Querelles juridiques autour de la distribution d'eau à peille

Querelles juridiques autour de la distribution d'eau à peille

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C'est une longue, très longue bataille juridique. Le conflit concerne l'usine Jean-Favre du Col de Villefranche, un élément clé dans le circuit de distribution de l'eau en


direction de l'est du département. Depuis plusieurs années, le devenir de cette usine est au centre d'une querelle de procédure, où se retrouvent les services de l'État dans


le département, la métropole Nice Côte d'Azur et le Syndicat intercommunal des eaux et des corniches du littoral (SIECL), longtemps chargé de la distribution de l'eau dans


l'Est des Alpes-Maritimes. Il est question de changements de mains de l'usine. Au gré des décisions, l'ouvrage revient tantôt au SIECL, tantôt à la Métropole _(lire


ci-dessous)_. Selon Henri Adonto, le président du syndicat, une dernière décision de justice, qui transfère l'usine du SIECL à la commune de Villefranche-sur-Mer, aurait pour


conséquence une augmentation des prix de l'eau dans l'Est du département (1). Il veut que _« ces abonnés sachent que demain, si on augmente notre facture d'eau, ce n'est


pas nous ». _Henri Adonto met directement en cause la Métropole. Explications. Le 5 novembre, la juridiction administrative rejette un recours introduit par le syndicat contre un arrêté


préfectoral en date du 15 septembre dernier. Le document _« transfère en pleine propriété » _plusieurs ouvrages du syndicat à des communes des Alpes-Maritimes. Parmi eux, _« l'usine


Jean-Favre, dont la propriété est transmise à la commune de Villefranche-sur-Mer »_. La Métropole détient la compétence eau pour cette commune. C'est ce qui rend Henri Adonto si sûr de


lui. Car _« quand la Métropole était l'exploitant »_, au cours des différents changements de main de l'usine, _« l'eau a pris 30 % de plus »_. Seulement voilà : pour la


Métropole, la situation est un peu plus complexe que cela. D'abord parce que les communes concernées sont sorties du SIECL : _« Le code général des collectivités territoriales prévoit


que dans le cas où des communes sortent d'un syndicat, il faut répartir le patrimoine, car ces dernières ont participé à son financement. » _Et de rappeler : _« Il est logique que ces


ouvrages reviennent aux communes de la Métropole : les réservoirs situés sur ces communes et l'usine du Col de Villefranche permettent à quatre communes de la Métropole (de Villefranche


à Èze) de s'approvisionner [...]. Ces communes n'ont aucune autre ressource en eau disponible. »_ Sur les tarifs, la Métropole aussi apporte ses précisions : _« La Régie Eau


d'Azur facture au SIECL l'eau livrée au même prix que celui auquel le SIECL la lui facturait_. _La façon dont le SIECL traduit cela sur la facture des usagers n'est


malheureusement pas du ressort de la Métropole ou de sa régie. C'est la gestion du SIECL qu'il convient d'examiner »._ Et, relève-t-on encore du côté de


l'intercommunalité, _« depuis septembre 2014, la régie de l'eau de la Métropole exploite l'usine du Col de Villefranche et livre de l'eau au SIECL que celui-ci refuse de


payer. La régie Eau d'Azur a fourni au SIECL depuis le 14 septembre 2014 pour plus de 3 millions d'euros de fourniture d'eau traitée par Jean-Favre, dont aucun euro n'a


encore été versé à la régie Eau d'Azur. Ce sont donc les administrés de la Métropole qui sont aujourd'hui spoliés par le SIECL, et non l'inverse »_. Reste que le feuilleton


pourrait ne pas s'arrêter là. Le SIECL a décidé d'engager un nouveau recours en justice. Les juges se pencheront donc, encore une fois, sur le sort de cette usine du Col de


Villefranche. QUATRE ANS DE PROCÉDURE L'affaire démarre le 24 JUIN 2011. Un arrêté préfectoral transfère des ouvrages du syndicat situés sur le territoire des communes membres de la


communauté urbaine à cette dernière. Le SIECL porte l'affaire en justice. Le 14 JUIN 2013, le tribunal administratif de Nice déboute le syndicat. Le SIECL interjette appel. Le 30


JANVIER 2015, la cour administrative d'appel de Marseille donne raison au syndicat, annule la décision de première instance comme l'arrêté du préfet. Nouveau rebondissement le 15


SEPTEMBRE DERNIER. Un arrêté préfectoral transfère, _« en pleine propriété »_, _« les ouvrages de production, de transfert, de traitement, de stockage et de distribution du réseau public


d'eau du Syndicat des eaux des corniches et du littoral »_ à plusieurs communes des Alpes-Maritimes sur lesquelles sont situés ces ouvrages (Beaulieu-sur-Mer, Cap-d'Ail, Èze,


Villefranche-sur-Mer). L'usine du Col de Villefranche est elle aussi concernée. Cette fois-ci, plus question de l'intercommunalité, mais des communes pour lesquelles la Métropole


détient la compétence eau. Dernière décision en date, une nouvelle décision du tribunal administratif de Nice, qui déboute le référé introduit par le SIECL contre ce dernier arrêté.


C'était le 5 NOVEMBRE. « APPLICATION DU CODE DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES » Changements_ _d'intercommunalités, changements de compétences, changements de mains d'ouvrages.


La situation s'est répétée dans d'autres endroits de France. Sauf que_ « dans la majorité des cas, la situation se traite à l'amiable,_ éclaire Frédéric Mac Kain, le


secrétaire général de la préfecture des Alpes-Maritimes. _Mon prédécesseur a essayé d'engager des négociations »_. L'arrêté préfectoral est _« une application pure et simple du


code des collectivités territoriales »_. Le document répond du _« devoir »_ de la préfecture, et obéit à _« une opportunité de meilleur fonctionnement du service public »_. Les commentaires


d'Henri Adonto _« reflètent un certain dépit »,_ tacle-t-il encore.