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Créé il y a tout juste six ans, Chega (Assez) a franchi pour la première fois la barre des 20% des suffrages lors des législatives anticipées du 18 mai, un tournant dans le paysage politique
du pays. Publicité Le parti d’extrême droite Chegapor, qui a obtenu 60 sièges dans un Parlement portugais largement à droite, selon les résultats définitifs des législatives publiés
mercredi 28 mai, devient officiellement le premier parti d’opposition au Portugal, un tournant dans le paysage politique du pays. «_Le Portugal s’aligne sur une tendance européenne et
internationale», celle d’un «vote protestataire»_ et _«antisystème»_, reconnaît la politologue Paula Espirito Santo de l’Institut supérieur des sciences sociales et politiques de
l’Université de Lisbonne (ISCSP). Créé il y a tout juste six ans, Chega (Assez) a franchi pour la première fois la barre des 20% des suffrages lors des législatives anticipées du 18 mai.
Grâce à sa victoire dans deux des quatre circonscriptions de l’étranger, annoncée mercredi, Chega obtient 22,76% des voix et compte 60 députés, contre 50 lors de la mandature précédente. Il
devance le Parti socialiste (22,83%, 58 sièges) et s’impose comme première force d’opposition face à l’Alliance démocratique de centre droit, qui a remporté le scrutin avec 31,79% des voix
et 91 sièges, loin de la majorité absolue. «UN MOUVEMENT DE FOND» _«C’est une grande victoire»_, s’est félicité mercredi soir le leader du parti d’extrême droite André Ventura, affirmant que
ce résultat _«marque un changement profond dans le système politique portugais»_. Avec la perte de près de 860.000 voix depuis les élections de janvier 2022, quand il avait obtenu la
majorité absolue, le PS apparaît comme le grand perdant de ce scrutin. Ce résultat annonce-t-il pour autant un changement structurel durable du paysage politique portugais? _«Il faut
attendre pour avoir des réponses»_, estime auprès de l’AFP la politologue Filipa Raimundo, professeure de Sciences politiques à l’Institut universitaire de Lisbonne ISCTE. Contrairement à
d’autres pays européens où le déclin de la gauche _«s’était produit après la crise»_ financière de 2008, au Portugal, le PS _«avait réussi à capitaliser sur le sentiment antiaustérité»_,
contre les mesures mises en œuvre pour surmonter la crise de la dette, rappelle-t-elle. _«Il y a effectivement un mouvement de fond»_, estime de son côté Paula Espirito Santo. _«On ne peut
pas dire que Chega reculera dans les prochaines années (...), Chega est là, a priori, pour durer encore un bon moment»_. _«Nous ne pouvons peut-être pas considérer que tous les électeurs de
Chega sont d’extrême droite, mais ils adhèrent certainement à certaines des solutions radicales et antisystème que Chega propose - peut-être aussi en raison de l’usure de la capacité des
partis traditionnels à répondre aux attentes»_, pointe-t-elle. L’AVENIR DU PS «N’EST PAS PRÉVISIBLE» Pour l’instant l’avenir du PS _«n’est pas prévisible»_, juge Paula Espirito Santo,
rappelant que le prochain grand test du parti se jouera lors des élections municipales à l’automne, avec à sa tête un nouveau leader. Le parti est aujourd’hui en pleine réorganisation depuis
la démission de son secrétaire général Pedro Nuno Santos après les dernières élections. Le seul candidat aujourd’hui déclaré pour les élections internes des 27 et 28 juin est José Luis
Carneiro, 53 ans, un ancien ministre de l’Intérieur. Il s’est déjà engagé à _«tout mettre en œuvre pour la stabilité du pays» _se positionnant comme «un partenaire de dialogue» si la
coalition de centre-droit qui a remporté les élections fait _«un premier pas»_. À l’autre bout du spectre politique portugais, le leader de Chega a, lui, appelé le premier ministre sortant
Luis Montenegro, qui a toujours refusé de dialoguer avec l’extrême droite, à _«couper avec le PS»_. Empêtré dans des soupçons de conflit d’intérêts, Montenegro s’était soumis à un vote de
confiance, mais son échec avait contraint le président Marcelo Rebelo de Sousa à dissoudre l’Assemblée et convoquer de nouvelles élections. La victoire, même sans majorité absolue, de sa
coalition, devrait en toute logique pousser le président portugais à le nommer de nouveau au poste de chef de gouvernement. Marcelo Rebelo de Sousa, qui a déjà consulté les partis la semaine
dernière, va recevoir une nouvelle fois les principales formations politiques dès jeudi avant de désigner le nouveau Premier ministre, peut-être dès jeudi soir.