Play all audios:
l'essentiel Président du Conseil départemental des Hautes-Pyrénées, Michel Pélieu dénonce le passage en force du Premier ministre François Bayrou pour rouvrir la ligne Pau Paris Orly,
fermée en octobre dernier en raison d’un fort déficit. Son forcing pourrait, selon lui, gravement impacter l’aéroport Tarbes-Lourdes-Pyrénées, en plein essor, et ce, alors même qu’une
démarche était déjà en cours pour trouver une juste complémentarité entre les deux aéroports. Interview. COMMENT SE RÉPARTIT AUJOURD’HUI LE TRAFIC VERS ORLY ENTRE LES DEUX AÉROPORTS ? Pau a
toujours assuré une liaison avec Paris-Orly, c’est vrai. Mais la baisse du transport d’affaires, notamment après le Covid-19, a entraîné une chute de 180 000 passagers sur cette ligne. De
notre côté, nous en avons récupéré environ 40 000 tandis que la ligne paloise vers Roissy en absorbait 20 000. Cependant, le reste, soit près de 100 000 passagers, a disparu, en grande
partie au profit du train. Aujourd’hui, Pau se trouve en effet à 4 h 30 de Paris et c’est une concurrence sérieuse pour l’avion d’Orly. Et puis il faut aussi reconnaître que l’offre de
Volotea de Tarbes vers Orly a aussi su séduire au-delà du département puisque les 227 000 sièges proposés en 2024 ont affiché un taux de remplissage de 82 %. Newsletter Aéronautique Votre
RDV hebdomadaire pour découvrir des INFORMATIONS EXCLUSIVES sur le secteur de l’aéronautique : interviews, analyses approfondies, enquêtes... S'inscrire À LIRE AUSSI : DECRYPTAGE.
"Guerre" des aéroports entre Pau et Tarbes : comment François Bayrou et son "fait du prince" ont rallumé la querelle EN QUOI LE RETOUR D’UN AVION DE 49 PLACES AU DÉPART
DE PAU VERS ORLY PEUT-IL NUIRE À LA LIGNE DE TLP ? Nous n’avons rien, dans le principe, contre cette liaison. Pau est un aéroport d’affaires, alors que Tarbes-Lourdes-Pyrénées est un
aéroport touristique, notamment grâce aux pèlerinages, mais plus seulement. On voit se développer aujourd’hui un véritable tourisme pour le ski et le vélo, aussi, grâce à la ligne vers
Paris. L’OSP, qui garantit cette liaison est donc essentielle pour notre développement économique, car nous n’avons ni TGV, ni facilités autoroutières pour nous désenclaver vers le nord,
contrairement à Pau, vers Bordeaux puis Paris. La RN21 est toujours à deux voies, depuis des décennies. Pourtant, cette OSP est donc régulièrement remise en cause par nos voisins palois. Il
y a même un véritable lobbying sur le thème de la "concurrence déloyale" et avec la réouverture en force de Pau Orly, l’Europe pourrait maintenant estimer que la présence d’une
offre commerciale à 40 km de Tarbes suffit à justifier la suppression de notre OSP. Sans cette aide, nous perdrions la seule liaison aérienne essentielle à notre territoire et à son
désenclavement. FACE À CETTE MENACE, QUELLES SONT VOS ACTIONS ? Nous avons alerté l’État, la Région. Mais ce qui nous pose le plus problème dans les Hautes-Pyrénées, ce n’est pas l’existence
de cette ligne Pau Orly, je le répète : c’est le fait qu’elle ait été créée sans concertation, alors que nous étions en pleine étude d’une éventuelle OSP commune pour les deux aéroports
afin d’éviter une concurrence stérile. Ensemble, nous aurions pu discuter des horaires, de la coordination des offres… Au lieu de cela, on nous a mis devant le fait accompli. Le
"patriotisme béarnais" ne doit pas primer sur l’intérêt général. Nous sommes ouverts à des discussions mais nous assistons à un passage en force, dicté davantage par des enjeux
politiques locaux que par des besoins réels. C’est non seulement un mépris total pour notre territoire mais c’est aussi un risque majeur pour son développement économique. Ce n’est pas
acceptable. QUELLE EST LA POSITION DE L’ÉTAT SUR CETTE QUESTION ? Une mission d’audit a été confiée à l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable. Son premier
rapport, rendu récemment, semble confirmer la pertinence de notre modèle. Cependant, nous attendons encore les conclusions officielles. Ce que chacun constatera, en attendant, c’est que
Volotea a changé la donne en développant une offre touristique compétitive chez nous. En plus de la liaison avec Paris, la compagnie propose des vols vers Rome, Naples, Catane ou Venise.
Elle renforce donc l’attractivité de notre aéroport, avec des billets accessibles alors qu’Amélia, qui avait également candidaté sur l’appel d’offres, nous proposait des tarifs plus élevés.
QUEL AVENIR POUR L’OSP DE TARBES LOURDES ET SON RENOUVELLEMENT ? Notre OSP actuelle court jusqu’en juin 2026. Nous devons obtenir sa reconduction pour garantir la connectivité de notre
territoire. Si elle venait à disparaître à cause de la nouvelle ligne de Pau, ce serait un coup très dur pour toute l’Occitanie et nos emplois. Nous continuerons donc à nous battre pour
défendre cette desserte essentielle.