«je n’ai bien entendu jamais dit que nous allions délocaliser le groupe lvmh» : la réponse cinglante de bernard arnault à michel-édouard leclerc

«je n’ai bien entendu jamais dit que nous allions délocaliser le groupe lvmh» : la réponse cinglante de bernard arnault à michel-édouard leclerc

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«JE N’AI BIEN ENTENDU JAMAIS DIT QUE NOUS ALLIONS DÉLOCALISER LE GROUPE LVMH» : LA RÉPONSE CINGLANTE DE BERNARD ARNAULT À MICHEL-ÉDOUARD LECLERC «Cette affirmation est fausse», a ajouté


l’homme d’affaires, quelques heures après que le distributeur a formulé des critiques visant ses propos tenus plus tôt dans la semaine. Publicité La riposte ne s’est pas fait attendre.


Pourtant peu habitué des sorties explosives, le PDG de LVMH, Bernard Arnault, semble prendre goût aux petites phrases cinglantes. Ce vendredi, en début d’après-midi, le patron français a


répondu aux critiques formulées le matin même par le dirigeant des centres E. Leclerc. _«Je n’ai bien entendu jamais dit que nous allions délocaliser le groupe LVMH. Cette affirmation est


fausse»_, a écrit le milliardaire dans un communiqué, publié sur les réseaux de son groupe phare. Quelques heures plus tôt, sur LCI, le distributeur Michel-Edouard Leclerc avait dénoncé les


propos tenus par Bernard Arnault, cette semaine, les jugeant contre-productifs. _«Quand on revient en France et qu’on voit qu’on s’apprête à augmenter de 40% les impôts des entreprises qui


fabriquent en France, c’est incroyable. Pour pousser à la délocalisation, c’est idéal»_, s’était exclamé le milliardaire, mardi, lors de la publication des résultats annuels du leader


mondial du luxe, dont il est le principal actionnaire. Pourtant partagés par d’autres patrons, ce constat et ces tournures de phrase ont été perçus comme un _«chantage»_ par Michel-Édouard


Leclerc. _«Ce n’est pas forcément positivement impactant d’avoir un des hommes les plus riches de France qui dit, “si ça ne le fait pas, je quitte le pays”»_, a-t-il cinglé, vendredi matin.


_«Vous ne m’entendrez jamais dire ça. Je parle à titre personnel mais je pense que tous les chefs d’entreprise des Leclerc, Intermarché, (Coopérative) U, Intersport, on est des gens de


terroir, on sait d’où on vient et ce qu’on doit à notre pays, il n’y a aucun d’entre nous qui ferions un chantage comme ça»_, a-t-il brocardé, enfonçant le clou. >  «JE LUI CONSEILLE DE


VENDRE DANS SES SUPERMARCHÉS DAVANTAGE DE PRODUITS FRANÇAIS» Dans un contexte électrique, marqué par les discussions sur l’austérité nécessaire pour rétablir les finances publiques, le débat


sur la fiscalité des entreprises se déplace donc désormais entre les patrons. _«Le groupe LVMH est fier d’employer directement et indirectement près de 200.000 personnes en France, et


d’être année après année le premier recruteur privé de France. C’est précisément parce que j’aime la France et que je souhaite que notre pays continue à rester compétitif que j’ai tenu à


alerter sur des mesures qui me paraissent en tous points contre-productives»_, répond Bernard Arnault, dans le communiqué. L’alourdissement de la fiscalité prévu dans le projet de budget


2025, sur lequel sénateurs et députés viennent tout juste de tomber d’accord, est _«une incitation à la délocalisation»_, qui taxe _«le Made in France, mais pas les entreprises françaises


délocalisées»_, ajoute ensuite le dirigeant dans sa réponse au distributeur connu pour sa grande influence sur les réseaux sociaux. Dans cette passe d’armes par médias interposés, le PDG va


même plus loin, et met directement en cause les pratiques des équipes de Michel-Édouard Leclerc. _«Quant à Monsieur Leclerc, puisqu’il semble vouloir défendre les PME françaises, je lui


conseille de vendre dans ses supermarchés davantage de produits français, et d’arrêter de pressurer les fournisseurs français, au risque de les mettre en difficulté, en cherchant à obtenir


d’eux des prix toujours plus bas»_, écrit-il, dans une attaque publique rarissime. Et d’appeler le distributeur à montrer _«de cette façon son patriotisme, plutôt qu’en critiquant un groupe


qui fait rayonner la France dans le monde avec ses artisans et ses fournisseurs, en les aidant à se développer dans notre pays»_. De son côté, le groupe de luxe manque rarement une occasion,


ces derniers temps, de rappeler qu’il paye déjà 6 milliards d’euros d’impôts dans le monde, dont la moitié en France. Et qu’avec 119 ateliers dans l’Hexagone et 1,7 milliard d’euros


investis l’an dernier, la puissance de son empreinte économique et sociale dans notre pays n’est plus à démontrer. TENSIONS DANS LE PATRONAT FRANÇAIS Cet échange d’amabilités entre deux


figures bien connues du monde des affaires illustre les tensions qui traversent le patronat français, échaudé par l’incertitude politique, l’invincible lourdeur administrative tricolore, de


sombres perspectives économiques, ainsi que la volonté des parlementaires de forcer les grandes entreprises à mettre la main à la poche pour renflouer les comptes publics. _«Je reviens des


USA et j’ai pu voir le vent d’optimisme qui régnait dans ce pays. Et quand on revient en France, c’est un peu la douche froide»_, constatait, navré, Bernard Arnault, cette semaine, à son


retour d’une semaine aux États-Unis, où il avait assisté à la cérémonie d’investiture de Donald Trump au Capitole. Une impression partagée au sein des dirigeants, qui n’hésitent plus à


manifester leur inquiétude, voire leur agacement.