Covid-19 : les leçons du passé pour éclairer le futur

Covid-19 : les leçons du passé pour éclairer le futur

Play all audios:

Loading...

TRIBUNE. COMPRENDRE L'ÉVOLUTION DES ÉPIDÉMIES AU FIL DU TEMPS POURRA NOUS AIDER À ANTICIPER CE QUI NOUS ATTENDRA DEMAIN AVEC CE VIRUS. Chacun se demande comment évoluera la pandémie de


Covid-19. En dépit d'avancées scientifiques majeures, le potentiel d'évolution du coronavirus demeure mystérieux. Nous disposons de plusieurs outils pour tenter des prédictions.


D'abord, les modèles épidémiologiques, utiles et précieux, mais très sensibles à de multiples paramètres. Il y a aussi ce que l'on sait du comportement des virus à ARN, tels que le


coronavirus et le virus de la grippe, capables de mutations, de recombinaisons ou de réassortiments. On peut aussi se référer à l'historique des pandémies devenues fréquentes à partir


de la Renaissance, au fil de la croissance démographique et de l'urbanisation. Depuis le début du XXe siècle, les pandémies à transmission respiratoire ont été parmi les plus


meurtrières. _LIRE AUSSI : COVID-19 : "LA LECTURE DES INDICATEURS EST PLUS COMPLIQUÉE EN CE MOMENT"_ Outre la variole, qui fit des dizaines de millions de morts jusqu'à sa


disparition en 1977 à la suite d'une campagne de vaccination, on peut citer les quatre pandémies de grippe de 1918, 1957, 1968, et 2009. La grippe espagnole de 1918 a été de loin la


plus létale avec près de 50 millions de morts dans le monde. Partie des Etats-Unis en mars 1918, elle évolua en vagues successives. La première fut bénigne (mortalité 0,1%), suivie


d'une seconde mortelle (mortalité 2-4%) de septembre à décembre 1918. Fait singulier, le virus de la première vague après un tour de la planète en six mois était devenu soudainement


très virulent partout dans le monde de façon synchrone et indépendante. Puis, la grippe espagnole a perdu sa virulence en devenant saisonnière, telle que nous la connaissons


aujourd'hui. L'ÉMERGENCE DE NOUVEAUX MUTANTS POURRAIT PROLONGER LA PANDÉMIE Bien sûr, comparer le Covid-19 et la grippe espagnole doit être considéré avec prudence, car chaque


virus possède son propre "génie évolutif". Cependant, il est possible de faire l'hypothèse que l'exacerbation de la virulence du virus de la grippe espagnole soit due à


l'émergence d'un mutant sous la pression de sélection de la population immunisée lors de la première vague. Pour l'actuel Sars-CoV2, des mutations portant sur la protéine


Spike sont apparues à l'automne 2020 de façon indépendante, notamment au Royaume-Uni, en Afrique du Sud, au Brésil et en Californie. Ces mutants affectant surtout le gène de la protéine


Spike, sont beaucoup plus contagieux, apparemment sans augmentation de la virulence mais avec une incertitude sur leur capacité à échapper à la réponse immunitaire naturelle ou induite par


les vaccins. _LIRE AUSSI : POURQUOI D'INQUIÉTANTS VARIANTS DU SARS-COV-2 SE MULTIPLIENT-ILS DEPUIS SEPTEMBRE ?_ Dans un proche avenir, les campagnes de vaccination vont jouer un rôle


décisif en instaurant une immunité collective qui freinera fortement la circulation du virus, minimisant ainsi le risque de nouvelles mutations. Mais pour combien de temps ? L'émergence


de nouveaux mutants susceptibles d'échapper partiellement au système immunitaire pourrait prolonger la pandémie. Plusieurs hypothèses controversées peuvent être avancées, sans que


personne ne détienne la vérité. Tout d'abord, le virus pourrait devenir endémique, après plusieurs vagues, avec une faible mortalité saisonnière. À l'instar du virus de la grippe,


les mutations pourraient contraindre à des vaccinations régulières avec des vaccins adaptés, plus aisées avec les vaccins à ARN. Un autre scénario, très peu probable néanmoins, mais observé


dans le passé pour certaines pandémies, serait la disparition pure et simple du virus, comme avec le Sars-CoV-2 de 2002. L'hypothèse du "zéro Covid-19" basée sur des mesures


de confinement prolongées et un déconfinement conditionnel est peut-être possible dans certains pays à faible densité de population et faciles à isoler (Taïwan, Nouvelle-Zélande,


Australie...). Cet objectif paraît difficile à atteindre dans les pays européens et en Amérique, où il est impossible de limiter les multiples interactions entre les pays et donc la


réintroduction de nouveaux virus. Il existe aussi des raisons culturelles liées à la non-acceptation des contraintes limitant les libertés publiques. Mais l'histoire des pandémies nous


apprend aussi qu'elles finissent presque toujours par disparaître à travers un équilibre entre le virus et les êtres vivants. _Pour le collectif PandemIA : Pr Patrick Berche,


microbiologiste, Pr Sadek Beloucif, anesthésiste-réanimateur, Pr Alexandre Mignon, anesthésiste-réanimateur, Pr Gilles Pialoux, infectiologue, Pr Vincent Maréchal, virologue, Pr Didier


Payen, anesthésiste-réanimateur, Pr Yvon Maday, mathématicien._ Le collectif PandemIA organisera les 18 et 19 mars, en partenariat avec BFM et L'Express "Les journées


PandemIA", deux jours de colloque sur l'épidémie de Covid-19, entièrement en ligne. Le programme et les inscriptions (gratuites) sont accessibles sur le site :


https://lesjourneespandemia.fr