Postes canada: des voix s’élèvent contre le syndicat

Postes canada: des voix s’élèvent contre le syndicat

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«Je ne comprends pas que le syndicat ne réalise pas l’urgence de la situation», lance un facteur, qui a accepté de se confier au _Droit_ sous le couvert de l’anonymat. «Les gens sont tannés.


Je ne suis pas le seul qui a peur de perdre son emploi.» Le facteur, qui travaille dans la grande région de Montréal, peine à comprendre pourquoi le Syndicat des travailleurs et


travailleuses des postes (STTP) a refusé, en mai, de resoumettre au vote de ses membres le mandat de grève qui lui avait été confié à l’automne. «Depuis le mois de novembre, il s’est passé


énormément de choses. La grève a fait extrêmement mal, on a perdu tellement de volumes de colis, c’est désolant», affirme-t-il. Sur son itinéraire, «on parle d’une soixantaine de colis par


jour en moyenne», dit-il en guise d’exemple. «Aujourd’hui, j’en avais 17.» S’il reconnaît les «gros manquements» de Postes Canada dans sa gestion d’entreprise, il maintient que le syndicat a


des «demandes complètement démesurées et irréalistes», particulièrement au niveau salarial (19 % sur quatre ans). «On peut faire la grève toute l’année, on peut refuser de signer pendant


encore deux ans, jamais Postes Canada va accepter de donner ça», lance-t-il. «Ils nous donnent déjà 6 % la première année dans leur dernière offre. Il y a des secteurs de travail qui n’ont


même pas d’augmentation de salaire. Nous autres, on devrait se compter chanceux», soutient l’employé de l’unité des facteurs ruraux et suburbains. L’équipe de négociation a bel et bien été


élue, reconnaît-il. «Sauf qu’en tant que syndicat qui est censé être à l’écoute de ses membres, il faut être capable de s’adapter», de sentir un «mouvement fort chez les employés, qu’eux


autres sont d’accord avec les propositions de l’employeur», plaide-t-il. Il soutient d’ailleurs que le STTP n’a jamais publié le taux de participation au vote pour se doter d’un mandat de


grève. «Je l’ai demandé à plusieurs reprises, ils n’ont jamais voulu me le donner», déplore-t-il. Contacté par _Le Droit_, le STTP n’a pas réagi ni dévoilé ces chiffres. LOI DU SILENCE


L’employé, qui travaille depuis cinq ans chez Postes Canada, affirme que de nombreuses voix s’élèvent parmi les membres du STTP pour réclamer la tenue d’un vote sur les dernières offres de


l’employeur, présentées mercredi. «Mais on n’est pas entendus», souffle-t-il. «Les gens qui osent se prononcer en faveur des offres patronales, on se fait dire qu’on ne comprend pas, qu’on


ne connaît pas le processus de négociation.» Un employé de Postes Canada, qui s’affichait sur les réseaux sociaux en faveur des offres de l’employeur, a rapidement supprimé sa publication


après avoir été contacté pour témoigner. Un autre facteur, qui travaille depuis plusieurs décennies au sein de la société d’État, avait contacté _Le Droit_ cet automne pour se plaindre de la


tournure des négociations. Il avait toutefois refusé de témoigner à visage découvert, par crainte de représailles du syndicat. Contacté sept mois plus tard, il martèle qu’il aurait accepté


«la première offre à 12 %» d’augmentation salariale. «Et je ne suis pas le seul. Imaginez-vous maintenant avec les améliorations et primes à la signature!» OTTAWA APPELÉ À FORCER LE VOTE


Comme son collègue, il espère que le gouvernement fédéral interviendra pour forcer la tenue d’un vote. Postes Canada en a d’ailleurs fait la demande vendredi après-midi, appelant la ministre


de l’Emploi, Patty Hajdu, à se prévaloir de l’article 108.1 du Code canadien du travail, pour ordonner un scrutin._ _ «Après plus de 18 mois de négociations collectives, nous croyons que le


meilleur espoir de conclure des conventions collectives librement négociées est un scrutin auprès des employées et employés, administré par le CCRI (Conseil canadien des relations


industrielles)», écrit la société d’État. «Nous respecterons la décision de la ministre.» De son côté, le STTP organise plus d’une dizaine de manifestations à travers le pays, samedi, «à la


défense du service public postal».