Video. Une écrivaine hérite d'un livre dédicacé par victor hugo en 1855

Video. Une écrivaine hérite d'un livre dédicacé par victor hugo en 1855

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l'essentiel Nathalie Baudry, écrivaine biographe à Cahors, a un secret bien gardé dans sa bibliothèque : un exemplaire du livre Les travailleurs de la mer écrit par Victor Hugo avec un


mot manuscrit de l'auteur en personne. Un trésor hérité de sa grand-mère.  C'est un trésor sorti d'un tiroir de Cahors. Le genre qu'on ose à peine effleurer du bout des


doigts. _Les travailleurs de la mer_, tome 1, dédicacé par Victor Hugo en personne, est pourtant entre les mains de Nathalie Baudry, une écrivaine biographe qui s'est installée dans le


Lot. " C'est un livre qui appartenait à ma grand-mère, il a été découvert par ma fille qui lui rendait visite. Jamais elle ne m'avait parlé de cet ouvrage ", se souvient


celle qui est originaire des Landes. Écrit pendant son exil à Guernesey, Victor Hugo fait le récit d'un marin amoureux qui affronte les tempêtes.  Chez les Baudry, la littérature,


c'est une histoire de femmes. Au décès de Raymonde H Everest, sa grand-mère, il y a un deux ans, Nathalie Baudry en hérite. C'est à ce moment-là qu'elle découvre le précieux


cadeau.  Car sous ses doigts, comme par magie, les mots défilent et les pages racontent sa lignée. " Avant l'incipit, je trouve une feuille bleue libre qui a été pincée au reste du


livre. Elle est plus petite que les autres pages, avant de l'avoir sous mes yeux, j'avais du mal à y croire ", indique-t-elle. " C'EST LÀ QU'ON VOIT QUE LA


MÉMOIRE SE PERD " Victor Hugo a écrit à la plume : " A Monsieur Frédéric Morin, mon ami ", suivi d'une date :  mars 1866, l'année de publication de son ouvrage.


Impossible de déchiffrer le jour : cela pourrait bien être le 11 mars comme le 22. Le livre a été offert par Frédéric Morin, un proche donc de Victor Hugo, à Louis Cruveilhier,


l'arrière grand-père de Nathalie Baudry qui était professeur de dessin. La généalogie des Baudry raconte que son épouse était la professeure de piano de Françoise Sagan, à Cajarc, où la


famille possédait une maison. Rien que ça. " C'est typiquement le genre de livre qu'on oublie dans une bibliothèque de famille. On aurait pu ne jamais le découvrir.


C'est émouvant, ce livre se transmet de génération en génération, il est la preuve d'un cheminement, d'un lien qui se noue ", explique-t-elle émue. La couverture marron


est abîmée. Les pages ont jauni, sûrement victimes de moisissures, témoins de plus de 150 ans. " C'est là qu'on voit que la mémoire se perd. Ma grand-mère a oublié le lien de


parenté entre Louis Cruveilhier, mon arrière-grand-père et Frédéric Morin. Aujourd'hui, il est trop tard pour poser des questions, et c'est cruel ", souffle-t-elle. Les mots 


manuscrits de Victor Hugo n'ont jamais été authentifiés : " En faisant des recherches j'ai appris qu'il avait beaucoup dédicacé pendant sa carrière, ce n'est


peut-être pas si exceptionnel ". La valeur est ailleurs. Dans le cœur.  60 LIVRES ÉCRITS... POUR LES AUTRES Raconter des histoires, Nathalie Baudry en connaît un rayon. Mais


l'écrivaine raconte toujours celle des autres, jamais la sienne. Depuis dix-huit ans, elle rédige les biographies des personnes qui la contactent. Près de 60 livres imprimés, aucun


signé Nathalie Baudry. " Généralement, les aînés veulent raconter la guerre, la résistance ou les 30 glorieuses. Les plus jeunes veulent parler d'un évènement douloureux ",


observe-t-elle. Les plus âgés déballent leurs souvenirs dans les camps de concentration, la libération par l'armée russe, aussi effrayante, l'arrivée de l'électricité et de


l'eau courante dans les campagnes, de jeunes victimes parlent de l'inceste subi... Des sujets lourds et brûlants à recueillir entre les mains. C'est ainsi qu'elle révèle


parfois des secrets de famille dans des foyers éclatés partout en France. Des tranches de vie et des morceaux d'histoire comme ces lettres de poilus, découverts par l'un de ses


clients. Elle donnera à ce sujet une conférence aux collégiens de Gambetta à Cahors, le 26 mars prochain. " Je n'ai pas le talent pour écrire des romans, mon talent c'est


d'écouter et d'organiser un récit ", confie-t-elle. Alors, elle écoute et remplit son grand carnet de notes. Pose parfois des questions puis passe deux à trois heures pour


tout retranscrire. La séance coûte 130 euros. " Il faut compter entre 15 et 20 heures pour un livre généralement", note-t-elle. Un travail à la croisée du métier de journaliste et


de psychologue. " Il y a des vertus cathartiques et une démarche de transmettre dans un monde qui s'est considérablement accéléré ", répond celle qui s'imagine plutôt


comme une " passeuse d'histoire" et qui propose aussi de se déplacer dans son camping car pour des biographies " express" dans le jardin des uns et les autres.