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l'essentiel Un réseau d’escroc a été démantelé à Paris et Toulouse. Il proposait des cadeaux aux salariés en échange de formations fictives, mais facturées, en pompant le trésor de
leurs droits en euros . Après les détournements d’argent massifs sur la récupération de la TVA à la taxe carbone, le marché de la formation et ses millions d’euros, qui dorment sur les
comptes individuels des salariés, sont un trésor de choix pour les professionnels de l’arnaque. Ces escrocs très connectés profitent des failles du système, qui permet à toute personne de
plus de 16 ans ayant une activité professionnelle de bénéficier d’un crédit en euros pour postuler à une formation professionnelle via la plate-forme officielle « Mon compte formation ». Un
Eldorado où il leur suffit d’appâter les salariés pour faire main basse sur leurs droits et récupérer la monnaie. UN PRÉJUDICE DE 8,5 MILLIONS D’EUROS Cet hameçonnage prend le plus souvent
la forme d’un SMS ou d’un mail sur un mode très inquiétant et alarmiste : « Vous allez perdre vos droits, réclamez votre formation 100 % prise en charge ». Il n’y a plus qu’à attendre le
retour, visiblement fructueux. Mais la semaine dernière, la juridiction interrégionale spécialisée du parquet de Paris a mis un coup de pied dans la fourmilière. Quatorze personnes ont été
interpellées, à Paris et à Toulouse, dans le cadre de deux enquêtes distinctes, menées par la gendarmerie autour d’un réseau organisé pour détourner les fonds du crédit personnel de
formation (CPF). Dix hommes et quatre femmes, âgés de 20 à 50 ans, poursuivis notamment pour « escroquerie en bande organisée », « association de malfaiteurs », « faux et usage de faux » et
« blanchiment ». Pour vous donner une idée de l’ampleur de ces détournements, le parquet de Paris estime le préjudice total à 8,5 millions d’euros. Une partie de ces fonds aurait ensuite
transité vers des pays étrangers, de l’Allemagne aux Émirats arabes unis en passant par la Hongrie… Pour récupérer l’argent, les escrocs utilisaient les données personnelles des salariés à
leur insu ou leur proposaient un « cadeau », des produits high-tech voire du liquide, en contrepartie de leur engagement à une formation bidon… Mais facturée, in fine, à la Caisse des dépôts
et consignations, l’organisme chargé de gérer les fonds du CPF. DES TROUS DANS LA RAQUETTE Selon les enquêteurs le réseau avait aussi réussi à créer sa propre agence de certification pour
qualifier de vraies fausses entreprises de formation, éligibles ensuite au CPF… Les arnaqueurs avaient ainsi, tout à fait légalement, labellisé près de 300 sociétés en quelques mois. De
véritables pompes à fric sur le dos des droits des salariés. Ce coup de filet est une première à cette échelle, mais il reste visiblement du travail pour remettre un peu d’ordre dans ce
dispositif. Il y a encore des trous dans la raquette.