Cette azuréenne publie un livre pour changer le regard sur la maladie

Cette azuréenne publie un livre pour changer le regard sur la maladie

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_"Je ne sais pas vraiment où j’ai trouvé cette force..."_ Assise dans le salon de la maison familiale, sur les hauteurs de Cantaron – où elle et son mari, en plein déménagement,


transitent avant de rejoindre Nice – Patricia Blondiaux sourit. Et avoue: _"Je ne me pose pas trop la question, en fait…" _ Ni celle-là, ni les autres. Comme _"combien de


temps reste-t-il ?"_ou _"pourquoi moi ?"_ Ces questionnements, elle les juge _"inutiles"_, à l’instar _"des réponses."_ Atteinte de sclérose en plaques


depuis près de quatre ans, cette mère de famille a un leitmotiv: _"Tant que tu peux y arriver, même les fesses dans un fauteuil, va! Fais ce que tu as à faire." _ Un plan qu’elle


suit à la lettre. Cofondatrice, avec sa fille Chloé, de l’association _AcSEPte_ ( SEP pour sclérose en plaques. Pour joindre l’association, page Facebook AcSEPte ou par mail :


[email protected]), elle multiplie les activités avec les adhérents. Essaye _"de leur apporter de la force"_, de les _"emporter"_ avec elle. METTRE DES MOTS


SUR LES MAUX Elle a, aussi, vu publier, au cœur de l’été, l’ouvrage Plus jamais moi: à perpétuité, avec la sclérose en plaques (Disponible aux éditions Kawa à 21,95 euros). Un livre, pour


mettre des mots sur les maux. _"J’évoque ce qui s’est passé après le diagnostic. La plongée dans l’inconnu, puis le cheminement vers “AcSEPte”. Ça a été un exutoire, une thérapie."


_ Pourtant, l’accouchement fut difficile. Une fois la maladie révélée, démarre, bon an mal an, le travail de résilience. Continuer à vivre comme avant. Essayer. Pas dans les faits, mais


l’intention. Souvent, le processus est long. Le soutien de ses proches,_ "extraordinaire"_, a facilité et raccourci le sien. Chassé les "idées noires" du départ.


_"J’ai essayé de pousser mon mari vers la sortie. Je ne voulais pas qu’il se prive de moments de vie, mes enfants pareil..."_ Le désir de ne pas montrer aux siens que l’on souffre.


Il y avait, aussi, _"toute cette colère"_, envers ceux qui lui ont _"tourné le dos."_ Les plaies du cœur cicatrisent toujours plus lentement. À ceux-là, elle n’a


toujours pas pardonné. Un maelström de sentiments, qu’elle a eu besoin de coucher sur le papier. D’abord, avec sa fille Chloé. Mais _"c’était trop douloureux pour elle. Même moi, je ne


m’en sentais pas capable."_ ECHANGE AVEC L'ACTRICE INGRID CHAUVIN C’est un échange privé sur Facebook avec l’actrice Ingrid Chauvin, également touchée par un autre drame personnel,


qui va tout changer. _"Elle m’a dit de ne pas chercher de logique. De commencer, que ça allait sortir tout seul."_ Alors, elle s’est lancée et ne s’est plus arrêtée. En quinze


jours, l’ouvrage est bouclé. Plus qu’un témoignage, une volonté de parler du "côté obscur" de la sclérose. _"Ce qui ressort des reportages sur la maladie, c’est qu’elle est


facile à vivre car des gens continuent de sortir, courir... Je suis super contente pour ceux qui maintiennent une vie normale. Mais il ne faut pas oublier les autres."_ Ceux pour qui


les traitements fonctionnent peu, ou pas. _"Il y a les problèmes cognitifs, urinaires, sphinctériens..." _ _"NI PITIÉ, NI COMPASSION"_ La détermination se lit derrière


ses yeux noisette. _"Par exemple, je ne peux plus travailler, courir, danser. Je suis même incapable de rêver de moi en train de le faire..."_ Le ton est neutre. Pas d’apitoiement.


_"Ni pitié, ni compassion."_ Surtout pas. De l’autre côté du prisme, il y a ces regards impudiques dans la rue, devant cette femme de 47 ans qui se balade _"avec une


canne."_ Les interrogations malvenues, sur le degré de douleur et _"l’indescriptible fatigue"_ engendrées par cette _"maladie invisible."_ Elle soupire: _"Après


une perte d’équilibre, j’ai déjà eu des commentaires du style: “elle ne tourne pas qu’à l’eau celle-là”."_ Puis s’excuse presque: _"Tout le monde n’est pas comme ça. Mais on


retient souvent le pire..."_ Alors, elle veut aider _"à faire changer les mentalités_", comprendre la pathologie. Dire, aussi, que _"la vie est belle, même si..."_


D’où la sensibilisation dans les écoles._ "Je me dis que, sur trente élèves, si j’en touche cinq ou dix, c’est déjà gagné."_ Emportée par cet élan salvateur – pour elle et pour


d’autres – Patricia Blondiaux se penche, déjà, sur un second ouvrage_. _ _"Aider les autres me permet de moins penser à moi. Et puis, je me sens utile. "_ Avec "AcSEPte",


les faits ont déjà prouvé que c’est bien davantage qu’une sensation... ACSEPTE, C'EST QUOI? Créée en décembre 2015, "AcSEPte" va bientôt fêter ses deux ans. Dès le départ, le


but était clair:_ "Au-delà de l’aspect médical, aucune association ne répondait aux besoins sociaux. Je voulais une structure de proximité. Nous, on ne parle pas de recherche"_,


martèle Patricia Blondiaux. Depuis cet acte fondateur, l’association – qui compte près de cent adhérents – a fait son chemin. Et les partenariats fleurissent, avec un axe principal:


retrouver la confiance en redorant l’image de soi. _"Avant, j’étais coiffeuse et prothésiste ongulaire. J’étais très tournée vers l’apparence. ça peut paraître dérisoire, mais ça permet


de se recentrer."_ Ainsi,_ "AcSEPte"_ travaille aux côtés d’Anne-Cécile Ratsimbason, styliste médical. Elle est aussi partenaire, depuis avril, de l’école Gontard-Élégance de


Nice. _"On participe à des ateliers maquillage et soins. Certaines, je les vois qui recommencent à s’apprêter. Elles ont plaisir à redevenir féminines. D’ailleurs, j’ai dans l’idée de


créer, pour les célibataires, des séances de speed dating "_ (rires). Raviver l’esprit en réhabilitant le corps. Dans la même idée, _"AcSEPte"_ collabore avec le centre


médical niçois de La Tibère, sur la cryothérapie. Il y a, aussi, les ateliers floraux, les sorties en plein air, la présence au Trigames de Cagnes-sur-Mer, où le champion de triathlon,


Olivier Marceau, a accepté de parrainer l’association. Sans oublier la chanson No Compromise , pour laquelle son ami d’enfance, Régis Lobjois, chanteur et compositeur niçois, a réuni


vingt-neuf artistes azuréens. Un clip, visible sur Youtube et bientôt disponible en téléchargement, dont les profits serviront à _"poursuivre"_ la cause. Autant d’activités et


_"une grande fierté"_ pour Patricia Blondiaux: _"Des amitiés se forment et des membres font désormais des choses ensemble, en dehors de l’association."_ Elle lorgne,


maintenant, sur son prochain projet, le "plus gros": mettre en place une maison AcSEPte. _"L’idée, c’est de trouver un lieu où faire venir des intervenants, qui feront


découvrir leurs méthodes. Et bénévolement, ce qui est fabuleux. Hypnothérapie, réflexologie, sophrologie, massage... ça ne résout pas les problèmes, mais ça permet de supporter la douleur.


"_