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À son passage devant le comité consultatif d’urbanisme central de la Ville de Sherbrooke, le 29 mai, cette phase 2 s’est toutefois attiré de nombreuses critiques par le type d’aménagement
présenté. Plusieurs des membres du comité jugeaient le concept trop axé sur l’automobile et digne d’une autre époque en matière d’aménagement du territoire. «J’ai les yeux qui saignent de
voir ça», a même exprimé la conseillère Christelle Lefèvre en parlant notamment de la «marre d’asphalte» prévue et de l’étalement des superficies commerciales sur un seul étage, alors que
deux étaient prévus initialement. «On faisait ça dans les années 70», a pour sa part réagi Kevin Daigle, l’un des représentants citoyens sur le CCU, en déplorant le peu d’attention donné aux
modes de transport autres que l’automobile. Plusieurs commentaires émis par les autres membres allaient en ce sens. Qu’à cela ne tienne, au moment de se prononcer, le CCU était divisé et
incertain sur la réelle poigne qu’il avait pour émettre une recommandation défavorable à un projet apparemment «conforme», en plus de craindre de potentielles implications légales. À quatre
contre quatre, la présidente Geneviève La Roche a été appelée à trancher avec un déchirement évident. Dans le doute, elle a finalement penché pour apporter une recommandation favorable à la
table du conseil, tout en s’engageant à rapporter les préoccupations de ses collègues. Elle aurait toutefois préféré s’abstenir, et a même partagé après la séance être toujours «en
réflexion» sur la suite à donner, et même sur son vote final en conseil. La conseillère Danielle Berthold s’est affichée comme la plus affirmative pour recommander le projet considérant les
approbations accordées précédemment dans le dossier. «Oui, dans un monde meilleur, on demanderait autre chose», a-t-elle indiqué à ses collègues, mais considérant la règlementation en
vigueur, la conseillère de Desranleau juge que le promoteur répond aux attentes et que le CCU ne peut lui forcer la main pour réclamer un résultat différent. TRANSITION ENTRE VISION ET
RÈGLEMENTS La présidente du CCU central, mais aussi de la commission de l’aménagement du territoire, Geneviève La Roche, a dû reconnaître un décalage entre la vision qui anime le comité et
les outils urbanistiques en vigueur, alors qu’un nouveau plan d’urbanisme est d’ailleurs en élaboration à l’heure actuelle. Entretemps, on compose donc avec une «vision d’il y a 10 ans», a
déploré la conseillère du secteur, Joanie Bellerose. «C’était avant la pandémie, avant la crise du logement, avant les phénomènes météo plus intenses avec les changements climatiques»,
a-t-elle illustré. Mme Lefèvre et elle ont aussi partagé des inquiétudes quant à la gestion des eaux pluviales dans les vastes stationnements du projet. «L’aspect milieu de vie est
totalement absent», a aussi fait valoir Mme Bellerose, qui notait que le secteur est pourtant appelé à voir des centaines de portes s’ajouter à courte et à moyenne échéance. Dans la même
lignée, le citoyen membre Friedrich Dehem-Lemelin trouvait le bâtiment beaucoup trop en recul par rapport à la 12e Avenue, appelant au contraire à changer cette habitude déjà ancrée dans le
secteur, encore là pour se sortir d’une vision axée sur l’automobile, formalisée d’ailleurs avec la présence d’un service à l’auto dans le projet. Son collègue Shany Ménard avait aussi un
malaise par rapport à la circulation supplémentaire amenée sur la rue Bossé, où l’on retrouverait une entrée charretière, considérant tous les logements à venir dans cette rue dotée pour
l’instant d’un accès unique. Quant à David Lacoste, lui aussi membre citoyen du CCU, il a dit se résoudre à l’aménagement proposé, mais dans ce secteur bien spécifique. «C’est une sortie
d’autoroute. […] Malheureusement, on est encore là [en termes d’aménagement]», a-t-il observé, ajoutant aussi comme Mme Berthold qu’il faut «vivre avec le règlement actuel». Le dossier
pourrait se retrouver dès le 3 juin prochain devant le conseil municipal, le promoteur ayant fait la demande d’un cheminement accéléré pour démarrer des travaux rapidement afin d’accueillir
le locataire.