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« MON SEXTOY ME FAIT JOUIR PLUS VITE QUE MON PARTENAIRE. » C’EST GRAVE ?
Atteindre l'orgasme en moins de deux minutes. Voilà la promesse (et parfois la réalité) des sextoys nouvelle génération. Et s'il est bien une marque qui a révolutionné le secteur,
c'est Womanizer, qui revendique fièrement plusieurs millions de ventes partout dans le monde grâce à sa technologie de stimulation par air pulsé et vibrations synchronisées. Mais
derrière l'excitation technologique, c'est tout un pan de notre rapport au sexe qui se transforme.
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Aujourd'hui, un quart des Français possède un sextoy (sondage OpinionWay pour Lelo, août 2024*). Un chiffre qui démontre la démocratisation de ces objets, autrefois réservés aux
vitrines discrètes des sex-shops, et désormais installés dans les tiroirs des tables de nuit.
Stimulateurs clitoridiens, plugs, cockrings : le marché n'a jamais été aussi diversifié, et le succès est mondial. Le marché des jouets sexuels est passé de 11,84 milliards de dollars
en 2024 à 13,20 milliards de dollars en 2025. Il devrait continuer de croître à un taux de croissance annuel moyen de 10,97 %, atteignant 22,12 milliards de dollars d'ici à 2030 (source
: Researchandmarkets). C'est plus que le PIB de la Moldavie. Et c'est surtout via l'e-commerce que la croissance se développe, permettant à des millions de clients
d'acheter en toute discrétion.
Céline Vendé, sexologue et experte pour Espace Plaisir, constate aussi ce phénomène, en particulier chez la gent féminine : « Les femmes utilisent le sextoy comme un support
d'exploration, un moyen de se réapproprier leur corps, surtout lorsqu'elles ont du mal à se détacher des attentes ou des pressions dans la sexualité de couple. Avec un sextoy, on
peut lâcher prise plus facilement, sans avoir à faire plaisir à l'autre. »
À LIRE AUSSI « PLUS ON VIEILLIT, PLUS ON PREND SON PIED ! » : CES QUINQUAS QUI S'ÉCLATENT SEXUELLEMENTAinsi, l'objet offre une alternative à la complexité de la relation : il est
toujours disponible, ne juge pas, ne se lasse pas. Il délivre une stimulation constante, prévisible, qui répond à une logique de performance. Et cette performance trône au cœur du discours
marketing : atteindre l'orgasme plus vite, plus fort, plus souvent. Le Lioness Rabbit 2.0, par exemple, propose un journal de bord des orgasmes, mesurant les contractions vaginales, la
température ou encore l'intensité du plaisir.
Un marketing qui a bien compris les attentes de sa clientèle : un utilisateur sur trois (32 %) s'attend à ce que son sextoy lui garantisse un orgasme (source : OpinionWay pour Lelo).
Amandine Jonniaux, autrice d'_Oh My Gode !_ et journaliste experte en sextech, voit dans cette tendance une forme d'optimisation sexuelle : « Les sextoys permettent d'explorer
le corps de façon plus méthodique. C'est presque une forme de biohacking du plaisir, avec des données, des graphiques, des analyses. »
Cette quête d'efficacité peut-elle se substituer à l'expérience humaine ? Aujourd'hui, près d'un tiers des Français possédant un sextoy avoue l'utiliser parfois en
solo plutôt que d'avoir un rapport sexuel avec leur partenaire, selon Amandine Ranson, responsable communication chez Lelo.
La sexologue Céline Vendé insiste cependant sur la complémentarité homme-machine : « L'orgasme est un réflexe physiologique, mais le plaisir dans une relation de couple, c'est bien
plus que cela. Ce sont aussi des regards, des rires, des maladresses, des moments inattendus. Le sextoy, lui, ne propose qu'un plaisir mécanique, même s'il est très performant. »
Bien qu'elle reconnaisse également des inquiétudes légitimes : « Il y a parfois une peur chez les hommes d'être remplacés, surtout avec des sextoys qui offrent des performances
qu'aucun humain ne peut égaler. Mais cette peur est souvent infondée : le sextoy est un complément, pas un substitut. ».
À LIRE AUSSI « LA RÉVOLUTION GRISE » : CES QUINQUAS QUI SE DÉCOUVRENT UNE SEXUALITÉ DÉBRIDÉEPour Amandine Jonniaux, cette crainte est révélatrice d'un vieux fantasme : « Depuis
toujours, on s'imagine que la machine remplacera l'humain. C'est comme la photo qui devait, soi-disant, remplacer les illustrateurs. Mais même le sextoy le plus intelligent,
le plus performant, ne remplacera jamais un partenaire à l'écoute. Il ne capte pas l'émotion, ne répond pas aux signaux subtils, ne crée pas de complicité. »
D'ailleurs, l'usage des sextoys en couple tend à se démocratiser. Les stimulateurs à double action, qui combinent pénétration et stimulation clitoridienne, sont clairement conçus
pour l'épanouissement et la découverte de nouvelles sensations à deux. Et au-delà du lit, les sextoys connectés, contrôlables à distance, ont permis à de nombreux couples non
cohabitants de maintenir une forme d'intimité pendant la pandémie.
UNE RECHERCHE QUI CONTINUE D'AVANCER POUR MIEUX COMPRENDRE NOS CORPS
Derrière les promesses d'orgasmes express et de plaisir sur mesure, il y a également une véritable ambition : mieux comprendre le corps et enrichir la santé sexuelle. Chez Womanizer, on
parle d'une mission qui va au-delà du simple produit : « L'objectif, c'est d'aider les femmes à explorer et à s'approprier leur plaisir sans honte », explique
Ombline, porte-parole de Womanizer.
À LIRE AUSSI « CES LECTURES ÉMOUSTILLENT PARFOIS MA LIBIDO » : QUAND LA LITTÉRATURE ÉROTIQUE BOOSTE LE DÉSIRLa marque finance des études scientifiques spécifiques sur le plaisir féminin, via
le _Pleasure Fund_, pour rééquilibrer des connaissances longtemps biaisées en faveur des hommes. Même constat chez Amandine Jonniaux, experte en sextech : « Les sextoys ne sont plus de
simples gadgets : ce sont des outils de connaissance de soi, presque des instruments de santé sexuelle. Comprendre ce qui déclenche l'orgasme, suivre l'impact du cycle ou de la
fatigue, c'est un pas vers un rapport au corps plus libre et éclairé. »
À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre La technologie pourrait-elle donc enrichir la santé sexuelle et améliorer la connaissance de soi sans remplacer l'humain ? C'est tout
l'enjeu du développement de la sextech dans les prochaines années.
_* Échantillon de 1 013 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus._