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C'était l'élection dans l'élection, scrutée de très près dans le vaste bureau d'Anne Hidalgo à l'Hôtel de Ville de Paris. Quel allait être le rapport de force au
sein de la fédération socialiste de la capitale après le premier tour pour élire le premier secrétaire du PS, le mardi 27 mai ? Et, partant, qui aurait le plus de chances entre Rémi Féraud
et Emmanuel Grégoire de devenir le candidat pour l'élection municipale de 2026 ?
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Chacun des deux prétendants à la succession d'Hidalgo appartient à un camp : Féraud défend le Texte d'orientation (TO) de Nicolas Mayer-Rossignol, notamment parce qu'Anne
Hidalgo est une adversaire farouche d'Olivier Faure, alors qu'Emmanuel Grégoire a pris parti pour le premier secrétaire sortant. Le verdict n'est pas clair. À Paris,
Mayer-Rossignol arrive largement en tête avec près de 48 % des suffrages. Mais l'incertitude plane toujours pour la primaire, prévue le 30 juin.
Le bon résultat du maire de Rouen conforte ses soutiens parisiens. Rémi Féraud, assurent-ils, va plier le match de la primaire. « Avec 48 % au premier tour, on aura forcément plus de 50 % au
second », dit une proche du sénateur de Paris, comparant ce résultat à celui de David Belliard. Il y a un mois, l'adjoint d'Hidalgo n'a-t-il pas remporté la primaire des
Écologistes parisiens avec 48 % au premier tour ? Mais le camp de Rémi Féraud ne veut pas crier victoire trop tôt. Il préfère attendre le second tour, le 5 juin. « On saura alors quel est le
rapport de force précis, donc l'étiage de chaque candidat à la primaire, dit un proche de Féraud. On espère un rapport de 55/45 en notre faveur ».
> La messe est quasiment diteUn soutien d’Emmanuel Grégoire
En face, évidemment, on ne voit pas les choses de la même manière. Les « grégoiristes » vendent même déjà la peau de l'ours. Certes, à Paris, le champion d'Emmanuel Grégoire,
Olivier Faure, est arrivé loin derrière son rival, avec 33,5 % des suffrages. Pas de quoi ébranler les certitudes de ses troupes. « La messe est quasiment dite », dit un lieutenant. Le camp
Grégoire explique son assurance par les futurs reports de voix. Selon lui, les soutiens du troisième texte d'orientation, celui de Boris Vallaud, arrivé en troisième place à Paris avec
18,6 % des voix, voteront comme un seul homme pour Emmanuel Grégoire. « On a une vision fine de la fédération, on connaît les électeurs de Boris [Vallaud] et d'Olivier [Faure], ils
constituent une majorité pour Emmanuel [Grégoire] », confie un proche du député de Paris.
Sûr de son fait, le camp Grégoire fanfaronne. Il suggère même à Rémi Féraud, défait dans sa propre section du 10e arrondissement, d'abandonner sans attendre la course. « Il pourrait se
retirer pour ne pas aller à une défaite annoncée », confie le lieutenant d'Emmanuel Grégoire. Il reste pourtant bien des incertitudes. D'abord, pour réussir sa remontée, Grégoire
devra compter sur 100 %, ou presque, des électeurs de Boris Vallaud. De plus, les militants qui ont voté pour le congrès national ne sont pas tous les électeurs de la primaire parisienne :
il faut, pour voter à ce scrutin, être en plus inscrit sur les listes électorales de la capitale, ce qui réduit le corps électoral.
Un dernier élément pourrait faire pencher la balance vers l'un ou l'autre : qui sera le patron de la fédération parisienne au moment de la primaire ? Un peu de solférinologie
s'impose. Une fois le premier secrétaire du PS élu, le 5 juin, chaque fédération élira son propre gouvernement. Ce vote aura lieu le 19 juin. Au vu du premier tour, les pro-Nicolas
Mayer-Rossignol devraient pouvoir garder la fédération de Paris. Lamia El Aaraje, proche d'Anne Hidalgo, en resterait alors la patronne, si elle était à nouveau candidate. Mais, là
encore, le résultat n'est pas acquis. Si Olivier Faure reste premier secrétaire du PS, une dynamique en sa faveur pourrait entraîner l'élection, à Paris, d'un soutien
d'Emmanuel Grégoire. Le camp du député laisse même entendre qu'il pourrait offrir à un ami de Boris Vallaud, comme Maxime Sauvage, la place de patron de la fédé. Une façon de
rallier à son panache les amis du troisième homme du congrès.
À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre Dans l'écosystème socialiste, le vote pour le patron de la fédération a son importance. L'équipe aux commandes organisera le vote. Or,
depuis déjà plusieurs semaines, les deux camps s'accusent de tricher à coups de fausses cartes et d'électeurs bidon. « Au vu des magouilles et du niveau de tension [entre les deux
camps, NDLR], les coups de pression peuvent peser dans la balance », observe-t-on dans les couloirs de l'Hôtel de Ville. L'ambiance pourrait se tendre un peu plus le 22 juin. Ce
jour-là, un sondage prévu dans _La Tribune du dimanche_ devrait donner un dernier état du rapport de force entre les deux hommes.
_PRÉCISION : l'équipe d'Emmanuel Grégoire signale qu'il n'a pas signé pour un texte d'orientation en particulier, et entend réunir les signataires de tous les TO._