Reportage. "au moins, on a un toit sur la tête" : 200 personnes occupent illégalement un ancien ehpad à colomiers

Reportage. "au moins, on a un toit sur la tête" : 200 personnes occupent illégalement un ancien ehpad à colomiers

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l'essentiel Près de Toulouse, deux cents personnes vivent dans un ancien Ehpad. Les occupants sont principalement des enfants. Dans ce squat à Colomiers, le maître mot c'est la


débrouille et chaque famille a ses propres règles. Reportage. À l’intérieur du squat de l’ancien Ehpad Lasplanes, Samuel fait office de traducteur. Avec son survêtement taché et sa capuche


sur la tête, l’enfant n’a que 9 ans, mais il parle parfaitement le français et l’albanais. Les anciens se sont d’ailleurs réunis autour de lui pour essayer de se faire comprendre. Dans le


hall de l’immeuble flotte une odeur de café mêlée au tabac froid. À LIRE AUSSI : DOSSIER. Squat devenu un dépotoir : à Toulouse, des enfants vivent dans des conditions atroces au milieu des


détritus Une dizaine d’hommes s’agitent autour du jeune interprète. À l’écart, les femmes et les autres gamins observent. "En tout, nous sommes un peu plus de 60 familles nombreuses. Au


moins on a un toit sur la tête. Nous ne sommes pas malheureux car nous avons de l’eau potable et de l’électricité", indique Samuel, qui répète machinalement ce que lui murmurent les


hommes de la communauté. "IL Y A UNE ORGANISATION BIEN PARTICULIÈRE" À l’intérieur de l’ancienne maison de retraite de Colomiers, transformée en squat, seuls les mineurs parlent


français. Ils sont très nombreux. Ils représentent la majorité des occupants. "En semaine, les enfants vont à l’école. Ils s’y rendent à pied ou un bus vient les chercher. Pendant les


vacances, c’est plus compliqué, car les adultes travaillent", explique Mehmet, qui fait office de guide. L’endroit est immense. Un véritable labyrinthe. "Il y a une organisation


bien particulière. Chaque couloir correspond à une famille, et elles appliquent leurs propres règles", poursuit Mehmet. À LIRE AUSSI : Une maison qui servait de squat prend feu au nord


de Toulouse : un homme de 49 ans grièvement blessé, emmené à l'hôpital Dans le squat, la débrouille est le maître mot. Pour survivre, les familles multiplient les activités


clandestines. "Généralement, ce sont les femmes qui s’occupent de récupérer des vêtements usagés. Les hommes, quant à eux, travaillent plutôt dans le commerce de la ferraille",


raconte Mehmet. LA FRONDE DU VOISINAGE L’ancienne maison de retraite en porte les stigmates. Dehors, sur le parking, les voitures incendiées ont noirci le bitume. Dans l’immeuble, des


montagnes de vêtements usés s’empilent sur des chariots. Sur les rambardes des couloirs et des escaliers du linge sèche. À LIRE AUSSI : Squat de Saint-Martin-du-Touch à Toulouse :


l'expulsion a été lancée par les forces de l'ordre, 160 personnes évacuées Selon le guide albanais, il n’y a "pas vraiment le choix". Ici, le seul moyen de gagner un peu


d’argent est de vivre de l’économie souterraine. Sur l’un des balcons de l’ancienne résidence, cigarette à la main, Mehmet regarde le voisinage : "Bien sûr que l’on aimerait vivre dans


ces belles maisons. Si nous avions des visas, nous ne serions pas dans ce squat", s’imagine-t-il. UNE PROCÉDURE JUDICIAIRE EST EN COURS  Face aux nombreuses nuisances liées au squat, un


collectif de Columérins s’est formé. Il demande le départ des familles. "Depuis qu’ils sont là, on subit une invasion de rats, des klaxons quotidiens et les enfants sont livrés à


eux-mêmes", explique un habitant. La police municipale et la mairie ont alerté le propriétaire parisien des lieux ainsi que le préfet de la Haute-Garonne. Une procédure judiciaire est


en cours. "Par rapport à ce que nous avons vécu avant, on peut dire que nous sommes heureux ici. Nous voulons rester ensemble", répète Samuel. Encore une fois, l’enfant traduit les


mots de ses aînés. À LIRE AUSSI : Un squatteur s'approprie tout un immeuble, le propriétaire appelle en renfort deux anciens légionnaires pour le déloger