Play all audios:
POLOGNE : « NOUS CONTINUERONS MÊME AVEC UN PRÉSIDENT HOSTILE », JURE DONALD TUSK
C'est un Donald Tusk combatif qui s'est exprimé lundi soir, 24 heures après la défaite électorale de son candidat à la présidentielle. Face à une Pologne coupée en deux, le Premier
ministre polonais a tenté de transformer la défaite en mobilisation. « Je ne m'arrêterai pas un instant en tant que Premier ministre, a-t-il prévenu. Il y a trop de choses à faire. »
Il n'ignore pas que le nouveau président dispose d'un large droit de veto, mais il assure qu'« un plan d'urgence prévoyant une cohabitation difficile est préparé ». Ce
pouvoir de veto, le plus puissant d'Europe, peut bloquer n'importe quelle réforme avec un simple refus de signature. Et pour passer outre, il faut une majorité qualifiée des trois
cinquièmes à la Chambre basse, le Sejm, un seuil insurmontable pour la coalition dirigée par Tusk qui ne dispose que de 248 députés sur 460 (et 62 sur 100 au Sénat).
Mais la menace ne vient pas seulement de Karol Nawrocki. Elle vient aussi de l'intérieur, de ses propres alliés. Donald Tusk le sait : sa coalition hétéroclite – qui va du PSL
conservateur à la Nouvelle Gauche – risque de se déliter face à l'adversité. D'où cette annonce claironnante : « Le premier test sera le vote de confiance que je demanderai au Sejm
dans les plus brefs délais. » Lors de son premier mandat, il y a plus de dix ans, Donald Tusk avait déjà utilisé le vote de confiance comme instrument de confirmation de soutien à deux
reprises : en 2012 et en 2014.
Cependant, l'un de ses alliés, Szymon Holownia, le chef du parti Polska 2050, a considéré, un peu plus tôt dans la journée de lundi, que ce vote de confiance n'était pas
nécessaire. Lors d'une allocution devant la Diète, il a considéré que cet acte serait « mauvais » et « théâtral ». « Aujourd'hui, il n'y a aucun problème de légitimité pour le
gouvernement dans cette chambre. Ce gouvernement y est majoritaire, rappelle-t-il. Cependant, si nous voulons vraiment montrer que nous avons compris ce qui s'est passé, nous devons
d'abord trouver une nouvelle voie et présenter au peuple un plan de travail. »
À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre Donald Tusk ne dit pas autre chose en affirmant qu'il présentera « des projets de loi déjà prêts ». « S'il le faut, nous gouvernerons et
prendrons des décisions même avec un président qui essaie de bloquer les bonnes réformes, assure-t-il. Nous en avons déjà l'expérience. » Cette « expérience », c'est celle de
dix-huit mois de guérilla avec le précédent président, Andrzej Duda, qui a déjà bloqué sept initiatives majeures du gouvernement. Avec Karol Nawrocki, nationaliste assumé et climatosceptique
revendiqué, la confrontation promet d'être encore plus rude. Jaroslaw Kaczynski, l'homme fort du parti ultraconservateur PiS, qui soutenait Nawrocki, annonce d'ailleurs la
couleur : lundi, Kaczynski a appelé à la démission du gouvernement Tusk et à la formation d'un « gouvernement technique ».
Indifférent à cet appel, Donald Tusk énumère sa feuille de route comme un défi lancé au futur président : « affaires internationales, construction d'une armée puissante et d'une
économie forte, réindustrialisation, sécurité sociale, lutte contre la criminalité ». Autant de domaines où les veto présidentiels risquent de pleuvoir…