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l'essentiel Avec la multiplication des tatouages, vient forcément celle des détatouages. Et comme pour les premiers, certains éléments sont indispensables à connaître pour éviter les -
très - mauvaises surprises quand on veut se faire enlever un tatouage censé être irréversible. Isabelle gère un groupe Facebook privé consacré au détatouage. Ouvert depuis 2016, elle
constate ces derniers temps une nette hausse dans le nombre de demandes d'adhésion. "Je gère pas loin de cinq demandes par jour, et j'imagine que les deux autres
administratrices en font de même. On en a vraiment de plus en plus", confirme la Normande. "On a dépassé les 1000 membres, et depuis un peu plus de six mois, on remarque une nette
augmentation", appuie Pauline. La conclusion est claire : de l'explosion du nombre de tatouages en France ces dernières années, découle naturellement une augmentation de ceux qui
veulent se le faire enlever. Les raisons peuvent être multiples. "Il y a très souvent des gens qui ont subi une très mauvaise expérience, avec un tatouage raté - c'est mon cas - et
qui veulent aussitôt se le faire effacer", décrit Isabelle. Mais "contrairement à ce qu'on pourrait penser, on a aussi beaucoup de gens qui ont fait un tatouage très
réfléchi, qui ont pris des années pour le penser, mais qui ont fait face à un changement dans leur vie qui les a traumatisés, au point de ne plus pouvoir supporter leur tatouage
aujourd'hui." UN ACTE MÉDICAL Face à cet afflux de nouveaux candidats au détatouage, fleurissent aussi les centres qui les proposent. Les deux femmes sont catégoriques : il faut
s'en méfier. "Je ne cesse de leur dire : le détatouage est un acte médical, qui provoque des lésions, même si les derniers lasers sont moins traumatisants. Ça nécessite un long
processus de cicatrisation", résume Pauline. À 30 ans, la jeune femme a eu recours à une quinzaine de séances pour effacer ses trois tatouages, étalées sur près de 4 ans. Pour Isabelle,
ça a duré environ 3 ans, entre les longs mois d'attente pour obtenir un rendez-vous avec un dermatologue, et les séances effectuées au CHU de Rouen. Un processus coûteux, qui a délesté
son portefeuille de près de 1800€. "C'est clair que ça coûte cher. Raison de plus pour ne pas faire n'importe quoi." Malheureusement, Pauline constate que ce n'est
pas toujours le cas, malgré les conseils prodigués sur le groupe. "Il faut bien comprendre que ce ne sont pas les lasers qui enlèvent l'encre. Ils se contentent de permettre à la
peau de le faire elle-même, mais ça nécessite du temps après les séances. C'est pour ça qu'il faut les espacer d'au moins deux mois. Certaines en font tous les mois..."
GARE AUX ARNAQUES Et les tromperies sont nombreuses, comme ces crèmes pour détatouer proposées de plus en plus souvent. "Une arnaque complète. Ils promettent l'absence de
cicatrices, mais il y en a souvent davantage qu'avec les lasers, et le tatouage n'est même pas effacé...", déplore Isabelle. "Quant à ces salons de tatouage qui proposent
aussi des détatouages... Ça me désole. C'est un peu comme si McDonald's proposait un programme de minceur." De manière générale, la jeune Héraultaise tient à insister sur le
fait qu'il n'existe pas de formule magique. "On vient souvent nous voir avec l'espoir qu'on leur dise que tout va partir, sauf que ce n'est pas toujours
possible." "Il y a des encres qui ne partent pas bien, voire ne partent pas : plus elles sont claires, moins bien elles partent", complète Isabelle.