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Brice Paccard, co-fondateur du Potager du Grand Paname dans le parc du Sausset à Villepinte / © Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris Depuis 2021, deux maraîchers sortis de l'École du
Breuil à Paris cultivent une parcelle de 1,5 ha en plein cœur du parc du Sausset à Villepinte, déjà desservi par le RER B et qui sera relié également par les lignes 16 et 17 du Grand Paris
Express. Une production qu'ils vendent ensuite en direct tous les mercredis. Journaliste pour Enlarge your Paris, Joséphine Lebard est partie à leur rencontre munie de son filet à
provisions.
Ce reportage s’inscrit dans une série de portraits de Grand-Parisiens et de Grand-Parisiennes réalisée en partenariat avec la Société du Grand Paris.
Il faut longer la gare de Villepinte (Seine-Saint-Denis), passer sous le pont ferroviaire puis, durant quelques centaines de mètres, emprunter une route avant de pénétrer dans le parc du
Sausset, classé Natura 2000. Puis ensuite marcher une dizaine de minutes le long des chemins arborés, pour enfin déboucher sur une vaste clairière et trouver… le Potager du Grand Paname, une
parcelle de 1,5 ha précieusement couvée par Brice Paccard et Floriane Liborio.
Depuis 2021, les deux agriculteurs cultivent ce terrain en maraîchage à base d’engrais verts et avec l’aide des vers de terre. À l’horizon, le ballet des avions qui ne cessent d’atterrir ou
de décoller de Roissy est ininterrompu. Et le bruit des moteurs qui s’époumonent sur l’autoroute voisine nous parvient au milieu des champs. Dans le genre agriculture urbaine, le Potager du
Grand Paname se pose là. Et cela va bien aux deux agriculteurs. « On est situés pile entre deux forêts, explique Brice. On bénéficie donc du système de l’agroforesterie : les racines des
arbres vont chercher les minéraux bien profond, ce qui bénéficie à nos cultures. Et puis on est exposés plein sud. » Ce ne sont pas les tomates qui diront le contraire : en cette mi-octobre,
elles font de la résistance, tout comme les aubergines et les poivrons qui continuent de mûrir sous les serres.
Brice Paccard et Floriane Liborio se sont rencontrés à l’École du Breuil à Paris (12e) où tous deux passaient le Brevet professionnel de responsable d’entreprise agricole (BPREA). Dans une
autre vie, Brice a été ingénieur du son, professeur de musique et professeur des écoles. « Ce changement professionnel vient d’une quête de sens mais aussi de la paternité. On a envie de
manger plus sain. » Avec Floriane, ils remportent donc l’appel à projet lancé par le conseil départemental de Seine-Saint-Denis.
© Joséphine Lebard pour Enlarge your Paris« La vente aupublic le mercredi est aussi un temps d’échanges »
Habitant de Romainville (Seine-Saint-Denis), Brice voit du sens dans le fait d’œuvrer en milieu urbain : « On a un ancrage territorial fort. La vente au public le mercredi est aussi un temps
d’échanges autour des astuces de jardinage, des recettes. Je suis un peu « le gars sûr » qui vend les légumes. Et puis, quand on fait de l’agriculture urbaine, on est davantage dans
l’accueil du public, dans la pédagogie. C’était important de ne pas tirer totalement un trait sur cette dimension de transmission déjà présente dans ma vie d’avant. Et puis c’est important
de montrer à des gamins que ce métier existe, qu’il y a d’autres opportunités professionnelles que de devenir vendeur au centre commercial du coin… » Le Potager du Grand Paname accueille
d’ailleurs déjà régulièrement des enfants de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) et souhaite développer encore davantage son volet pédagogique.
C’est vrai qu’il y a à apprendre entre les serres et les quatre jardins qui composent la parcelle. Ici, une dizaine de tonnes de légumes bios sont produites chaque année. Pour l’heure, les
courges – potimarrons, bleue de Hongrie, Jack Be Little – commencent à s’amonceler sur les tables. Les carottes sont bonnes à être récoltées tout comme les radis Daikon. « L’agriculture,
c’est un savoir infini, confie Brice. Chaque plante a ses spécificités, ses ravageurs. Pour moi, c’est le seul métier où je me dis que j’aurai toujours quelque chose à apprendre. C’est
exigeant intellectuellement car il faut gérer le temps, les saisons, réfléchir aux rotations de culture… Il y a mille facteurs qui font qu’une récolte peut rater. C’est donc toujours très
gratifiant d’y arriver. Mais, pour moi, la nature n’est ni bonne ni mauvaise. C’est à nous de nous y adapter. »
Quand les transports favorisent les circuits courtsVisiblement, les deux complices se sont plutôt bien adaptés à la terre argileuse du coin. On repart du Potager du Grand Paname non sans y avoir fait quelques courses. Les tomates grappe sont
à 3,90 € le kilo, les courges à 2,90 €, les carottes à 3,50 € la botte. À la gare, on repense à ce que nous a dit Brice : « On a la chance d’avoir la station de RER B juste au milieu du
parc. L’arrivée du Grand Paris Express va permettre davantage de connexions et à davantage de personnes de se rendre dans des lieux comme le nôtre. Ce sera aussi plus facile pour nos
stagiaires de venir. L’Île-de-France deviendra un peu comme un village. Ça va rapprocher les gens, comme on essaie de le faire ici en favorisant le local. On fait pousser des légumes bios en
circuit court pour réduire l’impact carbone de l’agriculture. Ça va un peu dans le même sens que les trajets en train ou en métro qui permettent de laisser la voiture au garage et de moins
polluer. »
Sur le quai en attendant l’arrivée du RER, on croque dans une carotte violette et bien sucrée. Autour, les autres voyageurs nous regardent avec un brin de circonspection. On a un peu
l’impression d’être Bugs Bunny, perdu au milieu du 9-3. « Quoi de neuf, Doc ? » « Ben, des maraîchers super, à trois pas de ta station de RER ! »
Infos pratiques : Le Potager du Grand Paname, secteur du Puits d’Enfer, parc du Sausset, Villepinte (93). Vente de légumes tous les mercredis entre 10 h et 14 h. Accès : gare de Villepinte
(RER B). Plus d’infos sur Facebook
© Joséphine Lebard pour Enlarge your ParisLire aussi : À Chelles, Pierric Petit produit le meilleur vin d’Île-de-France
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