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UN AZURÉEN A DIFFUSÉ SUR INTERNET UNE PETITE ANNONCE FAISANT PASSER L'UNE DE SES CONNAISSANCES POUR UNE FILLE FACILE. CATHY, 48 ANS, VIT DEPUIS UN CAUCHEMAR. LA JUSTICE EST VENUE À SON
SECOURS. Cathy tremble encore à l'évocation de ces inconnus qui la harcelaient au téléphone, rôdaient devant son domicile ou klaxonnaient sous ses fenêtres. Jusqu'au bar-tabac de
son village de la vallée du Paillon où un homme est venu lui susurrer à l'oreille : « _Vous savez, j'aime beaucoup les femmes de 48 ans._ » La petite annonce publiée il y a plus de
deux ans à l'insu de Cathy sur un site Internet, continue de la poursuivre et de salir sa réputation. Photos en maillot de bain piratées sur son compte Facebook personnel, adresse et
numéro de portable ont été livrés en pâture dans la rubrique_« rencontres coquines »_. Avec, en exergue, ce texte : « _Femme expérimentée cherche rencontres intenses et dépaysantes._» 1 000
APPELS EN QUATRE JOURS Cathy est paniquée. Son téléphone ne cesse de sonner. « _Près de 1 000 appels en quatre jours, dès 6 heures du matin_», précise son avocat, Me Bernard Sivan. « _Alors
que notre maison est à l'écart, des voitures ne cessaient d'aller et venir. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Des hommes me suivaient. Toute la famille, mon mari, ma
fille, ont été perturbés_», raconte la victime, sous antidépresseurs. Derrière cette mauvaise blague qui vire au cauchemar, se cache un habitant de Blausasc, David C., 31 ans, conseiller en
assurances. Après une médiation refusée par la victime, le corbeau version 2.0 s'est retrouvé, hier, devant le tribunal correctionnel pour « usurpation d'identité en vue de
troubler la tranquillité ou d'atteindre à l'honneur ». Manifestement, ce père de famille ne semble pas mesurer la portée de son acte. Et l'explication donnée à David Hill,
président du tribunal correctionnel, paraît à la fois nébuleuse et futile : « _Nos enfants sont dans la même école. Cette dame s'était plaint que sa fille ne soit pas invitée à
l'anniversaire de la nôtre. » _Le magistrat ironise : « _Ah, ça, c'est grave !_» 6 MOIS DE PRISON AVEC SURSIS Me Sivan ne croit pas une seconde à cette explication L'avocat de
la partie civile demande 20 000 euros de dommages et intérêts pour « _un viol de la vie privée_ » : « _Monsieur ne s'est pas contenté de mettre des photos et les coordonnées de ma
cliente, mais il s'est fait passer pour elle en répondant aux mails. »_ Le procureur Corinne Savonne va plus loin en estimant qu'« _en répondant à des clients salaces, David C. a
mis en danger la sécurité de Cathy. Le jeu aurait pu mal tourner avec cette appropriation de photos jetées à l'opprobre sur l'espace public_». L'accusation réclame quatre mois
de prison avec sursis et 5 000 euros d'amende. Et ne manque pas de mettre en garde les utilisateurs des réseaux sociaux, « _espace pernicieux à visée narcissique_». Pour la défense de
David C., et dans la droite ligne de son client, Me Hoang a surtout cherché à minimiser l'impact de la petite annonce sur la santé de la victime. Résultat : le prévenu a été condamné à
six mois prison avec sursis et devra verser 10 000 euros de dommages et intérêts à sa victime.