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Désormais, Alexandre Avril n’y voit qu'_« une tempête dans un verre d’eau »_. Et juge qu'_« on a réglé le problème »_. Mais le maire de Salbris a bien dû estimer que tout était
allé beaucoup trop loin, puisqu’il a supprimé son message publié sur le réseau social X (ex-Twitter). Entre-temps, la polémique avait enflé, la haine s’était étalée… Que s’est-il passé
exactement ? Dans un premier temps, via un logiciel scolaire qui permet à la mairie de s’adresser aux parents (1), le maire de Salbris convie les écoliers de Salbris à un goûter_ « afin de
fêter la Saint-Nicolas » _(2), goûter qui s’est tenu après l’école vendredi 6 décembre 2024 à 16 h 30 sous la toute nouvelle halle de la commune. Ici, les versions divergent : selon
Alexandre Avril, une enseignante aurait fait remonter vers l’administration de l’Éducation nationale cette invitation perçue comme une atteinte à la laïcité. Du côté de la direction des
services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN), on assure pourtant à la _NR_ qu'_« aucun signalement concernant une atteinte à la laïcité n’a été effectué, ni à la DSDEN, ni
au rectorat »_. « DÉFERLEMENT DE PROPOS VIRULENTS ET DES MENACES PROFÉRÉES » Quoi qu’il en soit, Alexandre Avril a choisi de communiquer sur ses réseaux sociaux. Le 3 décembre à 18 h 39, le
maire de Salbris publie sur le réseau social X (ex-Twitter) le message suivant : _« Mon quotidien de maire : nous invitons les enfants de Salbris à un goûter vendredi après l’école, offert
par la mairie pour la Saint-Nicolas._ [Une enseignante] _s’indigne et fait un signalement à l’inspectrice pour “ atteinte à la laïcité ”. Tout va bien. »_ La _NR_ a fait le choix
d’anonymiser au maximum la personne citée, mais dans le tweet publié par le maire, elle est tout à fait identifiable, Alexandre Avril donnant sa fonction exacte. Aussitôt, la sphère
internet de l’extrême droite lui emboîte le pas. Le député RN de Moselle, Laurent Jacobelli, vice-président du groupe lepéniste à l’assemblée nationale, partage notamment le tweet de l’édile
solognot, en ajoutant _« tout mon soutien au maire de Salbris Alexandre Avril contre ceux qui s’acharnent à combattre nos traditions »_. Une publication toujours visible lundi 9 décembre
2024 en début d’après-midi. Le 4 décembre, le site internet d’extrême droite Boulevard Voltaire se fend d’un article, toujours en ligne lundi 9 décembre 2024 en début d’après-midi, reprenant
le contenu du message d’Alexandre Avril pour fustiger _« les laïcards teigneux »_… « VU PLUS D’UN MILLION DE FOIS » Entre-temps, une campagne de haine s’est mise en place sur Internet
contre l’enseignante salbrisienne. _« Parmi les commentaires, on en trouve notamment un appelant au viol et un autre à la mort de notre collègue » _(3), déplore le syndicat enseignant FSU
dans un communiqué. À l’inspection d’académie, on s’émeut de cette haine qui s’exprime._ « La directrice académique et les services de la DSDEN ont immédiatement pris en charge cette
situation mercredi 4 décembre et se sont mobilisés pour l’apaiser »_, indique à la _NR_ le cabinet de la directrice académique des services de l’Éducation nationale (Dasen) de Loir-et-Cher
Solène Berrivin. Qui précise : _« L’inspectrice de circonscription a contacté_ [l’enseignante]_. La directrice académique a appelé le maire de Salbris. Ce dernier a décidé de retirer sa
communication sur le réseau social X, en raison de l’ampleur des commentaires haineux »_. _« C’est pour cela que je l’ai vite enlevé de Twitter, _confirme Alexandre Avril_. Mais entre le
moment où je l’ai publié et celui où je l’ai retiré, cela a été vu plus d’un million de fois. »_ Le tweet du maire de Salbris semble être resté visible en ligne entre 2 h 20 et
vraisemblablement toute la nuit du 3 décembre 2024 au 4 décembre 2024. La FSU estime qu'_« en agissant ainsi sur les réseaux sociaux, Alexandre Avril savait pertinemment ce qu’il
faisait, connaissant le profil de ses abonnés »_. Le syndicat exige que des _« plus hautes autorités de l’État dans le département et dans l’académie_ […] _une expression publique de soutien
ferme et inconditionnel aux personnels victimes de tels agissements et d’étudier les suites judiciaires à donner »_. LE PARQUET SAISI Justement, interrogée par la _NR_, la directrice
académique _« tient à condamner fermement les attaques dirigées contre _[l’enseignante salbrisienne]_. Elle lui exprime son soutien total »_. Suite au _« déferlement de propos virulents et
des menaces proférées »_ sur le réseau social X, l’enseignante qui les a subis bénéficie de la protection fonctionnelle. C’est-à-dire que l’Éducation nationale l’entoure de mesures de
protection et de prévention et lui donne une assistance juridique. Enfin, la directrice académique indique à la _NR_ avoir pris la décision de signaler les commentaires les plus virulents au
procureur de la République, sur le fondement de l’article 40 du Code de procédure pénale. (1) Via Prim’OT. (2) Ou « à l’occasion de la Saint-Nicolas », selon une deuxième version du message
publiée par la suite par Alexandre Avril, toujours via Prim’OT. (3) La NR dispose des captures d’écran des commentaires les plus virulents. REPÈRES > ATTEINTE À LA LAÏCITÉ ? Un goûter
vendredi après l’école, offert par la mairie pour la Saint-Nicolas, constitue-t-il une atteinte à la neutralité laïque ? Pas sûr. Ainsi le récent _Vademecum : la laïcité à l’école_ indique
que _« lorsqu’un établissement public d’enseignement souhaite célébrer une fête sécularisée, comme par exemple la fête de Noël, il est nécessaire de s’assurer que la manifestation ne
s’accompagne, sauf circonstances particulières, de l’installation d’aucun signe ou emblème à caractère religieux et, ainsi, n’exprime pas la reconnaissance d’un culte ni ne marque une
préférence religieuse »_. Dans le cas précis, cela se passait en dehors du temps et de l’espace scolaire et était organisé par la mairie, soumise elle aussi au respect de la laïcité, avec,
on le présume, les mêmes précautions que celles indiquées dans le_ Vademecum_… > CE N’EST PAS LA PREMIÈRE FOIS qu’Alexandre Avril a maille à partir avec l’Éducation nationale. En juin
2022, il avait écrit au principal du collège Gaston-Jollet, de Salbris, pour lui demander de _« repenser l’organisation »_ d’une action de sensibilisation des élèves à la lutte contre
l’homophobie, pensée par des élèves.