Il y a 140 ans naissait le "géant aveyronnais", "l’homme le plus grand de france"

Il y a 140 ans naissait le "géant aveyronnais", "l’homme le plus grand de france"

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l'essentiel Né en 1883 sur la commune de Mounes-Prohencoux, Henri Cot mesurera 2, 36 m à l’âge adulte et gagnera sa vie en se produisant comme « géant » dans des spectacles. C’est une


histoire d’une autre époque… Celle-ci débute à 6 heures du matin le 30 janvier 1883. Là naît Henri Cot au hameau du Cros sur la commune de Mounes-Prohencoux ; une petite commune rurale du


sud de l’Aveyron. On la rejoint en grimpant depuis Camarès jusqu’au col du Pas du Loup à 700 m d’altitude avant de redescendre vers la petite vallée de Mounes ou l’on prend la route depuis


Belmont-sur-Rance afin de s’enfoncer dans les gorges du Rance. C’est un lieu magnifique mais qui a pour particularité d’être isolé. Henri Cot grandit dans ce lieu verdoyant dans une famille


paysanne très modeste. Il est le dernier de six enfants. Pour autant, le jeune garçon n’est pas comme les autres. Il pèse 8 kg à sa naissance. Son développement est tout aussi spectaculaire.


Ainsi, à l’âge de 8 ans, il mesure 1,50 m ; à 12 ans 1,70 m ; à 16 ans 1,95 m ; à 20 ans 2,28 m. Henri vit proche des siens, imagine son futur ainsi et veut devenir cordonnier. Il a


d’ailleurs commencé sa formation dans ce métier. Dans la commune, on a pris l’habitude de sa grande taille. Pour comparaison, la taille moyenne des hommes en France en 1900 est de 1,66 m.


Bien des années plus tard, on saura qu’Henri Cot souffrait d’acromégalie qui est une sécrétion excessive de l’hormone de croissance. Mais à cette époque on est loin de ces explications et de


ces connaissances médicales… QUAND LA VIE D’HENRI COT BASCULE La vie d’Henri Cot bascule le jour où ce dernier est convoqué à Saint-Affrique au conseil de révision. La toise pour le mesurer


est trop petite. On parvient néanmoins à lui donner une taille de 2,30 m. Il pèse 160 kg, chausse du 60. Il est réformé pour des problèmes respiratoires. Pour autant, son physique fait


sensation. Débute alors un vif intérêt médiatique sur sa personne. On le voit ainsi dans une édition du « Petit journal » photographié à la une de ce média alors que pose un autre homme à


ses côtés M. Esmilaire natif de Meurthe-et-Moselle et qui lui ne mesure que 0,69 m. La légende sous cette photo évoque : « Maximus et Minimus », le plus grand et le plus petit conscrit de


France. La taille d’Henri Cot ne passa pas inaperçue et un imprésario du cirque Barnum repère la bonne affaire, se rend au hameau de Cros à Mounes-Prohencoux, propose la somme de 5 000


francs à la famille Cot et emporte Henri vers une nouvelle vie loin de la cordonnerie… EXHIBÉ EN SPECTACLE Henri Cot devient alors un « géant » ou « l’homme le plus grand de France ». On est


au début des années 1900 ; un temps où la différence physique interpelle fortement les gens qui viennent se confronter à la taille d’Henri, de ses mains, de ses pieds… Il est dans les


journaux, sur les scènes. Il est affublé d’un chapeau de 36 cm pour se grandir encore peu plus. Il atteint alors la taille de 2, 63 m. On paie pour le voir. On paie encore plus cher pour


être photographié à ses côtés. C’est normal pour l’époque. Est-ce qu’Henri Cot s’en offusque ? Pas le moins du monde. On peut en être certain en lisant des lettres écrites de sa main. Il


raconte, « qu’il faut faire obligatoirement de la réclame pour attirer le public sinon les gens ne viennent pas me voir ». Par contre, il précise que lorsque la publicité a bien fonctionné,


les spectateurs sont nombreux et il gagne beaucoup d’argent notamment en vendant des petites cartes où il est représenté. Henri Cot débutera sa vie de « géant » en Aveyron à Millau, Rodez,


puis Toulouse et ensuite les autres grandes villes de France avant d’aller se produire en Allemagne, en Angleterre, en Europe de l’Est, en Algérie, aux USA. Durant ses tournées, il croise


des célébrités comme le roi d’Angleterre ou d’autres êtres humains différents comme notamment des gens de petites tailles ou des Indiens d’Amérique du Nord. « Ils portaient des plumes et ils


ont juste voulu me serrer la main », écrira Henri Cot. UNE FIN ÉTRANGE Beaucoup de femmes voudront se marier avec Henri qui lui avait pour première demande que son épouse le suive dans


chacune de ses tournées. L’une d’elles accepte mais se rétracte car elle a peur de prendre le bateau pour aller aux USA car vient de sombrer le Titanic… On dit aussi qu’Henri Cot aurait


demandé la main d’une géante finlandaise, Rosa Wedsted (2,25 m) mais que cette dernière serait morte en 1906. Certains auront l’idée qu’Henri se marie avec une « géante » pour faire naître


des enfants géants… Finalement, l’histoire d’Henri Cot s’achève le 11 septembre 1912 à Lyon. Henri Cot est fatigué par ses nombreux voyages. L’histoire donne deux versions de son décès. La


première est qu’il serait mort poignardé dans un cabaret. L’autre est celle d’une mort par embolie. Quoi qu’il en soit, Henri Cot est enterré à Mounes-Prohencoux. Certains ont raconté que


son corps, vendu par un imprésario, serait resté à Lyon pour être étudié par des médecins et qu’en fait le cercueil n’aurait été rempli que de pierres. Impossible à vérifier ; aujourd’hui la


tombe d’Henri Cot n’existe plus dans la commune de Mounes-Prohencoux où un petit musée raconte son étrange parcours. UN MUSÉE DÉDIÉ AU « GÉANT » Dans la mairie de la commune de


Mounes-Prohencoux (située à Mounes), il est possible de visiter gratuitement, et uniquement le matin, le musée consacré à Henri Cot. « Je ne suis pas natif de la commune. Lorsque j’ai


entendu parler de cette histoire, j’ai voulu en savoir plus. J’ai alors eu la chance de rencontrer un petit-neveu d’Henri Cot qui n’a pas eu de descendance. Ce petit-neveu avait gardé tous


les documents ayant trait à son ancêtre (lettres, journaux, chaussures). J’ai eu l’idée de les réunir dans ce petit musée », explique le maire de Mounes-Prohencoux, Michel Leblond. Et le


moins que l’on puisse dire est que ce musée est bien fait. Il présente la vie d’Henri Cot de façon simple tout en percutant le visiteur. En effet, comment ne pas ressortir de cette visite en


n’étant pas bousculé par le sort réservé, il y a une centaine d’années, à toutes ces personnes aux physiques différents ? Indirectement, ce musée pose aussi ce problème au-delà de la


chronologie avec laquelle l’existence d’Henri Cot est parfaitement contée. On pense alors au film de David Lynch sur, « l’homme éléphant » qui a vraiment existé et qui était un Anglais du


nom de Joseph Carey Merrick mort en 1890. Ces personnes considérées comme « phénomènes de foire » . C’est pourquoi cette exposition permanente à Mounes-Prohencoux est à voir d’autant plus


que l’on peut y ajouter la visite de cette belle région de l’Aveyron qui a autant de charme en été qu’en hiver.