Play all audios:
Meilleur film, Meilleur premier film, Meilleur scénario, meilleur interprète dans un second rôle : c’est le palmarès 2016 des Goya (les César espagnols). Prix du jury, Prix de la critique au
Festival du film policier de Beaune 2017, premier film de Raul Arévalo - acteur principal de "La Isla Minima" -, formidable polar en 2014, "La Colère d'un homme
patient" relève du phénomène. France Télévisions - Rédaction Culture Publié le 25/04/2017 16:22 Mis à jour le 25/04/2017 17:11 Temps de lecture : 3min Le cinéma espagnol est sur une
vague enthousiaste, emmenée par une poignée de jeunes réalisateurs qui prennent à bras le corps un cinéma de genre que l’on ne parvient à renouveler en France. Le cinéma fantastique est l’un
d’eux ("Rec", "L’Orphelinat"…), le thriller un autre ("La Isla Minima"…) Pour son premier essai, Raul Arévalo s’essaye au polar avec brio, récoltant au passage
pléthore de récompenses. [embedded content] Histoire de vengeance comme il y en a tant, "La Vengeance d’un homme patient" a été inspiré par son jeune réalisateur et scénariste par
une conversation entendu dans un bar. François Truffaut récoltait de façon similaire des anecdotes glanées de-ci-de-là comme point de départ de ses films ou pour en alimenter les scénarios.
Ayant entendu un homme affirmer que si sa famille était touchée par un meurtrier, il mettrait tout en œuvre pour le tuer, Raul Arévalo s’est demandé comment l’on peut en arriver à cet
extrême. Cette auto-justice que retrace son film n’est aucunement approuvée dans sa démonstration, mais analysée dans son processus. C’est d’abord un drame humain que traite Raul Arévalo,
qu’interprète avec une grande sobriété Antonio de la Torre (également vu dans "La Isla Minima" ou "Les Amants passagers"). Un homme banal, votre voisin, sans charisme,
taiseux, qui n’inspire aucune sympathie particulière, mais une empathie certaine par le drame qu’il a subi. Le cinéaste ne veut pas émettre une thèse sur l’auto-défense, mais pousse un homme
du commun à commettre un acte extraordinaire. Son plan méticuleux, précis, mûri durant 8 ans prend forme progressivement, avec comme cheville ouvrière Curo, homme brutal, violent, impulsif
que joue magnifiquement Luis Callejo ("L’Homme aux mille visages"), récompensé d’un Goya. Emmenés tous deux dans une mortelle randonnée, son aboutissement ne sera pas forcément
celui auquel on s’attendait. Filmé en scope caméra à l’épaule, pour transmettre toute la violence rentrée de son personnage jusqu’à son explosion, "La Colère d’un homme patient" va
au-delà du simple exercice de style. Habité d’une tension constante, et d’émotions contradictoires, de paradoxes, il fonctionne également sur des codes issus du western (la vengeance, le
gang de bandits, le bar/saloon, les chevauchés sont remplacés par un aspect road-movie…). Admirateur de Sergio Leone, Raul Arévalo lui emprunte le format scope, les gros et très gros plans
que l’on trouve dans ses films. Une esthétique qu’il a voulu mélanger au réalisme des frères Dardenne, de Jacques Audiard ou de Matteo Garrone, qui constituent ses références. Cette
filiation, à laquelle s'ajoute une maîtrise de la mise en scène étonnante, sans esbroufe mais efficace, emportent l’adhésion. LA FICHE THRILLER de Raul Arévalo (Espagne) - Avec :
Antonio de la Torre, Luis Callejo, Ruth Diaz, Raul Jiménez, Alicia Rubio - Durée : 1h29- Sortie : 26 avril 2017 INTERDIT AUX MOINS DE 12 ANS SYNOPSIS : Un homme attend huit ans pour se
venger d'un crime que tout le monde a oublié.