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REPORTAGE - La métropole de Lyon a inauguré mercredi un lieu hybride baptisé Casa Ricochet, accueillant des logements pour les jeunes sortis de la protection de l’enfance dans un cadre
verdoyant. Publicité Comment faire pour que les jeunes de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) cessent de venir grossir le nombre de sans-abri. Alors que le rapport Santiago a illustré la
situation alarmante de la protection de l’enfance en France, la métropole de Lyon a ouvert un lieu hybride dans le 8e arrondissement à destination des 18-21 ans qui sortent de ce dispositif.
_«Un projet inédit d’insertion sociale et de transition écologique»_, baptisé Casa Ricochet. Il a été créé en partenariat avec Alynéa, l’association qui organise le Samu social à Lyon, et
le Passe jardin, qui gère les 240 jardins partagés de la métropole depuis 20 ans. Elle dispose de six studios dans un pavillon rénové du quartier Sans Souci, entouré d’un jardin partagé
accessible à tous. Ce projet baptisé «plan A» propose 14 autres logements sur d’autres sites. _«La Casa Ricochet apporte une réponse innovante à des besoins identifiés de longue date : ceux
de jeunes majeurs sortis de la Protection de l’enfance, en rupture et trop souvent laissés sans solution adaptée par nos dispositifs traditionnels»_, s’est réjoui Bruno Bernard (EELV), le
président de la métropole. Le bâtiment, appartenant à la ville de Lyon a été mis à disposition pour 20 ans. D’importants travaux de réhabilitation ont dû être menés pour remettre en état
cette maison auparavant squattée. Les six studios sont habités depuis le 1er avril. Le dernier étage est désormais occupé par les bureaux de l’association Passe jardin. L’idée est de placer
dans un cadre agréable ces jeunes au _«parcours cabossé»_, notamment de nombreux mineurs non accompagnés, et de les aider à _«prendre leur envol»_, image Alynéa. Le tout dans un quartier
étudiant bien desservi par le métro. L’association a remporté un appel à projet de la métropole passé dans le cadre de la loi Taquet de 2022 qui demande aux départements, en charge de la
compétence sociale, de développer l’accompagnement après la majorité. COUPER AVEC LA LOGIQUE DES FOYERS DE L’ASE Alynéa l’a développé sur deux piliers : les logements et le _«lieu
ressource»_ d’accompagnement des 20 jeunes d’une part, le jardin partagé (pensé _«comme un lieu de rencontres, d’apprentissage et de création collective»)_ d’autre part. L’objectif est
d’améliorer les statistiques, qui comptabilisent un quart d’anciens enfants de l’ASE parmi les personnes vivant à la rue. Nouvelle résidente de la Casa Ricochet, Yannoura a ainsi appris à
planter des arbres. _«J’ai été placée pour la première fois à trois ans et je n’avais pas une bonne image de la protection de l’enfance jusqu’ici,_ témoigne-t-elle devant le parterre d’élus
écologistes et de travailleurs associatifs venus pour l’inauguration, mercredi matin. _Ici c’est différent. C’est la première fois que j’ai autant d’autonomie et autant d’accompagnement»_.
C’est la volonté d’Alynéa, fournir un logement pour l’intimité et un cadre pour l’insertion, en coupant avec la logique des foyers qu’ont connu les enfants placés durant leur enfance.
_«L’équipe multidisciplinaire est composée de travailleurs sociaux, infirmière, psychologue, intervenant social pair, _précise la Métropole._ Elle les soutient dans leur construction en tant
qu’adultes, favorise l’accomplissement de leurs projets et de leurs rêves, en leur permettant de conscientiser leurs forces, leurs talents, moteurs d’insertion et d’inclusion dans la
cité»_. La collectivité apporte un soutien financier de plus de 700.000 euros par an. _«Au total, 680 places pour ces jeunes entre 18 et 21 ans ont été créées sur le mandat,_ s’est félicité
Bruno Bernard, président d’une métropole qui a fortement augmenté son budget consacré à la protection de l’enfance (+45%)._ Auparavant on payait souvent des nuitées d’hôtel»_.