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Alors que Donald Trump veut lancer un programme de bouclier antimissile, pour se protéger des menaces venues du ciel, la France s'est équipée de ses propres systèmes, mais dispose
également de ressources complémentaires dans le cadre de l'Otan. Surveiller, détecter, classifier, intercepter et supprimer. Cinq actions pour traiter les menaces aériennes et protéger
le territoire français des attaques venues du ciel. Survolée par plus de 12.000 appareils par jour, la France est constamment surveillée par un réseau de dizaines de radars militaires et
civils, dont les informations sont transmises à ces centres de détection et de contrôle. Leur but est d'observer l'espace aérien et de détecter tout phénomène irrégulier. Pour
multiplier les capacités de détection, des radars peuvent également être déployés sur des navires tels que des frégates de défense aériennes ou des batteries terrestres. C'est le cas
par exemple du Ground Fire 300 développé par Thales: monté sur le système sol-air moyenne portée de nouvelle génération (SAMPT/NG) franco-italien d'Eurosam qui sera livré à partir de
2027, il sera capable, selon son constructeur, de détecter des cibles jusqu'à 400 km de distance et de traiter des menaces allant du drone au missile hypersonique. Car les menaces sont
variées: ce sont des drones ou des munitions téléopérées (les "drones kamikazes"), mais aussi des aéronefs et des missiles, qu'ils soient balistiques, intercontinentaux,
hypersoniques. Vitesse et altitude déterminent le degré de menace. Si les drones volent à des vitesses de 100 à 200 km/h, en revanche, les missiles de croisière peuvent voler jusqu'à 1
000 km/h, voire plusieurs kilomètres par seconde pour les missiles balistiques. > "Le scope d'altitude à surveiller est très large, car les menaces > peuvent à la fois voler
à très basse altitude, au-dessus de la > mer, ou à plusieurs dizaines de kilomètres d'altitude, voire en > vol exo-atmosphérique", détaillait un ingénieur en chef de la >
Direction générale de l'armement lors d'un point presse du > ministère des Armées en novembre 2024. DÉTRUIRE LA MENACE Une fois la menace détectée, elle doit être identifiée et
classifiée, pour déterminer le meilleur moyen à utiliser pour la neutraliser. > "Aujourd'hui, les menaces sont de plus en plus furtives et peuvent > brouiller et leurrer les
défenses", expliquait l'ingénieur. L'inventaire français comprend des systèmes d'artillerie, des canons capables de détruire des cibles très proches comme des drones, des
systèmes à très courte portée (jusqu'à 8 km), le Mistral fabriqué par MBDA pour des cibles qui vont du drone au missile subsonique, ainsi que des systèmes de courte portée VL MICA NG
et des missiles Aster 15 pour des cibles jusqu'à 30 km. Pour intercepter – et détruire – des missiles de croisière ou des missiles balistiques, la France peut compter sur les missiles
Aster 30 de MBDA, qui peuvent être tirés depuis le sol (système SAMP/T) ou depuis la mer (frégate multimissions). Une version modernisée, l'Aster 30 B1NT, a été testée avec succès en
octobre 2024 et devrait équiper l'armée de l'air et de l'espace ainsi que la marine nationale à partir de 2026. Selon le ministère des Armes, il sera capable de "frapper
une cible à 25 000 kilomètres d'altitude (…) et interceptera des missiles balistiques de moyenne portée ou des missiles hypersoniques, qui se déplacent à de vitesses dépassant cinq fois
la vitesse du son". LE BOUCLIER DE L'OTAN Pour compléter ces capacités, la France peut également compter sur des moyens déployés dans le cadre de la défense antimissile balistique
(BMD) de l'Otan. L'Allemagne accueille le centre de commandement de la BMD et le bouclier antimissile s'appuie sur des capacités américaines basées sur des sites situés en
Pologne et en Roumanie pour le système naval Aegis Ashore, tandis que l'Espagne héberge des destroyers américains et qu'un radar de détection longue portée est basé en Turquie. UN
PROJET DE BOUCLIER EUROPÉEN La guerre en Ukraine, et plus récemment les annonces trumpiennes de désengagement militaire en Europe, incitent les pays du Vieux continent "à réinvestir
dans leur défense sol-air et antimissile", indique une note de l'Institut français des relations internationales (IFRI) datée de janvier 2025. Lancée en 2022 par l'Allemagne,
l'initiative industrielle européenne Sky Shield (ESSI – European sky shield initiative) regroupe aujourd'hui 20 pays européens – mais pas la France. ESSI vise à combler les lacunes
capacitaires en prenant pour modèle l'Iron dome israélien – mais en s'équipant principalement de matériels non-produits en Europe (Patriot américain et Arrow 3
américano-israélien), ce qui a mené à des tensions avec la France. Est-ce le signe d'une détente franco-allemande? En juillet 2024, le ministre des Armées Sébastien Lecornu signait une
lettre d'intention avec ses homologues allemand, polonais et italien pour développer des capacités de frappe sol-sol à plus de 1 000 kilomètres. Une capacité dont ne dispose pas la
France en propre. La Suède, les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont depuis rejoint ELSA (European long-range strike approach), qui serait "complémentaire de Sky Shield", selon
l'IFRI. Helen Chachaty