La folle histoire de ce bateau du film "le grand bleu" en restauration à leucate

La folle histoire de ce bateau du film "le grand bleu" en restauration à leucate

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l'essentiel Sauvé de la casse par deux frère et sœur isérois, le Tirhandil est actuellement en réparation dans le chantier naval de Port-Leucate. Mais derrière ce bateau se cache un


récit extraordinaire, lié à un prestigieux maître turc et au film "Le Grand Bleu". Tout a commencé par la volonté de créer une association luttant contre la pollution marine. Chama


et Jamel Houcine, deux frère et sœur isérois, avaient cette idée en tête et se sont mis à la recherche d’un bateau afin d’en faire leur emblème. Très vite, ils sont mis en contact avec le


propriétaire d’un voilier turc, le Tirhandil, dont ils tombent amoureux. Ils apprennent que ce dernier est en Espagne, à Rosas (Catalogne), mais surtout qu’il tombe en ruines, et qu’il est


destiné à la destruction si aucun repreneur ne se présente rapidement. Les Houcine n’ont alors plus qu’un seul objectif : sauver ce navire. Novices dans le milieu maritime, ils lancent donc


un appel à l’aide afin de pouvoir rapatrier et restaurer l’engin sur le sol français. Parmi les nombreuses réponses favorables, le choix va être porté sur un bénévole retraité de la SNSM,


résidant à Leucate. "C’était le plus pratique pour nous en termes de distance", explique Chama. Commence alors une véritable mission commando pour ramener le vaisseau sur les côtes


audoises. Les trois individus se rendent ainsi en Espagne en décembre dernier, afin de transporter le voilier… par la mer. Malgré son état déplorable et une courte fenêtre d’une seule


journée, ils se lancent dans une traversée risquée suivant les côtes catalanes. Après plus de 10 heures de navigation, le bateau atteint enfin Port-Leucate, grâce à une météo très clémente.


"On a eu énormément de chance d’avoir du beau temps, la mer était comme un miroir", explique Chama. Mais ce n’est qu’à leur arrivée que ces débutants de la navigation mesurent


l’ampleur des risques qu’ils ont pris. "Les gens nous ont dit : mais vous êtes des fous ! Mais je tiens à les remercier pour leur accueil chaleureux", ajoute-t-elle. DES


RÉPARATIONS DIFFICILES Et une fois à quai, l’aventure est loin d’être terminée. En effet, il fallait rapidement sortir l’embarcation de l’eau, car la voilerie allait fermer pour les fêtes de


fin d’année. Le 20 décembre dernier, malgré des conditions très difficiles et un vent de force 8 (sur 13), le chef grutier de Port-Leucate Anthony Guichaoua et toute son équipe sont


parvenus à réaliser la sortie d’eau sans dommages majeurs, et le bateau a pu être placé sur berce. "On a eu très peur. On criait : il va casser, il va casser !", confie Chama.


Débute alors une autre opération complexe : la restauration du voilier. Depuis le mois de janvier, c’est le frangin, Jamel, qui s’attelle à cette tâche. Un travail long, complexe et coûteux,


qui nécessite quelques concessions. "Ça fait cinq mois que j’habite sur le bateau, j’ai même laissé tomber mes enfants, raconte Jamel. Toutes nos économies y sont passées, on en a pour


près de 30 000 € en tout". Carreleur de profession, il a dû s’adapter à un nouvel environnement, tout en comptant sur l’aide d’Ossian, charpentier naval. "J’ai réparé le moteur,


je m’occupe de tout ce qui est ponçage et peinture, et j’assiste le charpentier, je vais chercher le bois", explique l’homme de 51 ans. UN DESTIN HORS DU COMMUN En faisant des


recherches pour créer une page Instagram dédiée à l’association, également nommée Tirhandil, Chama Houcine a été contactée par la Tirhandil Cup, une course organisée chaque année en Turquie


entre des voiliers du même type que le leur. En discutant avec les organisateurs, elle apprend que son bateau est très réputé dans le pays, et qu’il est suivi depuis plusieurs années.


Poursuivant ses recherches, la présidente de l’association entre en contact avec un journaliste et écrivain spécialisé, qui lui explique que ce navire date de 1972 et qu’il a été conçu par


Ziya Güvendiren, reconnu dans toute la Méditerranée comme le "Maître des maîtres Tirhandil" et véritable star nationale en Turquie où des rues portent son nom et où ses œuvres sont


exposées dans des musées. Elle se rend alors compte qu’elle détient le seul engin de ce type sous pavillon français, et qu’il est une véritable merveille. Les papiers d’immatriculation


indiquant la date de 2011, Chama entame une nouvelle enquête afin de comprendre pourquoi ils n’affichent pas 1972 comme supposé. Durant la résolution (fructueuse) de ce problème, elle tombe


alors sur l’avant-dernière propriétaire du bateau, une Française qui résidait en Turquie, près de Bodrum, ville de conception du Tirhandil. Cette dernière lui indique que le voilier est


apparu dans le film Le Grand Bleu, réalisé en 1988 par Luc Besson. "J’AI EU DU MAL À Y CROIRE" "J’avais du mal à y croire ! L’avant-dernière propriétaire du bateau m’a envoyé


des coupures de presse en m’expliquant que le bateau était sur le tournage du Grand Bleu", livre Chama. "Je n’ai toujours pas de document officiel qui le prouve mais j’en suis


quasiment certaine, j’ai revu le film plusieurs fois et je vois mon bateau. J’ai même essayé de contacter Luc Besson, mais en tout cas ça nous donne encore plus de baume au cœur pour le


réparer", témoigne Chama au côté de Jamel Houcine. Ces réparations, justement, suivent leur cours à Port-Leucate, sous l’égide de Jamel et Ossian. Elles devraient se poursuivre durant


encore un mois et demi, avec une remise à l’eau prévue en août. Le bateau sera ensuite utilisé comme bureau de l’association afin de lutter contre la pollution sur le littoral et en mer,


mais aussi pour sensibiliser le public à l’importance de réduire la production de déchets. Vous pouvez aider Chama et Jamel en faisant un don sur leur site associationtirhandil.s2.yapla.com


ou en les contactant par e-mail à l’adresse suivante : [email protected].