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À deux semaines de la fin du conclave sur les retraites, les députés ont mis la pression sur l’exécutif en adoptant très largement, ce jeudi un texte non contraignant défendu par le Parti
communiste. Publicité C’est un vote très symbolique qui a eu lieu ce jeudi matin. Mais qui vise à mettre la pression sur l’exécutif en lui envoyant un message clair : l’Assemblée nationale
est majoritairement favorable à l’abrogation de la réforme des retraites. Après plusieurs tentatives ces derniers mois, avec des propositions de loi du groupe Liot, du RN, ou encore des
Insoumis, toutes écartées d’une manière ou d’une autre - irrecevabilité, obstruction parlementaire - par les macronistes, les communistes avaient aujourd’hui changé de stratégie. Leur
président de groupe, Stéphane Peu, avait décidé de mettre à l’ordre du jour une proposition de résolution enjoignant au gouvernement d’abroger la réforme des retraites. Un texte non
contraignant mais permettant à l’Assemblée nationale de se prononcer pour la première fois depuis 2023 et la non-adoption, à neuf petites voix près, de la motion de censure du groupe Liot
contre le gouvernement d’Élisabeth Borne, qui avait dégainé le 49-3 pour faire adopter sa réforme. Un pari réussi pour les communistes, puisque leur texte a été adopté, à 198 voix pour, 35
contre. «À QUOI BON CE SIMULACRE ?» Dans un Hémicycle complètement déserté par les troupes d’Emmanuel Macron, le communiste Stéphane Peu a regretté que _«ce gouvernement refuse obstinément
de revenir sur cette réforme (...) brutale et injuste (...), la plus grande blessure démocratique depuis le référendum de 2005»_, selon lui. Avant de déplorer _«les manœuvres d’obstruction
ou d’irrecevabilité»_ des macronistes _«pour ne pas que la réforme soit abrogée»_. Et de prévenir, sous forme de menace : _«Soit le gouvernement opte pour la sagesse et la concorde et abroge
cette réforme, soit il opte pour saisir les Français par référendum»_. L’initiative a largement été soutenue par la gauche. _«La réforme à 64 ans aurait dû être abrogée depuis longtemps»_,
a critiqué la patronne du groupe LFI, Mathilde Panot. Avant que François Ruffin, du groupe écologiste et social, ne peste contre la majorité : _«Avec vous, pas de vote jamais : des 49-3, de
l’obstruction, des conclaves. Vous êtes le gouvernement de l’enlisement»_. Le Rassemblement national, qui a voté pour cette résolution, l’a toutefois largement critiquée. _«Nous sommes les
spectateurs contraints d’une pièce de théâtre avec un scénario lassant. À quoi bon ce simulacre ? Le Parlement n’est pas là pour mendier une abrogation. Il est là pour la voter et une
majorité absolue existe dans cet Hémicycle»_, a tancé le député RN Théo Bernhardt. UNE «MASCARADE» _«Votre proposition est séduisante mais son adoption ne serait que symbolique alors que nos
concitoyens attendent des mesures concrètes et des actes»_, a de son côté regretté le député Liot Stéphane Viry. Le député LR Jean-Didier Berger a moqué _«une véritable mascarade»_, avant
que la ministre du Travail et de l’Emploi, Astrid Panosyan-Pouvet, ne prenne à son tour la parole. _«La question des retraites continue à tarauder le pays»_, a-t-elle admis, paraphrasant le
premier ministre lors de sa déclaration de politique générale, en janvier dernier. _«Aucun choix n’est simple»_, a-t-elle ensuite admis. _«Il me semble plus important de regarder le travail
à faire que d’organiser une machine arrière. Depuis les premières réformes du gouvernement Balladur en 1993, personne n’est jamais revenu en arrière. (...)»_, a ensuite argumenté Astrid
Panosyan-Bouvet, estimant que le débat ne se pose plus _«dans les mêmes termes»_ aujourd’hui qu’hier. Regrettant un _«procès à charge»_ ainsi que _«les excès, la polarisation et le blocage
de l’Assemblée»_ organisé par la gauche pendant les débats en 2023. Et de rappeler le résultat négatif de la motion de censure déposée à l’époque : _«Ce vote a eu lieu et il n’était pas
acquis»_. Faisant ainsi crier de colère des Insoumis très remontés. _«Tout n’était pas parfait, je suis la première à le reconnaître. Il y a notamment la question de la pénibilité»_,
a-t-elle toutefois admis. Avant de conclure, sous les attaques des bancs de la gauche : «Une adoption de cette résolution constituerait un mépris pour les partenaires sociaux». À deux
semaines de la fin du conclave des partenaires sociaux sur les retraites lancé par le premier ministre, François Bayrou, les députés viennent en tout cas d’envoyer un signal au gouvernement
: après son adoption contestée en 2023, la réforme des retraites ne fait toujours pas consensus au Palais Bourbon, loin de là.