Le grand paris n’est pas soluble dans la tour eiffel

Le grand paris n’est pas soluble dans la tour eiffel

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Pour le premier anniversaire de la métropole du Grand Paris, nous avons demandé à des Grand-Parisiens de partager, tout au long du mois de janvier, leur vision de ce Paris élargi. Dernière à


s'y coller, Silvia Casi, architecte et membre de l'Atelier international du Grand Paris, qui a choisi d'évoquer les richesses touristiques de la métropole.


 


Silvia Casi, architecte et membre du Conseil scientifique de l’Atelier international du Grand Paris


Si la métropole parisienne peine encore à trouver une réalité institutionnelle claire, c’est aussi parce que le Grand Paris est souvent une expérience partielle pour les habitants, les


visiteurs et les touristes. La force de l’imaginaire que porte la capitale -Paris – tend à l’assimiler à la métropole. Ainsi, hormis Versailles, Disneyland et quelques sites, le Grand Paris


reste peu visité. Pourtant, c’est un territoire où il est possible de profiter de toutes les opportunités : de la ville dense et remuante, des lieux de voyage poétiques, de la ruralité


dépaysante…


Chaque touriste ou chaque habitant de la métropole a déjà pu expérimenter ce sentiment particulier d’un ailleurs tout en restant dans la métropole : à Montmartre, au lac d’Enghien ou sur les


bords de Marne… Pour fabriquer cette nouvelle géographie mentale, il faut s’adresser aux habitants d’aujourd’hui comme aux touristes de passage. C’est cette idée de possibilité de voyage


métropolitain qu’il faut développer.


A lire : La tour Eiffel qui cache la forêt


 

Le Grand Paris, un kaléidoscope de lieux


Pour cela, il convient de mettre en place une méthodologie stratégique commune entre tous les acteurs du tourisme. Par le recensement, la révélation, la mise en réseau, la valorisation et


l’animation de tous ces lieux magiques, la métropole assumera une identité et une consistance nouvelle. Le Grand Paris doit s’incarner à travers des lieux artistiques ou historiques, des


promenades, des espaces de flânerie et de détente aussi bien que par des sites anonymes.


Un travail de recensement des belvédères, des bords de colline, des buttes et des forts permettrait d’implanter des projets nouveaux en utilisant ces formidables potentiels géographiques. Du


canal de l’Ourcq à la basilique de Saint Denis, du pavillon Baltard à Nogent-sur-Marne à la tour de l’Illustration à Bobigny, du Désert de Retz au marché de Rungis, de l’aéroport du Bourget


aux panoramas extraordinaires de la butte d’Orgemont, en passant par les quais des canaux, les berges de Seine ou encore les chemins de grande randonnée, le Grand Paris recèle une multitude


de possibilités qui ne demandent qu‘a être valorisées.


A lire : Le Grand Paris se savoure à pied


 

Favoriser la connaissance des lieux du Grand Paris


Pour mettre à l’honneur ces lieux, on pourrait installer dans le centre de Paris des panneaux indiquant la distance à parcourir pour les atteindre. De même, dans les halls des aéroports et


des gares, l’accrochage de grandes photos accompagnées d’indications permettraient de révéler et d’inciter à la découverte des lieux magiques et remarquables du Grand Paris.


Dans cette même dynamique, les grandes institutions du cœur de Paris pourraient être mises à contribution par la mise en place de tickets couplés. Louvres – musée Condé à Chantilly, musée du


Jeu de Paume – musée de la photographie de Bièvres, Palais de Tokyo – Mac Val de Vitry, constitueraient des jumelages heureux pour investir le Grand Paris.


 


Si l’ambition est de participer au développement d’une identité nouvelle valorisante pour tous, il faut passer aussi par une transformation toponymique des lieux. À l’instar de Paris – La


Défense ou Disneyland Paris, soyons tous Paris et faisons place à Paris – Sarcelles ou Paris – Rungis.


Révéler la beauté de la métropole est un atout majeur pour le changement d’image de la banlieue. Nombre de grands ensembles d’habitat populaire sont localisés à proximité de lieux


extraordinaires et pourtant méconnus. Lier le renouvellement de ces quartiers à la valorisation de ces lieux serait un signe concret de l’identité distinctive du Grand Paris, vécu comme une


terre d’universalité et comme une métropole solidaire où beauté et culture sont à la portée de tous.


Tribune inspirée des études réalisées avec Laetitia Vidal et l’équipe Castro Denissof et Associés ainsi qu’avec Jean-Pierre Le Dantec de l’Atelier international du Grand Paris


 


A lire également les autres tribunes publiées à l’occasion du premier anniversaire de la métropole du Grand Paris :Pour un Grand Paris ploufablePour un Grand Paris qui joue collectif  Le


Grand Paris, une cocotte-minute à imaginaires Pour un Grand Paris qui fasse rayonner la culture de proximité