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En exclusivité pour _F1I_, l’ingénieur Jacky Eeckelaert, qui a travaillé pour les écuries Jordan, Prost GP, Sauber, Honda et HRT (avant de rejoindre le championnat allemand de DTM en tant
que directeur technique de l’écurie officielle Audi Sport Abt), vous livre son avis d’expert sur les Grands Prix. Aujourd’hui, Jacky revient pour nous sur le Grand Prix de Belgique, marqué
bien entendu par l’accrochage entre Lewis Hamilton et Nico Rosberg, mais aussi par les progrès de Kimi Räikkönen. POURQUOI KIMI SOUFFRE-T-IL AUTANT FACE À ALONSO ? “Certes, Kimi [Räikkönen]
rate la troisième marche du podium en fin de course au profit de Bottas. Certes, le tracé belge lui plaît particulièrement. Certes, Fernando Alonso a terminé derrière lui en bonne partie
parce qu’il a écopé d’un stop-and-go. Mais tout de même. À Spa-Francorchamps, Kimi a livré sa meilleure course de l’année (4ème), un mois après sa 6ème place en Hongrie, sans pépin mécanique
ou autre. On me demande souvent pourquoi il se fait autant dominer par son équipier. Il est difficile de répondre à cette question, car il faudrait pouvoir comparer leurs données pour être
précis. Alonso, on le sait, peut être rapide malgré du sous-virage en rentrant agressivement dans la trajectoire afin de compenser le caractère sous-vireur de la voiture. Kimi, en revanche,
pilote très finement et a besoin d’un train avant hyper précis pour aller vite. Est-ce juste une question de réglages ? Je crois que c’est plus compliqué que ça. D’après ce que James Allison
a expliqué en conférence de presse, Kimi a beaucoup de mal à s’adapter au pilotage de la Ferrari, dont le train avant manquerait de précision. Je me souviens très bien de ses premiers
essais au volant d’une F1, au Mugello. En regardant ses données de télémétrie, j’ai constaté que sa voiture était plutôt survireuse dans les courbes ‘Arrabiatta’ 1 et 2, avec des
contrebraquages à plus de 240 km/h. Hum… Je lui propose donc de reculer un peu le centrage aérodynamique de la voiture pour corriger cela, mais il me répond : ‘OK, mais seulement si cela ne
me donne pas du sous-virage ailleurs sur le circuit’ ! Kimi a vraiment horreur du sous-virage et est parfois prêt à des compromis pour l’éviter.” MERCEDES FAIT UN BEAU CADEAU À RED BULL
“L’accrochage au deuxième tour entre Hamilton et Rosberg a provoqué une crevaison sur la voiture du premier (qui lui a fait perdre beaucoup de temps et a sans doute endommagé son fond plat)
et la rupture d’un bout d’aileron avant pour le second (qui l’obligera à rentrer). Bref, l’incident de course a offert la victoire sur un plateau à Ricciardo, qui a encore une fois tiré les
marrons du feu : troisième victoire, contre zéro à Vettel, qui n’a pas été frappé par la malchance cette fois-ci. Que Nico se soit fait huer sur le podium et ait été rappelé à l’ordre par
ses patrons ne change finalement pas grand-chose : il a porté son avance à 29 points, qui manqueront cruellement à Hamilton en fin de saison… En plus de sa conséquence arithmétique, cet
accroc va encore faire monter d’un cran la tension entre équipier. Dans ma précédente chronique, j’avais annoncé que ça ‘risqu[ait] de tourner au vinaigre’ : on y est ! Toto et Niki vont
avoir beaucoup de mal à recoller les morceaux entre eux.” QUEL PLAISIR ! “Sur ce tracé majestueux, on a assisté à une superbe bagarre entre Magnussen, Alonso, Vettel et Button en fin de
course. Il y avait là trois moteurs et trois châssis différents, mais la lutte a été un régal pour les yeux ! Au rayon des belles perfs, il faut aussi mentionner celle de Valtteri Bottas,
qui monte pour la quatrième fois sur le podium. Sans oublier celle de Jules Bianchi en qualification et celle d’André Lotterer, qui a collé une seconde pleine à son équipier Ericsson le
samedi !” Max-la-menace... “A Spa, on a beaucoup parlé de l’arrivée en Formule 1 de Max Verstappen l’an prochain. Je l’ai croisé la semaine dernière dans le paddock du Nürburgring [où se
disputaient une manche de DTM et de F3 européenne, ndlr]. Il est venu me demander si je pensais qu’il avait pris la bonne décision en montant directement en Grand Prix. J’ai bien sûr répondu
par l’affirmative !”