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Le chef de file des députés Renaissance souhaite réparer à titre posthume «l’injustice» dont a été victime l’illustre officier de l’armée française, accusé et condamné à tort pour des faits
d’espionnage à la fin du XIXe siècle. Une initiative qui rejoint celle du groupe socialiste au Sénat. Publicité Dans un contexte de recrudescence des actes antisémites en France,
l’initiative est surtout symbolique. Le chef des députés Renaissance Gabriel Attal a déposé vendredi dernier une proposition de loi à l’Assemblée nationale pour élever le capitaine Alfred
Dreyfus (1859-1935) à titre posthume au grade de général de brigade, a appris _Le Figaro _confirmant une information du magazine _Challenges_ _._ L’affaire autour de cet officier juif de
l’armée française, accusé à tort et condamné, sur fond d’antisémitisme, pour des faits d’espionnage au profit de l’Allemagne en 1894, a cristallisé les tensions dans l’Hexagone entre la fin
du XIXe siècle et le début du XXe. Un scandale politico-judiciaire d’une rare ampleur qui avait polarisé à l’époque la société en deux camps : les «dreyfusards» et les «antidreyfusards». Si
l'intéressé avait été réhabilité douze ans plus tard au terme d’une campagne médiatique menée tambour battant par ses partisans, en premier lieu l’écrivain Émile Zola, la machination
judiciaire dont il a été la victime l’avait rétrogradé militairement. Dreyfus a beau avoir été réintégré dans l’armée française après avoir été innocenté, il n’a jamais retrouvé son grade
initial auquel son ancienneté donnait pourtant droit. Il fut finalement élevé à celui de lieutenant-colonel en 1919 après son engagement lors de la Première guerre mondiale. Quid alors de la
démarche de Gabriel Attal visant à laver l’affront fait à Dreyfus un siècle après ? Elle répond directement à une tribune signée, il y a deux semaines, dans _Le Figaro_ _ _par l’ancien
ministre socialiste Pierre Moscovici, l’avocat Frédéric Salat-Baroux et le président de la Maison Zola-Musée Dreyfus, Louis Gautier. Mi-avril, les trois personnalités appelaient _«à ce qu’un
ou plusieurs groupes parlementaires, et pourquoi pas la représentation nationale tout entière, s’emparent maintenant de ce combat»_. Dans l’exposé des motifs du texte que nous avons pu
consulter, Gabriel Attal estime que les _«cinq années de déportation et d’humiliation»_ de Dreyfus sur l’île du Diable (Guyane) _«ont irrémédiablement freiné sa carrière militaire»_. _«Il
est incontestable que sans cette injustice», _cette _«faute d’État»_, (il)_ aurait accédé naturellement aux plus hauts grades»_, constate le patron du parti présidentiel Renaissance,
exhortant la France, à travers l’article unique de sa proposition de loi, à _«honorer l’idéal républicain». _En _«reconnaissant ses erreurs et affrontant lucidement ses égarements»_. Et
Gabriel Attal d’ajouter : _«Promouvoir Alfred Dreyfus au rang de général de brigade constituerait un acte de réparation, une reconnaissance de ses mérites et un hommage rendu à son
engagement républicain.» _ Hasard ou non, l’initiative de l’ex-premier ministre rejoint celle des sénateurs socialistes. «_La Nation française, éprise de justice et qui n’oublie pas, élève à
titre posthume Alfred Dreyfus au grade de général de brigade», _dit le texte de la Chambre haute déposé mardi 29 avril par Patrick Kanner, patron du groupe PS au Palais du Luxembourg. «_Ce
n’est pas un sujet politique», _a assuré l’élu du Nord auprès de la radio locale ICI, qui n’hésite pas à inscrire sa proposition de loi dans le contexte actuel. «_L’antisémitisme grandissant
dans notre pays aujourd’hui, ce climat assez nauséabond que l’on voit ici ou là, avec parfois des actes insupportables, on peut aussi le combattre par des actes symboliques», _a-t-il
considéré.