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"Pangolin", "virus mortel", "manipulations dans un laboratoire chinois"... Voilà des mots-clés qui provoquent une certaine angoisse et nous ramènent directement
à la fameuse année 2020, où le SARS-CoV-2 avait confiné le monde et provoqué des centaines de milliers de morts. En fin de semaine dernière, la presse s'est en effet emballée autour
d'une étude pré-publiée par des scientifiques de l’Université de technologie chimique de Pékin. Une "recherche très préoccupante" a titré_ __Le Figaro_, autour d'un
"virus mutant 100% mortel", selon le DailyMail. Voici ce qu'il en est vraiment. QU'EST-CE QUE LE GX_P2V ? Le GX_P2V est un virus COUSIN DU SARS-COV-2, découvert en 2017
sur des pangolins. Des chercheurs chinois ont voulu TESTER SES EFFETS POTENTIELS SUR LES HUMAINS. Pour cela, ils ont d'un côté ISOLÉ ET PURIFIÉ LE VIRUS en laboratoire, mais aussi
MODIFIÉ GÉNÉTIQUEMENT QUATRE SOURIS pour les "humaniser" et ainsi avoir un meilleur aperçu de ce que ce virus provoquerait chez nous. Après leur avoir inoculé le virus, TOUTES SONT
MORTES : d'où le TAUX DE MORTALITÉ DE 100% et l'avertissement des scientifiques sur le "risque" de propagation chez l'humain. DES "MANIPULATIONS" EN
RÉALITÉ TOUT À FAIT CLASSIQUES Certains articles se sont donc interrogés : les manipulations des scientifiques auraient-elles permis d'infecter davantage les cellules humaines des
souris transgéniques ? Les chercheurs, dans leur laboratoire, auraient-ils en quelque sorte AGGRAVÉ LE POTENTIEL PATHOGÈNE de ce coronavirus ? Rien n'est moins sûr. Selon Florence
Débarre directrice de recherche en biologie de l’évolution au CNRS et spécialiste de l'apparition du Sars-CoV-2 interrogée par_ l'Express_, les auteurs de l'étude chinoise ont
simplement RÉALISÉ UNE ÉTAPE NÉCESSAIRE ET CLASSIQUE d'étude du virus GX_P2V, le rendant plus pur et forcément UN PEU DIFFÉRENT de celui que l'on trouve dans la nature chez le
pangolin. _"Certes, il a été modifié au cours de son passage en laboratoire mais il ne l'a pas été dans le but de le rendre plus virulent. Au contraire, il a perdu 104 éléments !
Les auteurs écrivent d’ailleurs qu’il a été _'atténué'_",_ explique la chercheuse. DES RECHERCHES SIMILAIRES DANS LE MONDE Selon elle, pas de quoi dire que ce dernier virus
est "PLUS LÉTAL" que le Covid-19 : lorsque des souris humanisées ont été infectées par le SARS-CoV-2 par des chercheurs japonais, TOUTES SONT MORTES ÉGALEMENT. Dans_ __Libération_,
le virologue Simon Wain-Hobson s'interroge sur les inquiétudes suscitées par ces recherches : _"Je suis étonné que tout le monde s'intéresse à cette histoire, c'est une
étude qui devrait rester dans le milieu de la virologie."_ D'autant que plusieurs recherches similaires ont été menées, en Chine, mais aussi ailleurs. En février 2023, l’équipe du
laboratoire de virologie de Wuhan a publié des travaux sur ce même coronavirus. Le taux de létalité était moins importants, mais les souris n'avaient pas été modifiées de la même
manière. Ce qui fait dire à Florence Debarre que _"CE RÉSULTAT EST PLUS DÛ AUX SOURIS UTILISÉES DAVANTAGE QU'AU VIRUS LUI-MÊME"_. Des ÉQUIPES AMÉRICAINES ET FRANÇAISES
travaillent aussi sur des virus de pangolins saisis en Chine en 2017 et 2019 (GX/2017 et GD/2019). DES QUESTIONS DE SÉCURITÉ SE POSENT Cependant, il est vrai que LE NIVEAU DE BIOSÉCURITÉ DU
LABORATOIRE CHINOIS N'A PAS ÉTÉ PRÉCISÉ, ce qui peut amener des craintes dans un contexte post-pandémie. De ce fait, pour certains scientifiques, LE RISQUE QU'IL PUISSE
S'ÉCHAPPER EST "CRÉDIBLE". Des spécialistes dénoncent régulièrement le MANQUE DE CONTRÔLES ET DE RÉFLEXION autour de cette question :_ "des virus dangereux ont déjà été
manipulés dans des conditions de sécurité insuffisantes"_, estime le microbiologiste Patrick Berche à_ Libé_. Car ce type d'expérience OFFRE LA POSSIBILITÉ À CE VIRUS DE FAIRE
ÉVOLUER SON POTENTIEL PANDÉMIQUE, s'il n'est pas correctement contrôlé. Rappelons que pour le moment, la véritable origine de l'épidémie de 2020 n'a pas vraiment été
découverte. Si la piste de la transmission via des chauves-souris est privilégiée par l'Institut Pasteur, la question de savoir comment ces animaux qui vivent dans le sud de la Chine,
au Laos et au Vietnam sont arrivés à Wuhan, berceau du drame. ÇA PEUT AUSSI VOUS INTÉRESSER : ⋙ De nouveaux coronavirus découverts chez des chauves-souris au Royaume-Uni ! ⋙ Le coronavirus
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