A lyon, les étudiants manifestent pour des "conditions de vie décentes"

A lyon, les étudiants manifestent pour des "conditions de vie décentes"

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Un millier d’étudiants ont répondu à l’appel à manifester lancé par les organisations de jeunesse dont les syndicats Unef et Solidaires. Le gros des troupes était inscrit à l’université Lyon


3, peu coutumière des mobilisations étudiantes. La marche a débuté peu après midi de la Manufacture des tabacs et s’est achevée vers 15h, devant le rectorat, sans heurts. Récit. Actualité


Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89 Lyon, abonnez-vous. Laure Solé Publié le 21 janvier 2021  ·   Imprimé le 3 juin 2025 à 11h39  ·   4 minutes Dans la nuit du 8 au 9 janvier


dernier, un étudiant en droit de Lyon 3 s’est jeté par la fenêtre de sa résidence universitaire à Villeurbanne. Une semaine après, une autre tentative de suicide étudiante a été stoppée in


extremis. De quoi tirer la sonnette d’alarme. Ce n’est d’ailleurs pas le seul triste souvenir qu’ont rappelé les étudiants au cours de la manifestation. En effet, la marche a fait une pause


devant le siège du Crous, où Anas Kournif avait tenté de s’immoler il y a un an. DES RETROUVAILLES POUR LES ÉTUDIANTS Pour beaucoup d’amis, cette manifestation a aussi été l’occasion de se


retrouver, de passer quelques heures ensemble, « en vrai ». Des tentatives d’humour ont fusé çà et là : > “T’étais plus beau en visio” > “J’espère qu’elle est pas trop longue la manif,


 ça fait deux > mois que j’ai pas marché plus de 10 mètres” > “Tu crois que le parcours fait combien de fois la distance entre > mon lit et mon bureau ?” Sur les pancartes, les


slogans ont fait montre de beaucoup de créativité : “Votre avenir est sous Xanax”, “Génération future est donnée en pâture”, “Ouvrez les facs pas les Primark”, “Titanic en 2021 : la dérive


étudiante”. Une petite fanfare improvisée a tenté d’égayer la marche. Elle n’a cependant pas couvert les récits inquiets que les étudiants se sont confié entre eux. À LIRE ÉGALEMENT SUR


RUE89LYON LES ÉTUDIANTS DE LYON 3 MOBILISÉS Des étudiants de Lyon 1 ainsi que Lyon 2 étaient présents. Mais ce sont surtout de nombreux élèves de Lyon 3 que l’on croisait. Sarah et ses deux


amies sont étudiantes en troisième année de droit et sciences politiques à Lyon 3. Elles ne sont pas de grandes habituées des manifestations, mais là, elles étaient décidées à se faire


entendre : > “On n’en peut plus, on ne veut pas rabâcher les choses que tout > le monde sait mais la jeunesse ne va pas bien du tout. Il est > possible de retourner à la fac. Ils 


ont très bien organisé les > examens en respectant les consignes sanitaires, il faut aussi le > faire pour les cours.” Qui incriminer ? Comme beaucoup d’étudiants présents à la


manifestation, Sarah était mitigée : > “Je pense que la fac essaye de faire du mieux qu’elle peut. Ils > sont dépendants des décisions du gouvernement.” DE L’AIDE ET LE RETOUR EN


PRÉSENTIEL Dans le texte d’appel à manifester, les organisations de jeunesse ont surtout dénoncé la responsabilité du gouvernement. Sont exigé la réouverture des facs, un meilleur


accompagnement psychologique et une revalorisation des aides financières pour les étudiants. Alice est étudiante à Sciences Po Lyon et syndiquée à Solidaires. Pour elle, la crise du covid-19


a agi comme un révélateur : > “Des étudiants qui se suicident parce qu’ils n’arrivent pas > à joindre les deux bouts, parce qu’ils se sentent seuls et > méprisés, il y en avait 


déjà avant. Anas en est un exemple.” Elle ajoute : > “Mais là, le covid-19 agit comme un accélérateur de cette > violence, parce qu’il y a la précarité, il y a la solitude, il y > a


 le sentiment d’échec scolaire, parce qu’on ne comprend pas > toujours grand-chose aux cours en visio… Ça fait trop.” À LIRE ÉGALEMENT SUR RUE89LYON DEUX CORTÈGES, DEUX AMBIANCES A


l’avant de la manifestation, un cortège de tête constitué d’étudiants et d’une poignée de Gilets jaunes, scandaient des slogans hostiles à la police et au gouvernement : “Louis XVI, Louis


XVI, on l’a décapité ! Macron, Macron, on peut recommencer !” Derrière eux, deux grandes banderoles avançaient lentement, avec les drapeaux de l’Unef, Solidaires et la France insoumise en


fond. Ce groupe marquait régulièrement des pauses pour faire des olas ou pour chanter des slogans. Sur les banderoles, on pouvait lire “Génération Covid” et “Détresse, isolement, décrochage


: des moyens pour l’université, non à la précarité”. Caméras de télé et photographes ne quittaient pas les jeunes d’une semelle. Les étudiants eux-mêmes étaient étonnés par la couverture


médiatique qui leur était donnée. Etienne, étudiant en droit à Lyon 3 a constaté : > “Eh beh, y’a France Info, BFM, France 3 région, France bleu, > RTL… ça en fait du monde.” De leur


côté, les policiers encadraient la manifestation en se tenant très éloignés des manifestants. DES SOUTIENS AUX ÉTUDIANTS Quelques têtes blanches ont battu le pavé. Josette, 85 ans, est venue


manifester car c’est important pour elle de montrer sa solidarité avec les jeunes : > “C’est l’avenir ! Qu’est-ce qu’on va faire si nos futurs > artistes, avocats, ou profs arrêtent 


leurs études ? C’est un > problème qui concerne tout le monde. Et puis il n’y a rien de > plus triste qu’un pays avec une jeunesse malheureuse.” Nicole, Gilet jaune, elle est aussi


venue témoigner son soutien aux étudiants : > “Plus que jamais la précarité atteint toutes les générations. > Avec les couvre-feu, les confinements, ça empêche la > solidarité. »