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QUI EST CHRISTOPHE B., LE SUSPECT DE L’ATTAQUE RACISTE DE PUGET-SUR-ARGENS ?
Les propos ne laissent que peu de place au doute. Deux jours après le meurtre commis à Puget-sur-Argens, dimanche 1er juin, les informations concernant le profil du principal suspect – et
ses motivations – commencent à émerger. Les liens de Chistophe B. avec l'ultradroite et le mobile raciste sont à ce stade largement établis. Au point que, et c'est une première
pour un homicide lié à cette idéologie, le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi de l'affaire.
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L'homme de 53 ans, placé en garde à vue, a en effet publié plusieurs vidéos avant d'abattre Hichem Miraoui, son voisin tunisien, et de blesser gravement une deuxième personne, à
cette heure toujours dans le coma. Les messages ont été décrits par _Libération_, qui a pu avoir accès aux vidéos,comme « un véritable manifeste terroriste ».
À LIRE AUSSI QUE SAIT-ON DE L'ATTAQUE RACISTE À PUGET-SUR-ARGENS ? Dans une des vidéos, Christophe B. exhibe un pistolet, face caméra. Il paraît sous l'empire de l'alcool,
tout en restant maître de lui-même. « Bon, les copains, il est l'heure », annonce-t-il. L'heure de dire « stop aux islamiques [sic] de mes deux » et d'en appeler aux « putains
de Français de mes deux ». « Réveillez-vous, sortez vos couilles, allez les chercher là où ils sont, allez les chercher là où ils sont », menace-t-il encore.
« Arrêtez de vous faire enculer par ces putains de bâtards de bicot de mes deux », poursuit-il dans une logorrhée raciste (un « bicot » est un terme injurieux utilisé pour désigner les
personnes d'origine maghrébine, NDLR). « Rien qu'en sortant de chez moi, tous les sans-papiers, les bordels, les machins, je vais me les cartonner », abonde-t-il.
Cet amateur de tir sportif, qui exhibe ses armes, explique également, le jour de l'attaque, vouloir « faire un carton ». « Ce soir, on va s'amuser, ce soir je vais mourir, je vais
crever […] Moi, y a pas d'allégeance à Al-Qaïda ou quoi que ce soit, moi, c'est l'inverse, c'est l'allégeance au bleu-blanc-rouge », précise-t-il encore dans ce
contenu posté avant son acte.
À LIRE AUSSI QUI EST ISMAËL BOUJTI, DIT « LE MEXICAIN », FUGITIF DEPUIS CINQ JOURS ? Selon _Le Monde_, c'est cet appel à « aller les chercher là où ils sont » qui a convaincu le Pnat
d'ouvrir, lundi 2 juin, une enquête pour « assassinat et tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste, commis en raison de la race ou la religion »,
l'individu ayant conféré à son crime une dimension plus large que sa personne et ayant appelé d'autres personnes à le suivre.
Mais le suspect ne s'arrête pas au stade de l'appel à la violence ; son crime a également une portée politique. Dans une autre vidéo, probablement tournée après son acte, il évoque
clairement un parti : « L'État n'est pas capable de nous protéger, de les renvoyer chez eux. Jean-Marie [Le Pen] nous l'avait dit qu'on serait dans la merde. On est dans
la merde. Alors je suis pas un pro-RN, mais voilà, si Marine [Le Pen] ou Jordan [Bardella] passent pas, les mecs, réveillez-vous, parce que vous allez vous faire enculer. »
« J'arrête de salir mon âme, je sais pas ce que je viens de faire, j'ai pété un plomb envers des voisins de merde, envers toute la racaille, toute la saloperie », évoque-t-il
encore, comme pour la première fois conscient de son geste irréparable. Pour autant, nulle trace de regret. Plutôt l'idée que son acte va lui conférer une portée médiatique.
À LIRE AUSSI PROCÈS DE P. DIDDY : CASSIE, SON ANCIENNE PETITE AMIE, ÉVOQUE SON CALVAIRE « Je meurs pour la France, je meurs parce que j'en ai plein le cul de tous ces gens de merde,
j'en ai plein le cul des gauchos, et plein le cul de tous ces gens qui défendent ces salopards. Là, j'ai dégommé les deux, trois merdes qui étaient près de chez moi pour commencer,
parce qu'il fallait les éliminer. Ça, c'est de la merde. Dans le lot, je pense qu'il y en a un ou deux qui ont pas de papiers. Et c'est que le début… »
À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre Le suspect présente ses excuses à sa femme, dit adieu à ses proches et assure attendre la mort. Il entend des véhicules approcher de sa voiture et
déclare : « Je suis un peu tendu. Je me la mettrai avant qu'ils me la mettent, je sais où me la mettre pour pas souffrir, voilà. Au revoir tout le monde, à bientôt, là-haut. […] Ce
soir, je suis mort, je meurs pour la France […] Allez, bisous les amis, et votez bien la prochaine fois. »
À LIRE AUSSI LES RATÉS « AFFLIGEANTS » DE LA JUSTICE QUI AURAIT DÛ ARRÊTER DOMINIQUE PELICOT DÈS 2010D'après le HuffPost,les publications Facebook de Christophe B. témoignent d'une
proximité de longue date avec le Rassemblement national. Il repostait par exemple des publications de David Rachline (maire RN de Fréjus), de Gilbert Collard (ex-député RN) ou encore de
Marine Le Pen. En 2019, il avait publié un message avertissant d'un risque de « guerre civile » et formulait déjà des appels au vote pour le RN. « Il fallait voté (sic) Marine et que ce
soit les politiques qui vire (sic) les mauvais immigrés ».