers d’artisan d’art qui ne sont pas assez valorisés »
Tout aussi surprenante, la nature morte en trois dimensions qui trône dans l’atelier de la sculpteuse de laine Héléna Guy Lhomme : une fin de repas de poisson et de fruits de mer en feutre
coloré. Il y a des arrêtes, un mégot, une tête de langouste, deux bulots, un demi-citron pressé et une boîte de doliprane, le tout sur une nappe écossaise. « L’objectif du JAD est de
faciliter l’implantation de ces professionnels sur le territoire des Hauts-de-Seine en leur donnant accès à des conditions de travail favorables, notamment en leur proposant des loyers à
tarifs modérés », explique Estelle Silliard, chargée du projet pour le Département. Car ce sont les Hauts-de-Seine qui ont créé le JAD et qui le copilotent en collaboration avec le Groupe
SOS, l’Institut pour les savoir-faire français et Make ICI.
Conçu pour les artistes, le lieu ne se vit pas replié sur lui-même et l’accès au public y occupe une place importante. « Le JAD est là pour donner envie d’exercer ces métiers d’artisan d’art
qui ne sont pas assez valorisés », explique Claire Hazart, chargée du projet pour le Groupe SOS. Le Makerlab, un espace bourré de machines, est ainsi accessible aux professionnels comme aux
non-professionnels.
Pour se faire la main, le JAD anime également de nombreux ateliers destinés aussi bien aux petits qu’aux grands. Et, comme si tout cela ne suffisait pas, on y organise aussi des expositions.
À noter dès à présent l’ouverture au public des ateliers de créateurs à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, les 20 et 21 septembre prochains. Mais inutile d’attendre
jusque-là pour découvrir le lieu. L’agenda des prochaines semaines ne manque pas de prétextes.
Infos pratiques : Le JAD, 6, Grande Rue, Sèvres (92). L’agenda des événements du JAD est à retrouver ici. Accès : gare de Sèvres Rive Gauche (ligne N) ou tram T2 arrêt Musée de Sèvres. Plus
d’infos sur le-jad.fr
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