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Le vendredi 30 mai, le gouvernement americain a annoncé qu’il allait « _révoquer activement les visas pour les étudiants chinois, notamment ceux ayant des liens avec le Parti communiste ou
étudiant dans des filières sensibles_ ». Ce sont près de 227 000 étudiants chinois scolarisés dans les universités américaines qui sont aujourd’hui menacés d’expulsion. L’ensemble des
étudiants étrangers étaient déjà menacés par les dernières annonces de Trump, qui a annoncé la suspension du traitement de tous les visas d’étudiants étrangers le temps d’analyser leurs
réseaux sociaux. Dans le cas des étudiants chinois, il s’agit bel et bien de l’instrumentalisation des visas comme levier diplomatique pour s’attaquer à la Chine. EN CONFLIT AVEC LA CHINE,
TRUMP S’EN PREND AUX ÉTUDIANTS En difficulté sur sa guerre tarifaire suite à un revers judiciaire, Trump cherche un nouveau moyen pour répliquer à la Chine, et ce seront les étudiants
chinois qui en paieront le prix. Alors qu’au début du mois les deux pays s’étaient accordés sur une trêve temporaire, celle-ci a pris fin. Les deux puissances s’étaient alignées sur « accord
commercial » de suppression de certains droits de douanes et un plafonnement des tarifs douaniers. Cette négociation a suspendu les éléments les plus extrêmes de la guerre commerciale en
cours, et a permis une temporisation partielle du conflit, qui se trouve aujourd’hui compromise. Trump accuse la Chine d’avoir violé les accords discutés à Genève*. « La Chine, a en étonner
certains, A TOTALEMENT VIOLE SES ACCORDS AVEC LES US. Tout ça alors que j’ai été Mr.NICE GUY ! » déclare Trump sur la plateforme _Truth_. Le président américain tente de prendre les devants
pour repasser a l’offensive dans la guerre commerciale, mais se trouve freiné. La justice américaine est aujourd’hui en train de retoquer les tarifs douaniers à la baisse et de remettre en
question le caractère illimité de l’autorité du Président. Cette configuration met à la marge le président, qui se retrouve en position de faiblesse, sans issue immédiate pour surenchérir
directement dans le conflit par le biais commercial. Incapable de pouvoir augmenter drastiquement les tarifs douaniers pour assoir la domination américaine sur les marchés, il est contraint
d’utiliser d’autres moyens. Alors que Trump se trouve freiné dans sa volonté de hausser le ton contre la Chine, c’est le volet des visas étudiants qui est saisi. Alors que l‘ensemble des
visas étudiants sont aujourd’hui menacés de suspension selon les dernières annonces du président l’expulsion des étudiants chinois est un moyen privilégié pour Trump de faire pression sur Xi
Jinping. Le renvoi expéditif de près de 227 000 étudiants marquerait une rupture culturelle et académique entre les deux pays et permettrait à Trump de continuer d’ériger les étudiants
chinois comme ennemis intérieurs. L’inspection des réseaux sociaux et des opinions des différents étudiants chinois permet à Washington de justifier des renvois massifs sous couvert de la
sécurité des universités américaines. Le ministre des Affaires Étrangères chinois s’est directement opposé à cette mesure accusant les États-Unis d’utiliser la sécurité nationale et
l’idéologie comme prétexte pour une décision « déraisonnable » qui va endommager les relations d’échange culturel entre les deux puissances. Alors que le gouvernement chinois se prépare à
répondre à son tour, ce sont finalement les étudiants étrangers, et les classes populaires, qui paieront le prix de ces tours de forces diplomatiques. Au-delà de la concurrence avec la
Chine, si Trump se tourne vers les campus et les étudiants pour repartir à l’offensive et masquer sa fragilité, ce n’est pas une décision anodine. En effet, depuis de nombreux mois, Trump
mène une croisade contre les universités américaines, foyers de contestation et de mobilisation pro-Palestine. LES UNIVERSITÉS EN PREMIÈRE LIGNE DES ATTAQUES DE WASHINGTON La suspension des
visas étudiants chinois intervient dans un moment d’offensive généralisée envers les universités américaines déjà fragilisées. En effet, en février, peu de temps après son retour au pouvoir,
Trump a initié une véritable chasse aux étudiants mobilisés pour la Palestine avec une multiplication des arrestations et de déportations, visant notamment des figures du mouvement comme
Mahmoud Khalil. En avril, pour accélérer la répression, il faisait pression sur les administrations d’universités comme Harvard pour contraindre la direction à réprimer encore plus durement
sous peine de très larges baisses de subventions, pour finalement mettre ses menaces à exécution en suspendant 2,2 milliards de subventions à Harvard. En mars dernier, l’université de
Columbia était l’une des premières à subir la suspension de ses subventions fédérales, accusée de ne pas avoir assez réprimé les étudiants mobilisés. Ce levier de pression à été utilisé pour
plusieurs universités comme Harvard ou U-Penn, et s’accompagne systématiquement d’une liste d’exigences concernant l’organisation académique et pédagogique des universités, toutes les plus
réactionnaires les unes que les autres. Cette offensive a cependant fait descendre des centaines de milliers de personnes dans la rue, allant jusqu’à faire reculer Trump, poussé à rétablir
des milliers de visas étudiants. Par ces restrictions et révocations de visas, l’offensive de Trump contre les universités passe un cap en s’étendant au delà des campus étasunien, allant
jusqu’à traquer les étudiants mobilisés pour la Palestine ou critiques de sa politique xénophobe et réactionnaire par-delà les États-Unis. Car le projet de Trump pour les universités est
clair : chasser les étrangers et instaurer un contrôle idéologique fort en purgeant tout foyer de réflexion et de contestation. Des attaques auxquelles il faut opposer une mobilisation forte
par en bas à l’image des étudiants et travailleurs qui ont fait reculer Trump sur sa première vague de révocation de visas !