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Alors qu’elle diversifie de plus en plus ses activités, Bell Canada est-elle encore une entreprise spécialisée en télécommunications? La question fait sourire Mirko Bibic, de passage à
Québec pour la rencontre annuelle avec ses employés. «Bell a toujours comme mission de connecter les gens. C’est ce que nous faisons depuis 145 ans. Les technologies pour le faire changent,
mais pas la mission», répond-il du tac au tac. Connecter passe aujourd’hui par la fibre optique. Actuellement présent dans 8 millions d’emplacements au pays, le géant des télécommunications
veut étendre son réseau de fibre optique chez nos voisins du Sud. Pour y arriver, la société a signé en novembre 2024 une entente d’acquisition de Ziply Fiber, un fournisseur d’accès
Internet par fibre optique américain. La transaction au coût de 5 milliards de dollars (3,65 milliards US) sera officialisée à la fin de l’été et Ziply Fiber deviendra une filiale de BCE, la
société-mère de Bell. «À partir de ce moment, on va accélérer notre plan d’expansion», renchérit le président. PLUS DE FIBRE OPTIQUE La première étape est d’ajouter 1,3 million
d’emplacements de fibre optique en sol américain, alors que son réseau canadien en compte 8 millions. > «D’ici la fin 2028, l’objectif est de totaliser 12 millions > d’emplacements de
fibre optique». > — Mirko Bibic, président et chef de la direction de Bell Les États-Unis représentent un véritable terrain de jeu pour BCE. Un vaste marché à connecter, pas de
règlementation, ni de CRTC. C’est là qu’il voit la croissance. «Nous voulons offrir les meilleurs réseaux. C’est l’un de nos quatre piliers de croissance», rappelle Mirko Bibic. Un autre
pilier est l’innovation technologique. > Devenir plus techno et investir dans les services technologiques aux > entreprises est une façon pour le géant montréalais des > télécoms de
se diversifier. C’est pourquoi Bell vient de créer la marque Ateko (pour «_Automated technological collaboration_», afin d’élargir ses services technologiques aux entreprises et de
simplifier les opérations grâce à l’IA. À l’heure actuelle, ce volet représente 250 millions en revenus annuels pour Bell. L’ambitieux objectif est de le quadrupler et atteindre 1 milliard
en chiffre d’affaires. «Ces dernières années, on a beaucoup investi dans nos réseaux. En lançant Ateko, ça nous permet de renouer avec le troisième pilier et de maintenir notre croissance»,
détaille le président. La stratégie de Bell a toujours reposé sur quatre piliers : le service à la clientèle, la connectivité et le développement de ses réseaux, les services technologiques
ainsi que les médias et le contenu numérique. LA CONFIANCE DES INVESTISSEURS Ce virage vers la techno pourrait permettre de regagner la confiance des investisseurs. Depuis le début de
l’année, Bell peine à maintenir sa valeur en Bourse et le cours de son action est passé sous les 30 $. Pour faire remonter le titre boursier, la direction a annoncé le 8 mai dernier une
série de mesures, dont la réduction de 56 % de son dividende. Le marché a bien réagi et le titre a remonté autour de 32 $. «On a présenté aux investisseurs un bilan intégré qui comprend une
réduction de la dette. Ç’a été très bien reçu», ajoute-t-il. Quel est l’avenir pour Bell? «On est actuellement dans une période de transition et on va vers la diversification. […] On est
confiant pour l’avenir de l’entreprise», assure le président. EN RAFALE Q MONTRÉAL OU TORONTO? QUEL EST VOTRE POINT D’ANCRAGE? R Les deux. Plus Toronto, mais j’alterne constamment entre les
deux et je visite aussi régulièrement les bureaux des autres villes. Q LE CRTC VIENT D’APPROUVER LA VENTE DE SEPT STATIONS DE RADIO DE BELL MÉDIA. EST-CE QUE D’AUTRES STATIONS SONT À VENDRE?
R Ce n’est pas dans nos plans. On a réduit notre parc de stations régionales, avec la vente de sept stations, mais on croit toujours à l’audio. La plateforme iHeartRadio est d’ailleurs au
cœur de notre stratégie de croissance. Q LE SERVICE À LA CLIENTÈLE A LONGTEMPS ÉTÉ DE TALON D’ACHILLE DE BELL. EST-CE TOUJOURS UNE PRÉOCCUPATION? R Oui, c’est une préoccupation.
Heureusement, on s’est amélioré et le nombre de plaintes diminue depuis 8 ans, On est passé de 30 % des plaintes déposées à la Commission des plaintes relatives aux services de
télécom-télévision (CPRST) à 16 %. On a encore du chemin à faire, il faut offrir le meilleur service. On peut aussi compter sur la fiabilité de nos réseaux. Q PARLANT DE FIABILITÉ, LE RÉSEAU
INTERNET DE BELL A SUBI UNE PANNE MAJEURE AU QUÉBEC ET EN ONTARIO LE 21 MAI DERNIER. QUELLE ÉTAIT LA CAUSE? R C’était une mise à jour qui a provoqué la panne Internet. La panne a duré 58
minutes, nos équipes ont réglé le tout rapidement. On se démarque par la fiabilité de nos réseaux, on a d’ailleurs construit nos réseaux en zones pour éviter une panne nationale. Ce n’était
pas un incident de cybersécurité. Ceci dit, on demeure toujours vigilants. UN AVOCAT À LA TÊTE DE BELL Diplômé en droit, Mirko Bibic avait le mandat de conclure les acquisitions chez Bell.
Sa compréhension du monde des affaires l’a propulsé à la haute direction. Il est depuis 2020 le président et chef de la direction de BCE et Bell Canada. Il siège aux conseils
d’administration de la Banque Royale du Canada et de Maple Leaf Sports & Entertainment. Il est également coprésident de la campagne Jeunesse, J’écoute. Né à Montréal d’un père d’origine
serbe et d’une mère d’origine française, Mirko Bibic a grandi à Longueuil.