Gers : il y a 30 ans, les thermes de barbotan endeuillés après un tragique incendie

Gers : il y a 30 ans, les thermes de barbotan endeuillés après un tragique incendie

Play all audios:

Loading...

l'essentiel Le 27 juin 1991, un accident de chantier entraînait la mort par asphyxie de 20 personnes sur le site des thermes de Barbotan à Cazaubon. Des témoins du drame se souviennent.


Un seau de goudron brûlant qui s’écoule dans un faux-plafond. Des curistes pris au piège, asphyxiés avant même d’avoir pu prendre la fuite pour certains… À l’image des inondations de


juillet 1977 (16 victimes) ou de l’explosion d’un immeuble à Auch le 4 janvier 1971 (14 morts), l’incendie des thermes de Barbotan du 27 juin 1991 reste ancré dans les mémoires gersoises.


Claude Louge, 88 ans aujourd’hui, était alors chef du centre des sapeurs-pompiers de Cazaubon. « Une fois l’alerte donnée, aux alentours de 9 h 30, je me suis rendu sur place avec quatre


volontaires, se rappelle l’octogénaire gersois, toujours installé à Cazaubon. Nous avons localisé d’où venait la fuite, depuis le toit en travaux de l’édifice (via un trou de 3 cm seulement,


NDLR). De nombreux renforts sont arrivés, ils ont bien fait leur travail mais les victimes n’ont eu aucune chance. Je garde le souvenir de six corps alignés sur un banc, comme foudroyés par


les gaz toxiques. » En cause, une série de négligences sur un chantier de travaux d’étanchéité d’un toit-terrasse et dans la conception même du site thermal qui fait alors peau neuve. « Je


m’attendais à voir des flammes, des façades endommagées mais en arrivant sur place, rien ne permet de savoir qu’un tel drame se joue », témoigne Jean-Michel Dussol, ancien responsable de


l’édition gersoise de «La Dépêche du Midi». À l’intérieur, une épaisse fumée provoquée par le contact du goudron avec des matériaux isolants a envahi le bâtiment et les couloirs de la


piscine du centre. Jusqu’en milieu d’après-midi, les sapeurs- pompiers se relaient pour évacuer les corps de 19 malheureux clients et d’une employée du centre thermal, Nicole Muccignato,


âgée de 43 ans, venue à leur secours. TREIZE PERSONNES MISES EN EXAMEN « Les corps ont été lavés puis transportés à la vieille église de Cazaubon, poursuit Claude Louge. C’était le moment le


plus dur : recevoir les proches des victimes dans la peine. » Le lieutenant retraité du corps des sapeurs-pompiers volontaires était à l’époque plombier dans le civil. Il avait lui-même


réalisé des travaux dans l’établissement thermal. Des interventions aux normes : il n’est pas inquiété par la longue enquête qui débute après le drame. Elle conduit à la mise en examen de


treize personnes (des responsables du chantier et des thermes, un élu et un ouvrier…) jugés en 1996 au tribunal correctionnel de Toulouse. Dix d’entre eux sont reconnus coupables. Les peines


les plus lourdes concernent l’architecte du site et le directeur technique de la société gestionnaire des thermes condamnés pour "homicides involontaires" à deux ans de prison,


dont seize mois avec sursis, et 30 000 francs d’amende (environ 7 000 euros actuels). L’absence de sorties de secours adaptées et l’ouverture des thermes pendant le chantier, autant que les


impérities sur ce dernier, sont au cœur d’un procès très attendu par les familles. « Les victimes venaient de différentes régions de France mais leurs proches, réunis par ce drame, ont


constitué une association, précise Jean-Michel Dussol. Chaque année, un rassemblement était organisé à Cazaubon jusqu’à la date du procès. » ------------------------- DE NOS JOURS : UNE


SÉCURITÉ RENDUE OPTIMALE Interrogé par nos soins, Christophe Echavidre, actuel directeur des Thermes de Barbotan, se rappelle d’« un drame qui a marqué toute la population ». Il détaille les


conditions de sécurité actuelles, qui n’ont plus rien à voir avec celles de 1991. « Nous avons plus de 250 détecteurs de fumée dans l’établissement thermal. En cas de détection, ils vont


déclencher automatiquement deux alarmes, l’une vers le PC incendie, l’autre vers tous les téléphones des membres du service technique », explique le responsable des thermes gersois.


Fermeture des portes coupe-feu et des entrées d’air, arrêt des centrales d’air et déclenchement du désenfumage dans les zones adjacentes… Tout ce qui faisait défaut à l’époque se fait


aujourd’hui automatiquement. Mais la surveillance humaine n’est pas oubliée. « Le processus automatique peut aussi être lancé manuellement via des déclencheurs d’alarme incendie. Si un


incendie se confirme, le personnel de chaque zone sait exactement ce qu’il doit faire pour participer à l’évacuation des curistes. Ils savent aussi manipuler les extincteurs pour éteindre


les débuts d’incendies ; il y a une soixantaine d’extincteurs dans l’établissement et chaque salarié reçoit une formation tous les 5 ans. » SURVEILLANCE 24 H/24 Les thermes possèdent aussi


une équipe de personnels dédiés à la sécurité incendies 24 heures sur 24, « même quand il n’y a personne dans l’établissement ». « Cette équipe s’occupe de la mise en sécurité de la zone


incriminée, du guidage des personnes évacuées vers le point de rassemblement, de l’appel des secours et de la coupure électrique localisée pour éviter l’aggravation du sinistre. Le personnel


de cette équipe de sécurité incendie reçoit un recyclage de sa formation obligatoirement chaque année. Tous les ans, nous avons bien sûr des exercices d’évacuation et les pompiers du


secteur viennent régulièrement faire des manœuvres en situation réelle pour s’entraîner et parfaitement connaître les lieux. Enfin, tous les matériaux utilisés dans l’établissement doivent


respecter des normes dites « non feu ». Aujourd’hui, les thermes de Barbotan sont un lieu de soins parmi les plus sûrs qui soient », assure Christophe Echavidre. En pleine relance après une


(trop) longue pause due à la crise sanitaire, l’établissement thermal recrute actuellement une quarantaine de personnes : agents thermaux, hôtesses de facturation, buandiers, personnel de


ménage, pour les thermes, mais aussi chef de partie, commis de cuisine et serveurs, pour le restaurant.