Jean de soos, prêtre au viguier à carcassonne : "la peur est le contraire de la foi"

Jean de soos, prêtre au viguier à carcassonne : "la peur est le contraire de la foi"

Play all audios:

Loading...

l'essentiel Originaire du Minervois et prêtre à Carcassonne au Viguier Saint-Jacques depuis 2012, Jean de Soos relate avec passion et humour la façon dont il a (sur) vécu au confinement


dans son livre "J’ai mangé du pangolin". Rencontre. D’où vous est venue l’idée d’écrire ce livre ? Des personnes me l’ont conseillé car j’avais plein d’anecdotes et de photos à


partager. Le confinement a été une période très forte à vivre durant laquelle j’ai aussi fait un certain nombre de rencontres. Dans mon introduction, je reviens sur une scène dans les années


80 où je traversais le désert africain en voiture avec un ami pour rentrer du Togo où j’étais enseignant. On s’était retrouvé à manger du pangolin, d’où le titre. Votre nom n’est pas


inconnu dans la région, quel est votre parcours ? Je viens d’une famille de viticulteurs du Minervois et j’ai moi-même fait un BTS viticulture-oenologie après le séminaire où je suis entré


très jeune, en 1982. J’ai ensuite été ordonné prêtre en 1985 et j’ai passé 11 ans à Carcassonne, autant dans le Lauragais, puis dans le Narbonnais et au Québec avant de revenir à


Carcassonne, en 2012, où je suis en charge de la très multiculturelle communauté de Saint-Jacques, mais aussi celle de Saint-Joseph et des villages alentour, de Palaja et Cazilhac. De fait,


j’en suis très heureux car cela correspond beaucoup à la spiritualité de Charles de Foucaud qui était quelqu’un d’attentif aux plus petits et aux plus pauvres. C’est tout à fait ce que je


vis aujourd’hui. Comment avez-vous vécu ce premier confinement ? Mon souci a été très vite d’aller vers les personnes qui se sentaient isolées et je me suis rendu compte que des familles ne


sortaient presque pas de leur appartement avec les chaînes d’infos en permanence alors je leur ai proposé de changer d’air. Je suis aussi allé porter la communion à domicile et, la veille de


Pâques, j’ai invité les fidèles à venir en voiture sur le parking de l’église pour se confesser, un peu comme un "drive". Enfin, j’ai pris l’habitude de partager mes homélies sur


internet et, à la fin, j’ajoutais des blagues ou des images humoristiques pour détendre un peu l’atmosphère. Que retenez-vous de cette période ? J’ai été marqué par tous les petits gestes de


solidarité et j’ai aussi saisi l’importance d’accompagner les familles au moment des funérailles alors que certaines n’avaient pas pu dire au revoir à leurs défunts. Je me souviens d’une


dame à genoux, au cimetière, devant un cercueil qui égrainait les prénoms de tous ses petits enfants car ils n’avaient pas pu venir. Je me suis parfois retrouvé quasiment seul avec les


pompes funèbres et ça a renforcé ce lien. Il y a quelque chose d’assez inhumain à ne pas pouvoir accompagner ses morts. Quel rôle peut jouer la religion ? L’Église est un partenaire parmi


d’autres et ne va pas mener le monde, mais elle est experte en humanité. Je ne juge pas les gens qui ont eu peur, chacun vit les événements avec son histoire personnelle, mais c’est


important d’aller vers plus de solidarité, notamment envers les pays du tiers-monde. Sinon les gens reviennent petit à petit, les enfants sont heureux de se retrouver au catéchisme ou aux


activités sportives. Bientôt les "théo-ciné" que l’on organise au Colisée et les apéritifs après la messe vont reprendre… La locomotive se remet en route. "VIVEZ, QUE DIABLE


!" Vous êtes également très engagé auprès des réfugiés ? J’accompagne pas mal de migrants, souvent chrétiens, venus d’Arménie, d’Irak ou des pays de l’Est. On les aide sur le plan


matériel mais aussi humainement. Chaque fois que je vais dans ces familles, je fais le tour du monde et j’apprécie leur hospitalité. Concrètement, trois familles risquent de se retrouver


sans logement début juin. On essaye de trouver des solutions avec la Cimade ou Réseau éducation sans frontières. Ça prend beaucoup de temps mais le service du Christ passe par là.


J’accompagne aussi des personnes ayant un handicap mental et pour qui la pandémie a été très éprouvante. Quel message souhaitez-vous transmettre ? Je me souviens avoir dit à des religieuses,


que je trouvais un peu trop confinées, "vivez, que diable !" L’important est de vivre et non pas de survivre. La peur est le contraire de la foi et il faut parfois être amené à la


dépasser pour vivre davantage en fraternité, c’est essentiel. _"J’ai mangé du pangolin. Un prêtre en temps de confinement", de Jean de Soos. Prix : 18 euros. En vente à l’espace


culturel Leclerc._