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Publicité Le groupe de spiritueux Rémy Cointreau a annoncé mercredi renoncer à ses objectifs pour 2029-30 en raison_ «des incertitudes géopolitiques liées aux politiques tarifaires de la
Chine et des États-Unis»_, lors de la publication d'un bénéfice net annuel en recul de 34,4%. Fin avril, le groupe, propriétaire notamment de la maison de cognac Rémy Martin, avait déjà
fait état d'un chiffre d'affaires en repli de 17,5%, à 984,6 millions d'euros, pour son exercice décalé 2024-25 achevé fin mars, affecté par des _«conditions de marché
complexes» _en Chine et une baisse des ventes aux États-Unis. Mercredi, dans un communiqué, Rémy Cointreau annonce un bénéfice net annuel de 121,1 millions d’euros, contre 184,8 millions un
an plus tôt, soit un recul de 34,4% en données publiées. Sa marge opérationnelle courante s’est pour sa part repliée de 3,5 points, pour s’établir à 22%. _«Compte tenu du manque de
visibilité macroéconomique persistant, des incertitudes géopolitiques liées aux politiques tarifaires de la Chine et des États-Unis et de l’absence, à ce jour, d’une reprise aux États-Unis
fondée sur une amélioration des tendances sous-jacentes, Rémy Cointreau estime que les conditions ne sont plus réunies pour maintenir ses objectifs 2029-30»_, indique-t-il. _«En
conséquence»_, il a «_décidé de retirer la guidance 2029-30 annoncée en juin 2020»_, qui visait notamment une marge opérationnelle courante de 33% à cette échéance. _«Cette décision est
également motivée par l’arrivée prochaine d’un nouveau directeur général qui définira sa propre feuille de retour tout en s’inscrivant dans la stratégie de la valeur du groupe mise en œuvre
depuis des décennies»_, précise le groupe, alors que Franck Marilly doit prendre ses fonctions le 25 juin. PLUSIEURS CENTAINES DE SALARIÉS AU CHÔMAGE PARTIEL Rémy Cointreau est très
dépendant du cognac, qui représente environ les deux tiers de son chiffre d’affaires. Les mesures antidumping temporaires de Pékin imposent depuis mi-novembre aux importateurs de brandys
européens (eaux-de-vie de vin, essentiellement du cognac) de déposer auprès des douanes chinoises une caution, en représailles à une procédure européenne visant les subventions d’État dont
bénéficient les véhicules électriques fabriqués en Chine. Ces mesures ont porté un coup en France à la filière cognac, qui affirme perdre 50 millions d’euros par mois depuis leur
instauration, sans compter l’impact à venir de potentielles taxes douanières de la part de l’administration Trump. En conséquence, Rémy Martin a décidé mi-avril de placer plusieurs centaines
de salariés de son site de Merpins, en Charente, au chômage partiel une semaine par mois jusqu’en juin. Pour l’exercice 2025-2026, Rémy Cointreau dit _«anticiper un retour à la croissance
organique du chiffre d’affaires, principalement portée par un fort rebond technique des ventes aux États-Unis dès le premier trimestre»_. À date, le groupe estime que _«l’augmentation
potentielle des tarifs douaniers pourrait engendrer un impact maximal brut de 100 millions d’euros sur le résultat courant opérationnel (ROC) en 2025-26»_ mais se dit _«en mesure de
compenser jusqu’à 35% de l’impact en 2025-26 grâce à la mise en œuvre de ses plans d’actions, soit un impact maximal net de 65 millions d’euros»_.