«Q_uand le ciel se dégage, l'air est si transparent qu'Arnarulunguaq a l'impression qu'elle pourrait cueillir les étoiles. »_ La seule chose que vous n'aimerez pas

dans ce livre, c'est d'apprendre à prononcer le nom de l'héroïne. Avec _La Fille du grand hiver_, en effet, la navigatrice écrivaine Isabelle Autissier, première femme à avoir

accompli un tour du monde à la voile en solitaire, redonne vie à celle qui s'illustra par un autre exploit : accompagner l'explorateur Knud Rasmussen, en traîneau, en 1921, lors

de la 5 e expédition de Thulé. Du Groenland au Pacifique, dans des conditions dantesques.

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Elle s'appelait Arnarulunguaq, elle était inuite, elle avait 25 ans et aurait dû ne jamais les atteindre, sa mère, après la mort de son mari, ayant décidé de tuer sa dernière-née afin

de supprimer une bouche à nourrir. Une pratique, hélas, coutumière en ces terres glacées où la faim mord autant que le froid. Le destin, ou plutôt l'amour d'un frère, en décidera

autrement, propulsant cette fillette venue au monde dans un igloo, et promise à une vie de femme de chasseur, dans la légende de l'exploration mondiale.

À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre Le livre d'Autissier retrace l'épopée d'une pionnière qui ne se laissa pas réduire à la cuisine ou à l'entretien des peaux, mais

devint une véritable ethnologue, collectant les objets, dessinant à la main les motifs tatoués sur la peau des femmes Netsilik, et rencontrant à la fin du voyage le président Coolidge à la

Maison-Blanche. Rasmussen ne tarissait d'ailleurs pas d'éloges sur elle. Ont-ils eu une « histoire » ? C'est la part la plus romanesque de cette très belle résurrection

d'une aventurière dont la trace s'était un peu trop effacée sur la banquise de notre mémoire collective.

_« La Fille du grand hiver »_, d'Isabelle Autissier (Paulsen, 192 p., 19 €).