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l'essentiel L’allocution du Premier ministre a été précédée, vendredi, d’une longue devant la préfecture d’Agen. Les agriculteurs en ont profité pour déverser comme jamais des bennes de
déchets. Les annonces du Premier ministre Gabriel Attal se faisant attendre, trop attendre, José Pérez, le coprésident de la Coordination rurale de Lot-et-Garonne (CR 47), prend le micro et
crie : « Les premiers tracteurs vont continuer à vider car ils se foutent de notre gueule. Et après si nous n’avons aucune réponse, nous foutons le feu à tout ». Il est 17 h 30 ce vendredi
à Agen. 500 agriculteurs dont la majorité est encartée à la CR 47 sont postés place Armand-Fallière. La foule est nourrie par une poignée de paysans du Lot (« parce que ça bouge à Agen ») et
quelques jeunes lycéens et badauds. Depuis 14 h 30, sous les yeux des CRS, les paysans continuent de mettre la pression. Ils déversent de tout devant les grilles de la préfecture : des
pneus, des déchets et 17 000 l de litres de lisier. Jamais, les tracteurs n’ont autant benné ici. Il y en a 92 qui sont chargés à bloc ! José Perez le répète : « On n’acceptera pas des
mesures de pacotille ». Avec le bruit incessant de sonneries de klaxons et d’explosions régulières de canons effaroucheurs, la scène est bouillante et, paradoxalement, tout le monde est
extrêmement calme. Le ballet puant se prolonge donc jusqu’à 17 h 30, jusqu’à la gueulante magistrale de José Perez. Soudainement, de manière tout à faire inattendu, l’ordre est donné de tout
stopper. Le Premier ministre parle. À LIRE AUSSI : REPLAY. Colère des agriculteurs : "Un siège de la capitale"... FNSEA et Jeunes agriculteurs du bassin parisien bloqueront Paris
à partir de lundi « IL NOUS A MIS UN PEU DE POMMADE » Au centre du cercle formé par leurs camarades et les journalistes, José Perez et Karine Duc écoutent attentivement les déclarations de
Gabriel Attal. Elle est impassible. Lui, ne peut s’empêcher de lâcher tout doucement : « blablabla ». Attal déroule. Ses phrases se succèdent. « En agriculture comme un amour, il faut des
preuves d’amour ». Il promet « un effort inédit », « un mois de la simplification ». Il entre ensuite dans le détail. Le président Serge Bousquet-Cassagne rejoint alors le duo Pérez-Duc. Le
mot « temporiser » s’échappe de leur concertation. Le discours de Gabriel Attal prend fin. Grand silence sur la place Armand Fallières. Karine Duc prend la parole. « Il nous a mis un peu de
pommade. Il nous a dit ce que nous voulions entendre. Il y a plein d’interrogations. Il y a plein de choses que je veux me faire confirmer par le préfet. On fait en sorte de se faire
recevoir par lui ». Avant de rejoindre la préfecture, elle lance : « Vous n’allez quand même pas revenir dans vos fermes. Vous pouvez continuer de vider. Par contre, je ne veux pas
d’accident entre un tracteur et un gosse. Nous ne sommes pas là pour ça. Nous ne sommes pas des bandits ». À LIRE AUSSI : REPORTAGE. Colère des agriculteurs : Gabriel Attal-Jérôme Bayle,
match au sommet dans la cour de la ferme « NOUS AVONS DEMANDÉ DU CASH. ET DU CASH, NOUS N’EN AVONS PAS.» Une heure et demie plus tard, à la nuit tombée, José Pérez, coprésident de la CR 47,
fait le point avec les siens sur son rendez-vous avec le représentant de l’Etat. « Le point positif est tout ce qui est simplification administrative. Le préfet va avoir la main sur pas mal
de choses comme l’OFB (Office français de la biodiversité). Il va gérer la police de l’environnement. ll y aura des simplifications sur la création de lac. Les curages de fossé seront plus
simples également. Par contre il y a un gros souci : Nous avons demandé du cash. Et du cash, nous n’en avons pas. Aujourd’hui la seule chose proposée est 5 centimes au litre de trésorerie
pour le GNR. C’est très peu ». Des propos accueillis par des sifflets. « On a demandé, poursuit José Pérez, que d’ici demain (aujourd'hui samedi) il nous donne une réponse pour les
reports d’emprunt et la détaxation des produits phytosanitaires. Tant que nous n’aurons pas ça, on ne partira pas. On a besoin de trésorerie, pour rentrer les premiers produits pour la
semence. » La colère des paysans n'est pas terminée en Lot-et-Garonne.