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Depuis le début de l'année, certains antidépresseurs sont en rupture de stock dans de nombreuses pharmacies. Cela risque de pénaliser les sept millions de Français qui en prennent
régulièrement. Comment expliquer cette situation ? Suivez la couverture complète Le 20H Dans la pharmacie de Béatrice Clairaz, à Châtenay-Malabry (Essonne), il n'y a plus aucune boîte
de Quétiapine, Téralithe, ou encore Venlafaxine. Une situation qu'elle matérialise devant la caméra de TF1 par des cases de tiroirs vides. Au total, 14 médicaments psychotropes, comme
ceux-là, sont devenus très difficiles à trouver à l'hôpital comme en officine. Ils sont prescrits à des personnes souffrant de bipolarité, de schizophrénie, mais surtout de dépression.
Philippe, un des clients de Béatrice, a récupéré ce mercredi après-midi l'avant-dernière boîte de Téralithe. Il est soulagé._ "En cas de problème de dépression, il ne faut pas
arrêter les traitements. Donc, je serais très embêté et très stressé",_ dit-il dans le reportage ci-dessus. UN DÉSINTÉRÊT DES LABORATOIRES Ces problèmes d'approvisionnement, voire
de rupture de stock, fragilisent des milliers d'autres patients, parfois très gravement. _"Cette déstabilisation peut amener jusqu'à l'hospitalisation, sachant
qu'ensuite, nous pouvons mettre des semaines, voire des mois à retrouver l'équilibre antérieur à cette rupture"_, s'alarme le professeur Raphaël Gaillard, psychiatre à
l'hôpital Sainte-Anne à Paris. Les raisons de ces manques sont multiples. Il y a d'abord la hausse de la demande mondiale. Certains professionnels de santé dénoncent aussi le
désintérêt des laboratoires, car ces médicaments ne seraient pas assez rentables à produire. Enfin, la France les achète moins cher que d'autres pays. Alors, quand il s'agit de
faire un choix, nos voisins sont livrés en priorité. Pour y remédier, l'Agence du médicament a pris plusieurs mesures d'urgence : interdiction d'exporter ces psychotropes
s'ils sont produits en France, restriction dans les prescriptions et priorité donnée aux comprimés à l'unité. * Lire aussi Antibiotiques, paracétamol, corticoïdes... les
médicaments au cœur du nouveau plan de lutte contre les pénuries En outre, depuis deux semaines, l'agence autorise certains pharmaciens à préparer eux-mêmes la Sertraline, un
antidépresseur très consommé. Mais de nombreuses officines refusent, car c'est trop cher. _"Ça nous coûte environ 21 euros pour pouvoir pérenniser le modèle. L'assurance
maladie, actuellement, nous propose 15 euros pour le même flacon. On travaille dans des conditions de petite série, dans des conditions de sur-mesure, tout à la main. Et donc, ça ne peut pas
être les mêmes coûts que dans l'industrie. C'est impossible",_ assure Virginie Soulé-Nan, pharmacienne à Nantes. Ces graves problèmes d'approvisionnement ont lieu,
c'est assez ironique, l'année où la santé mentale a été décrétée grande cause nationale. ------------------------- Virginie FAUROUX | Reportage : Quentin FICHET, Delphine SITBON et
Manon MONNIER