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Ils n’étaient ni lents ni inoffensifs. Le _Megatherium_, star éteinte du groupe des paresseux (ou _Folivora_), pouvait atteindre six mètres de haut et peser autant qu’un éléphant d’Asie,
soit pas loin de 3,5 tonnes. Avec sa langue préhensile, il agissait comme une sorte de substitut écologique aux girafes. Ce colosse vivait en Amérique du Sud et s'est éteint il y a
environ 120.000 ans. UNE LONGUE LIGNÉE D'ANCÊTRES S’il ne reste aujourd’hui que deux genres arboricoles de paresseux vivant dans les forêts d’Amérique centrale et du Sud (_Bradypus_ et
_Choloepus_), leurs ancêtres étaient bien plus diversifiés. Plus de cent genres, occupant une grande variété d’habitats, ont prospéré durant le Cénozoïque dont tout un groupe de paresseux
géants. Une étude internationale, publiée dans la revue _Science_, retrace cette évolution. Des chercheurs ont combiné des données morphométriques portant sur plus de 400 fossiles, des
séquences d’ADN et de protéines, ainsi que des modèles évolutifs avancés pour analyser l’évolution de la taille chez 67 genres de paresseux. Première découverte majeure : la taille des
paresseux ne dépendait pas tant de leur lignée évolutive que de leur mode de vie. Les formes arboricoles restaient petites (moins de 10 à 15 kg), limitées par la résistance des branches. Les
formes terrestres, en revanche, ont atteint des tailles massives à plusieurs reprises, indépendamment les unes des autres, en réponse à la sélection naturelle. _Différentes tailles de
fémurs de paresseux fossiles. Crédit :Musée d'histoire naturelle de Floride._ Dans un communiqué, les auteurs expliquent que "_les différences de taille entre les paresseux ont été
principalement influencées par les types d’habitats dans lesquels ils vivaient et, par extension, par le changement climatique_". Ce constat s’appuie sur des données écologiques,
paléogéographiques et comportementales : les espèces terrestres vivaient dans des environnements ouverts ou variables, où la grande taille offrait des avantages comme la régulation de la
température corporelle. EXTINCTIONS MULTIPLES Cette diversité corporelle atteint son apogée au Pléistocène, avec des paresseux terrestres présents des Andes jusqu’aux forêts boréales
d’Alaska. Des couches épaisses de crottes fossiles (comme à Rampart Cave, en Arizona) témoignent de leur présence massive. Mais elle s’effondre il y a environ 15.000 ans. Cette période colle
avec l’arrivée de l’humain moderne sur le continent. Lire aussiUn paresseux géant découvert au Mexique La grande taille - qui avait longtemps protégé les paresseux - devient un handicap
face aux chasseurs-cueilleurs, estiment les auteurs de l'étude. Les formes arboricoles, plus discrètes, cachées dans les forêts humides, ont pu survivre… mais de peu. Et sauf dans les
îles des Caraïbes où différentes espèces de paresseux ont persisté jusqu’à il y a 4.500 ans. Encore une date qui coïncide avec l'arrivée des humains sur les îles...