Islamophobie : un collectif de quartier populaire attaqué au nom du rapport sur les « frères musulmans »

Islamophobie : un collectif de quartier populaire attaqué au nom du rapport sur les « frères musulmans »

Play all audios:

Loading...

Le rapport sur l’entrisme des Frères Musulmans, issu de la commande politique formulée par Gérald Darmanin il y a un an, constitue une véritable arme islamophobe aux mains de l’État et de


l’extrême droite. Long de 73 pages, il s’agit plus d’une brochure complotiste que d’un véritable document d’enquête qui associe de manière systématique les pratiques culturelles ordinaires


de l’islam à des signes d’un soi-disant « entrisme » des Frères Musulmans. Comme l’expliquait le cabinet du ministère de l’intérieur dans les colonnes du JDD, le rapport vise surtout à créer


un « choc » et à justifier de nouvelles lois racistes et sécuritaires. Si Gabriel Attal et Bruno Retailleau sont le fer de lance d’une nouvelle campagne islamophobe et milite pour une


nouvelle loi séparatisme, qui créerait un « délit de communautarisme », le rapport attise d’ores et déjà le climat islamophobe ambiant et la violence à l’égard de la communauté musulmane, ou


des personnes assimilées comme tels, et de ceux qui dénoncent les oppression racistes. En Savoie, c’est un collectif politique implanté dans le quartier populaire de Chambéry-le-Haut qui


est la cible des accusations mensongères de l’extrême droite faisant suite à la publication du rapport s. Dimanche 25 mai, le JDD, journal notoirement proche de l’extrême droite, a en effet


publié un article qui contenait une carte des des soi-disant 14 principaux « écosystèmes islamistes ». Le collectif « Chambéry à venir », animé d’habitants de Chambéry-le-Haut, y figure. Le


JDD, qui nage en plein délire complotiste, reproche au collectif d’avoir soutenu liste susceptible de participer à la lutte contre l’islamophobie aux dernières élections municipales. Brice


Bernard, conseiller régional et délégué départemental RN, s’est immédiatement saisi de cette nouvelle. Sur Facebook, dimanche 25 mai, ce responsable local du RN affirme que « _ces groupes


[…] propagent des discours radicaux et devraient être dissous_ ». Il indique son intention de contacter la préfecture à ce sujet. En menant la charge contre « Chambéry à venir », Brice


Bernard et le JDD visent surtout à faire de la vie des habitants des quartiers populaires un enfer et à criminaliser leurs engagements politiques. Comme l’indique le collectif dans son


communiqué, leurs « _mobilisations ont dérangé certains courants politiques […] notamment [leurs] actions pour lutter contre l’abstention et faire entendre la voix des habitants_ ». Nul


doute que l’engagement de certains membres de « Chambéry à venir » pour la cause palestinienne constitue un facteur aggravant aux yeux de l’extrême droite, qui tente de laver son


antisémitisme passé et présent en accordant un soutien total au génocide à Gaza, commis par Israël. > L'extrême-droite attaque "Chambéry à venir" : faisons front ! > 


Depuis le 25 mai, le collectif citoyen « Chambéry à venir » > est victime d’une campagne diffamatoire et islamophobe. Contre les > dissolutions et les procès politiques, faisons front 


! > pic.twitter.com/ledRwJFhKQ >  > — Révolution Permanente Rhône-Alpes (@RP_Rhone_Alpes) May 30, > 2025 Cité nommément dans le rapport, le directeur de cabinet du maire


écologiste de Colombes, Stéphane Tchouhan a également été visé. Du fait de son engagement pour les droits des musulmans à Colombes, il subit de plein fouet la charge islamophobe du rapport.


Interrogé par Mediapart, il s’insurge : « _Avant, on était essentialisés comme jeunes de banlieue, comme jeunes issus de l’immigration. Désormais, c’est en tant que musulmans. Il faut


presque se nier soi-même, s’excuser d’être ce que l’on est_ ». Alors que les élections municipales auront lieu dans un an, les attaques islamophobes menées par l’extrême droite à Colombes


comme à Chambéry constituent des tentatives d’affaiblir ses adversaires politiques. C’est l’analyse faite tant par Patrick Chaimovitch, le maire écologiste de Colombes, que par le collectif


« Chambéry à venir », qui souligne que « _[son] travail […] a contribué à modifier les enjeux électoraux et à réveiller la participation citoyenne_ ». Quant au maire, il note que l’« 


_objectif est de nous délégitimer avant les municipales_ ». Voilà sans doute l’un des objectifs du rapport qui accordait une certaine importance au soi-disant danger d’un « entrisme frériste


 » aux municipales, un prétexte tout trouver pour lancer une offensive brutale contre les quartiers populaires et les partis de gauche. Quelques semaines après l’attentat islamophobe contre


Aboubakar Cissé, assassiné de cinquante coups de couteau à la mosquée de La Grand-Combe, le 25 avril, et quelques jours après l’opération policière visant des membres du CCIE, le


gouvernement prépare donc une nouvelle offensive islamophobe. Alors que les lois racistes s’enchaînent en France à un rythme effrayant, que la violence islamophobe prospère dans le monde,


des Etats-Unis à l’Inde de Modi en passant par la Palestine, il y a urgence à réagir. Contre les lois racistes, les procès politiques et la montée des actes racistes, islamophobes et


antisémites, faisons front !